C’est fait, le premier tour a livré son verdict, il n’est pas dénué d’enseignements, même si pour certains, ils seront à reconsidérer dans la mesure où le second tour reste à ce jour hypothétique. En attendant, les maires sortants ont profité d’un contexte anxiogène et d’une abstention phénoménale pour l’emporter. Du côté des partis, la République En Marche a sombré dans les grandes largeurs.
Une petite anecdote pour commencer, donnant le ton d’une élection foutraque dans tous les sens du terme. D’un colistier évoquant son impatience à voir la campagne se terminer : « Heureusement, dimanche, tout ce tintouin sera fini, il y en a marre de sourire et d’être gentil avec les gens ». C’est dire à quel point même parmi de potentiels élus, la vérité semblait ailleurs, parfois tout de même aux portes de l’outrance.
Indécente abstention, dramatique contexte
Seulement, voilà, dimanche 22 mars, nous n’imaginons pas une seule seconde que le second tour puisse se tenir, il faudra se satisfaire, pour les analyses, de la seule soirée du 15, heureusement très volubile. L’ancien monde a fait plus que résister et il est frappant de voir à quel point les maires sortants ont souvent eu le vent en poupe. Mais le premier enseignement de ce premier tour, c’est bien sûr l’abstention, record, atteignant parfois 70% comme à Grésy-sur-Aix. Nombreux auront été les candidats à pointer du doigt l’irresponsabilité d’un gouvernement gêné aux entournures par un virus récalcitrant. Un premier tour réalisé dans « des conditions inacceptables, avec un taux de participation catastrophique », selon Dominique Dord, un premier tour « qui n’aurait jamais dû avoir lieu. » « Ce scrutin municipal aura été marqué par l’irresponsabilité du gouvernement, qui annonce samedi soir qu’il ferme l’ensemble des lieux publics… mais qu’il maintient dans le même temps les élections » , dénonçait pour sa part Laurent Ripart, tête de liste de « Chambé poing levé », laminée dimanche soir (1,98%). Ainsi, rapportés aux nombre d’inscrits, les scores peuvent sembler moins flatteurs qu’il n’y paraît : à Chambéry, Michel Dantin, en tête avec 37,38% des voix n’a rallié que 4 619 votants à sa cause, soit 14,26% des inscrits. A La Ravoire, Alexandre Gennaro, là aussi en très bonne position, n’a convaincu que 15,71% des inscrits malgré ses 38,27%. C’est peu dire que rassembler aura été la grande gageure de ce scrutin, pour un cuisant échec au final. Dans les communes à une liste, les choses étant écrites par nature, l’abstention a parfois atteint des sommets : 69,91% à Grésy-sur-Aix, 66,62% à Voglans…
La prime aux sortants
C’est peut-être ce contexte très particulier qui a permis à de nombreux maires de se voir remettre, de nouveau, les clés de la boutique, l’une des vraies tendances de ce premier tour. Ainsi, Renaud Beretti, largement vainqueur, à Aix-les-Bains, reléguant ainsi ses trois adversaires 20 à 30 points derrière, a conforté l’impression qu’il promenait depuis le début, une assurance à toute épreuve, ce qu’un observateur nous confirma il y a peu : « Il est persuadé de gagner, à tel point qu’il n’envisage même pas de débat dans l’entre-deux tours ». Avec 54, 68%, le maire aixois n’a pas faibli dans la dernière ligne droite. Autour de lui et du lac du Bourget, nombreux ont été les sortants primés. Citons Jean-Claude Loiseau, à Tresserve, pour un sixième mandat, Jean-Claude Croze, à Brison-Saint-Innocent, sur un score sans appel (74,04%), Yves Mercier, à Voglans, Nicolas Jacquier, à Drumettaz-Clarafond ou Robert Aguettaz au Viviers-du-Lac. Sur Grand Chambéry, outre Luc Berthoud, à La Motte-Servolex, Josette Rémy, à Challes-les-Eaux et Daniel Rochaix à Sonnaz, seuls au monde, Brigitte Bochaton-Paturel, à Jacob-Bellecombette, Michel Dyen à Saint-Alban-Leysse, ont confirmé. A Ugine et à Albertville, Franck Lombard (77,53%) et Frédéric Burnier-Framboret (53,32%) n’ont pas fait de détails.
La dissidence ne paie pas
Il n’a pas fait bon jouer les électrons libres dans certaines communes. Les élus ayant fait acte de rébellion devant leurs propres maires, n’ont pas fait d’étincelles, exception faite d’Alexandre Gennaro, en tête avec suffisamment d’avance pour voir venir (38,27%), devant Frédéric Bret, maire, nanti de 31,63%. Couvé par Patrick Mignola, le candidat ravoirien s’en est le mieux sorti. Car au Bourget-du-Lac, Franck Guissant, pourtant candidat d’une majorité en froid avec Marie-Pierre François (29,66%) depuis plus d’un an, n’a récolté que 22,99% des suffrages. Le second tour, s’il existe, mettra le maire, son ancien adjoint et Nicolas Mercat (largement en tête, 47,33%) aux prises lors d’une triangulaire qui, à l’instar de Barberaz, devrait charrier son lot de tractations. David Dubonnet, maire barberazien, aura bien besoin d’un coup de pouce pour se défaire de son encombrant adversaire, Arthur Boix-Neveu, 25 ans, en tête d’un cheveu (35,26% et 35,14%). Nathalie Laumonnier, partie en opposition face à son maire, n’aura, elle, récolté que 29,58% des voix. Un accord entre elle et le benjamin de ce scrutin savoyard n’est pas à exclure. A La Ravoire, Ecoexistons à La Ravoire (3e avec 30,08%) a déjà fait savoir qu’aucune alliance de second tour ne sera conclue. Frédéric Bret nous l’a également confirmé, dimanche soir.
Où il reste du suspense
Enfin, parmi les surprises, notons la débâcle subie par les poulains soutenus ou investis par la République En Marche. Pierre-Marie Charvoz, ancien maire de Saint-Jean-de-Maurienne, a vu Philippe Rollet rafler la mise avec 56,45% des voix. A Aix-les-Bains, Marina Ferrari, deuxième, s’en est tirée avec 4 sièges et 22,88%. Plus dramatiques ont été les scores réalisés par Esman Ergul, référent savoyard de LREM, à Albertville (6,44%), un score comparable à celui réalisé par Christian Saint-André à Chambéry (6,05%). Un véritable affront pour le parti majoritaire.
Si le deuxième tour se tient, La Ravoire, Barberaz, le Bourget-du-Lac et bien sûr, Chambéry, en seront les épicentres. Sur la cité des ducs, Michel Dantin (37,38%) aura seulement deux adversaires, face à lui, Thierry Repentin (22,63%) et Aurélie Le Meur (22,46%). Si un accord se conclut entre ses poursuivants directs, le maire sortant pourrait chanceler. De là à le déboulonner ? A suivre, nécessairement. Et puis si tout cela prend fin dès cette semaine, après vote des parlementaires, on repartira, sur ces dernières communes, pour un nouveau tour de piste, les compteurs remis à zéro. Chiche ?
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