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Chambéry : comment l’APEI a su s’adapter à la crise sanitaire

Par Jérôme Bois • Publié le 22/04/20

L’association des parents, des personnes handicapées mentales et de leurs amis de Chambéry (APEI) est à l’aube de fêter ses soixante ans. Créée en 1960, elle s’est réellement matérialisée avec la création de l’institut médico-éducatif (IME) deux ans plus tard. Depuis, elle a poussé et s’est adaptée aux nouvelles problématiques mentales. Nul doute que ces temps confinés sont peu propices à la célébration. Toujours est-il que l’établissement a su anticiper la crise sanitaire pour assurer un service constant à ses résidents, tout en douceur. 

@Stéphanie Billard

Il faut reconnaître que 60 ans est un bel âge pour un établissement. Surtout pour une telle association partie de pas grand chose, en 1960, lorsque des parents d’enfants dits inadaptés se sont rassemblés et organisés. Parce que ces enfants ont des droits, aussi, et méritent autant de respect qu’un enfant valide, leur lutte était nécessaire. « Changer le regard de la société sur le handicap » , telle était sa mission première. Seulement, 60 ans plus tard, il est difficile d’envisager aujourd’hui célébrer cette initiative ô combien salutaire alors que le monde se débat avec une épidémie sur les bras.  Il fallait de l’amour, beaucoup d’amour, de la part des parents fondateurs, pour construire cette gigantesque entreprise, les choses se sont enchaînées d’elles-mêmes. Au fil des ans, les problématiques de handicap mental ont évolué, la trisomie 21 a peu à peu cédé la place aux troubles de l’autisme. Il a en outre fallu s’adapter au vieillissement de la population, au polyhandicap, aux déficiences intellectuelles. Mais l’idée de départ, elle, demeure. Aujourd’hui, ce sont donc les troubles du spectre de l’autisme (TSA) qui occupent le plus le personnel de l’APEI.  L’établissement accompagne les résidents dans toutes les étapes de leur vie et se décortique en plusieurs sites dédiés : l’IME (l’institut médico-éducatif), pour les enfants, le centre médico-éducatif, le foyer d’accueil médicalisé du Noiray, le foyer de vie des Parelles (pour les résidents qui travaillent en Esat), l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) le Sessad (le service d’éducation spéciale et de soins à domicile)… le tout réparti sur plusieurs communes du bassin chambérien : Challes-les-Eaux, Saint-Baldoph, Chambéry-le-Haut, Bassens, La Motte-Servolex. Ce sont pas moins de 450 salariés qui encadrent les 600 personnes accompagnées et les quelque 500 familles « amies » soutenant l’APEI… Une grande machinerie au fonctionnement huilé, qu’une crise sanitaire ne saurait pouvoir gripper. 

« Les résidents le vivent plutôt bien »


A situation sans précédent, solidarité sans pareil. Ainsi, soulignons les bonnes initiatives prises par des commerçants locaux, « Au jardin des plantes », à Voglans a offert pour 1 000 euros de pensées au Noiray et à Montjay, le 14 avril. A ceci se sont ajoutés des dons de brioches et de chocolat et un concert a été donné par l’association Zicomatic le 19 avril. De quoi largement adoucir le quotidien des résidents, pour qui tout a été mis en oeuvre afin d’entretenir l’ordinaire et d’apaiser, autant que possible, toute angoisse liée à cette crise. 

On conserve les bonnes habitudes, avec les résidents.

Les enfants admis à l’IME de Challes-les-Eaux ont pu retrouver leurs familles et pour celles-ci, une demi-journée de répit leur est accordée, sur la base de visites à domicile ou de répit individualisées au sein-même de la structure. En foyer d’accueil (FAM), en maison d’accueil spécialisée (MAS) et au foyer de vie, les résidents ont été confinés, les gestes barrière ayant été mis en place dès le 20 février. « En MAS, qui est un établissement plus médicalisé que le FAM, les règles d’hygiène, le port des tenues et, parfois, des masques, sont déjà des gestes du quotidien » , explique Elodie Billard, éducatrice-coordinatrice sur les deux structures, « en foyer par contre, lorsque les résidents nous ont vu avec ces tenues, ils se sont posés des questions, ça n’a pas été vécu tout à fait de la même façon ». Au quotidien, les intervenants extérieurs ne pouvant plus se déplacer, les éducateurs tentent de poursuivre les activités, « nous organisons aussi des sorties en roulement afin que les résidents ne se croisent pas. Nous avons aussi reçu l’aide de professionnels d’autres établissements, spécialisés par exemple dans la petite enfance. Nous avons globalement pris le relais pour mettre en place des activités comme la chorale ou la création de goûters ». 
Et puis, cette période de confinement a ses avantages, « nous pouvons être au plus près d’eux, au cas par cas, ils le vivent plutôt bien ». La réaction des résidents, peu ouverts sur l’extérieur et donc imperméables aux multiples informations qui inondent les médias et internet, a été finalement assez bonne, « nous n’avons pas eu de grosses crises de panique, parfois un peu d’angoisse, on a su anticiper, verbaliser la situation, échanger avec eux » , assure Elodie Billard, « nous avons installé un système de visio avec les familles car les résidents retournaient auprès d’elles le weekend, ce qui n’est plus possible. Cela a été la plus grosse perturbation, du reste, quand certains n’ont plus pu retrouver leurs familles, plus encore avec les jeunes autistes ». 
Michel, résident de la MAS a compris, avec ses mots à lui, que quelque chose ne tournait plus rond, dans ce monde : « Emmanuel Macron nous dit de ne pas sortir à cause de microbes, il faut des masques pour tout le monde et partout ». Danielle, résidente à la FAM, se permet même de réprimander le personnel lorsqu’elle le croise sans masque. La vie a poursuivi son cours. 
Si l’on ne peut pas considérer que cette crise est indolore pour les résidents et le personnel, elle a été prise dès le départ très au sérieux. Personne ne s’en plaindra.


@Stéphanie Billard

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2 commentaires

Unknown

22/04/2020 à 06:46

BRAVO

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Unknown

24/04/2020 à 10:21

Un grand merci à tous le personnel de l Apei. Les parents vous sont reconnaissant. Ne lâcher rien 💪

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