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Les opinions du Petit Reporter : fatalité de crise

Par Jérôme Bois • Publié le 02/03/20

Eté 1998, la France célèbre ses champions, il fait chaud, les salles obscures ne font pas recette… Any given summer*, non ? Un film, néanmoins, a frappé notre imaginaire, cet été-là, et a bousculé nos petites certitudes terrestres. « Armaggedon » , puisque c’est de lui dont il s’agit, nous rappelait à quel point l’humanité n’était que peu de chose face à l’imminence d’une inéluctable fatalité symbolisée, dans ce blockbuster boursouflé typiquement hollywoodien, par un astéroïde grand comme le Texas (je cite). Alors que la menace n’est pas encore rendue publique, le directeur de la Nasa expliquait, dans le film, vouloir empêcher les fuites afin de ne pas soulever d’hystérie au sein des masses.
Plus de vingt ans après, l’explosion des sources d’information rend l’information aussi évidente que l’air que l’on respire. Essayez, vous n’y échapperez pas. Un bon slogan, d’ailleurs, pour un virus encore inconnu il y a trois mois, qui suscite, depuis quelques jours en France, une psychose qu’on n’aurait cru voir que dans un film catastrophe made in USA (et ils sont nombreux). Le coronavirus est là et comme le disait Desproges, il est à nos portes, « prêt à égorger nos filles et nos compagnes ». Le décompte est insoutenable, chaque heure revient à marteler au quidam transi d’inquiétude le nouveau chiffre du nombre de contaminés. A La Balme de Sillingy, proche de nous (méfiez-vous !), les reporters tout-terrain ont siégé, jour et nuit, pour rendre compte de la situation, insoutenable, irrespirable, sur place. De quatre, nous voici à neuf cas, puis bientôt à treize… Tout le principe d’une épidémie qui est, selon le Larousse, « le développement et propagation rapide d’une maladie contagieuse, le plus souvent d’origine infectieuse, dans une population ». Vous le savez, nous le savons (et pas seulement de Marseille, hein, Pierre ?), le virus va continuer son bonhomme de chemin. 
Mais nous sommes en France, le pays où la neige paralyse, où la pluie freine, où la canicule vient nous rappeler l’importance de boire de l’eau, chose que l’on aurait tendance à oublier en temps normal. Ici, il est d’usage de réveiller en nous les préceptes seulement connus des anciens, à savoir se moucher dans des mouchoirs à usage unique, se laver les mains, éviter d’éternuer à la face du monde… Des évidences que nous autres, pauvres pêcheurs, faisons, d’ordinaire, mine d’ignorer. Heureusement, médias et gouvernement sont là pour nous prendre par la main, comme de véritables poussins heureux…
Qui, par contre, pour nous suggérer qu’un virus, quel qu’il soit, nécessite de telles précautions ? Qui pour nous préciser que ce coronavirus, tout pathogène qu’il soit, n’est -pour l’heure – pas à la hauteur de ses glorieux prédécesseurs, à savoir la grippe espagnole (50 millions de morts), la grippe tout court, ebola, etc ? Que son caractère infectieux n’est même pas au niveau d’une bonne gastro ? Qui pour dire aux masses, aux médias, aux élus qu’instrumentaliser la panique conduit à l’hystérie et que l’hystérie mène invariablement au chaos ? En est-on réellement là, aux portes du chaos ? 
Avec 89 197 cas confirmés de COVID-19 en Chine, (chiffres arrêtés au 2 mars) et 130 cas en France (avec 2 décès), il est surtout temps de relativiser, d’adopter les gestes simples, que nous connaissons depuis la nuit des temps, et de ne pas s’interdire de vivre…
Quant à l’hystérie, il vous appartient de la propager ou non, sur tous les canaux connus. Ou de vous comporter en adultes responsables. Et propres. 
Tout simplement. Parce que l’hystérie se propage plus sûrement que le plus virulent et vicelard de tous les virus du monde.

un été comme un autre, littéralement.


J.B.

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