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Municipales 2020 : « Chambé poing levé », la liste chambérienne du Nouveau parti anti-capitaliste et d’Alternative Autogestion

Par Laura Campisano • Publié le 11/03/20

Avec ses trois campagnes électorales passées, Laurent Ripart connaît très bien la vie politique chambérienne, pour y avoir pris part d’ailleurs, entre 2008 et 2014, sur les bancs de l’opposition face à la majorité municipale de Bernadette Laclais. Pour ce scrutin, celui qui se qualifie de « vieux militant » n’a pas hésité à repartir dans la course aux municipales avec 45 colistiers, afin de faire « entendre la voix des luttes ». 

C’est donc le « poing levé » que la liste du NPA et d’Alternative Autogestion s’est lancée dans la campagne. Une liste qui n’a pas été simple à monter mais qui finalement a pu être déposée en préfecture dans les délais impartis. Des points communs avec d’autres listes? Oui, il y en a, principalement avec Chambéry sociale et écologiste et Lutte ouvrière, mais aucune « fusion » n’a finalement été possible, bien que les programmes se rejoignent sur de nombreux points, notamment les volets transport et politique sociale. 
Pour autant, une chose est sûre pour les colistiers de Chambé Poing levé : conscients des scores que leur liste pourra réaliser (autour de 7 % en 2014 et de 5% en 2008), il sera « hors de question de rejoindre au second tour la liste de Repentin, socialiste teintée de macronisme ou celle de Dantin, » match auquel ils sont convaincus d’assister au soir du second tour. « Qu’on le veuille ou non, c’est ce duel qui se profile, » assure Laurent Ripart. 

« Ce n’est jamais sur les élections que les choses vont changer »

Ce n’est pas une liste d’opportunité : nous avons pu entendre la voix de Laurent Ripart ces derniers mois, voir les interventions du NPA dans certaines manifestations y compris lors de conseils municipaux de la dernière mandature. Quand ce professeur d’université dit occuper le terrain, il le fait concrètement, aux côtés d’autres candidats par ailleurs, issus du monde associatif ou militants, présents sur d’autres listes ou simples sympathisants. « Nous sommes une liste de militants à la base, il y a également des militants syndicalistes et d’autres d’Alternative Autogestion. Nous sommes partis très tard dans cette élection, mais nous ne faisons pas que cela dans la vie », explique-t-il, « nous ne ferons pas 50% des voix, nous n’allons pas mentir aux gens en leur disant » votez pour nous, nous serons élus « ce n’est jamais sur une élection que les choses vont changer et c’est conscients de ces réalités que nous essayons de composer les choses. » Toujours est-il que l’idée principale, partagée par la totalité de ses colistiers est la même : « comment changer les choses ? Cette question démocratique ne peut avoir comme réponse une ville gérée de haut en bas, mais par la population. » C’est pourquoi « Chambé poing levé » souhaite mettre en place des référendums d’initiative collective (RIC) des conseils décisionnaires d’habitants dotés d’un budget affecté.
Car Laurent Ripart en est sûr, « baisser le nombre de caméras de vidéosurveillance, désarmer la police municipale et en baisser les effectifs permettrait de redéployer ces financements notamment à mettre en place davantage de transports, qui correspondent aux besoins des habitants en matière de circulation, et bien entendu les rendre gratuits, ce qui doit être une priorité budgétaire. » En tout état de cause, « l’argent doit servir à la population. » Exit donc, pour le candidat, ce qu’il appelle le « budget événementiel » de la ville « Chambéry n’est pas en concurrence avec d’autres villes pour que l’on mette autant d’argent dans des soirées, ou des salons, comme celui sur la montagne où un plancher a été acheminé à Chambéry spécialement depuis Albertville, » s’indigne-t-il.

« Le gros problème des élections? C’est que les politiciens mentent aux gens, et ils sont dégoûtés de tout. »

Le programme de « Chambé poing levé » ? Au-delà de la question des transports, le volet social, avec la création d’emplois permettant le maintien et le développement des services publics de proximité, et ce sous le contrôle de la population, la réquisition des logements vides pour répondre à l’urgence du logement, ainsi que la réhabilitation des logements sociaux. Opposés à l’implantation du parking Ravet, les colistiers souhaitent faire cesser « tout grand projet inutile, parking Ravet, Lyon-Turin ferroviaire » comme indiqué dans leur profession de foi.  Egalement présent dans leurs ambitions électorales, le droit de vote aux résidents étrangers, tout comme la libre circulation et l’installation des migrants, point que partage également Marie Ducruet, tête de liste Lutte Ouvrière, par ailleurs, ainsi que les luttes contre les discriminations, en ce compris d’apporter une réponse aux revendications des personnes handicapées. 
Autant de mesures qui manquent aujourd’hui à Chambéry et pour lesquelles Laurent Ripart estime devoir poursuivre la lutte, alors que « le gros problème des élections? C’est que les politiciens mentent aux gens et ils sont dégoûtés de tout », regrette-t-il, « il n’y a pour moi aucun point de divergence entre Dantin et Repentin, que vont-ils faire de très différent ? Le report des voix de Christian Saint-André au second tour se fera sur la liste de Repentin, tout le monde le voit. Il faut se rappeler des années précédentes, des élections précédentes, Repentin qui parle d’écologie, quand en tant que président du tunnel du Fréjus il est en train de doubler le tunnel, c’est contradictoire. Personnellement au second tour, s’il n’y a qu’eux et qu’aucune troisième liste ne se maintient, nous ne voterons ni pour les uns ni pour les autres. Nous nous sommes opposés durant tout le mandat à Dantin, et pour nous, voter Repentin c’est voter Macron, et c’est impossible vu que nous sommes dehors toutes les semaines depuis des mois contre la réforme des retraites ! Il y a visiblement un accord qui a été passé, » renchérit-il, « entre Patrick Mignola et Thierry Repentin, pour gagner la ville d’un côté et garder une place de député de l’autre. Pour nous, c’est une arnaque et nous craignons que l’électorat de gauche se fasse à nouveau avoir. En tous les cas, nous souhaitons constituer l’opposition du prochain mandat, avec un vrai discours de gauche, » a conclu le candidat. 
Les intéressés apprécieront, toujours est-il que « la voix des luttes » se fait entendre au travers de cette liste, et ce même si Laurent Ripart aurait aimé la conduire en commun avec d’autres candidats. Sans doute que pour éviter un dispersement de voix, cela aurait pu être opportun, les urnes le diront dans quelques jours maintenant. 

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