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Chambéry : l’art de tuer le temps et la morosité en filmant son confinement

Par Jérôme Bois • Publié le 01/04/20

Olivier Quétel et Dorian Charbonnier sont colocataires. L’un travaille comme technicien à l’espace Malraux, l’autre régisseur à la MJC de Chambéry. Pour tuer le temps, ils « s’éclatent » à réaliser des vidéos sur leur quotidien, juste histoire de « casser cette ambiance morose » qui règne depuis trois semaines. C’est artisanal et bien fichu, on vous aura prévenus.
Après 20 jours de confinement, rendu plus rigoureux encore depuis deux semaines, on voit apparaître de nombreuses initiatives, salutaires, originales, bienveillantes qui font contrepoids aux compteurs à malades et à décès, aux pétitions anti-gouvernementales et aux promesses de révolution d’une population finalement désarmée. « Il faut du génie pour inventer » , disait Sartre, c’est tout le mal que l’on peut souhaiter à celles et ceux qui veulent entreprendre et créer. En fouillant un peu, on en trouve dans tous les recoins. Olivier Quétel et Dorian Charbonnier vivent en colocation à Chambéry, confinés par obligation, l’espace Malraux et la MJC ayant fermé leurs portes. Leur troisième comparse, soignante dans un institut spécialisé, est, quant à elle, affairée à sa tâche, il leur faut donc « tuer » le temps. « C’est parti d’un délire, on a réalisé quelques vidéos » à l’arrache «, elles ont fait rire nos proches, à partir de rien » , commente Olivier. Technicien à Malraux, il est dans la construction et la menuiserie et donc, au départ, peu rompu à la pratique du montage vidéo. « On s’ennuyait, tout est fermé, et comme nous travaillons tous les deux dans le milieu du spectacle, nous avions quelques bases ».

Aller au-delà du confinement

Une première vidéo est née, voici deux semaines, elle raconte le premier jour de confinement et montre un Dorian affairé, occupé à finaliser une étrange machinerie dont le résultat sera explosif. Une autre, tournée en noir et blanc façon Charlie Chaplin mêle le morne quotidien au burlesque… Avec zéro moyen, zéro expérience, juste de la suite dans les idées.  Plutôt « sereines » , les vidéos peuvent parfois être plus sérieuses et rendre hommage à celles et ceux qui luttent, qui souffrent du confinement. « Se retrouver derrière une caméra, c’est vraiment kiffant, on se prend au jeu, on apprécie alors pourquoi ne pas aller au-delà du confinement » se projette Olivier. Pour lui, qui a notamment participé en tant que technicien au film récemment tourné ici-même sur Grégory Lemarchal, le champ des possibles est désormais vaste : « On ne s’interdit pas de faire des choses plus sérieuses, plus politiques, parce qu’on aime prendre le public à contre-pied, on y réfléchit ». La chaîne Doki Prod est loin de crouler sous les abonnements mais la dernière vidéo vit plutôt bien sa vie, avec plus de 400 vues. Elle fait partie de ces mouvements anonymes destinés à montrer que du chaos naissent les étoiles… Ou du moins le divertissement. Prenez-vous au jeu !

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