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Chambéry : six chefs se mettent en quatre pour proposer des petits plats « maison » au personnel de l’hôpital

Par Jérôme Bois • Publié le 03/04/20

L’initiative nationale « les chefs avec les soignants » menée par Guillaume Gomez, chef du palais de l’Elysée, consistait à créer un collectif de chefs, étoilés ou non, pour concocter des petits plats au personnel soignant des hôpitaux des deux Savoie. Le centre hospitalier Métropole Savoie est allé encore plus loin en demandant – et obtenant – des chefs que les repas soient imaginés pour l’ensemble du personnel, soignant, administratif et technique. Une réussite totale, les premiers 800 repas ayant été acheminés le 3 avril au matin. On ne changera pas une équipe qui gagne, tout ce petit monde remettra cela le temps de la crise. 

Il suffit parfois de peu de choses pour enluminer une journée de labeur, au plus fort d’une crise qui met le personnel soignant sur les rotules, mais pas que. Car les effectifs administratifs et techniques sont aussi ces petites mains qui permettent de huiler la machine. Ainsi, tous ont été récompensés par un plantureux repas, concocté par six chefs, dont certains étoilés, une opération qui ira encore plus loin les semaines à venir. Il faut pouvoir imaginer la foire que ça a été, tous n’attendant que cela, se remettre en selle, après des semaines sans travailler ou presque.  L’opération « Les chefs avec les soignants » n’a été lancée que depuis une grosse semaine, par Guillaume Gomez, chef du palais de l’Elysée, relayée en pays de Savoie par Alexis-Olivier Sbriglio et Dalila Saadi-Brockly et il n’a pas fallu beaucoup de temps pour qu’elle se mette en branle. Ce sont donc eux deux qui ont pris contact avec le centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS), au départ « par générosité et solidarité avec le personnel soignant ». « Nous avions néanmoins demandé deux modifications dans le projet qui nous a été présenté » , détaille Julie Joyeux, directrice adjointe à la direction des achats, logistique et hôtellerie, « qu’il ne soit pas mis en place le weekend mais plutôt en semaine, ce qui a été accepté par les chefs, et qu’il s’étende à l’ensemble du personnel de l’établissement, administratif et technique compris. Nous sommes donc passés de 300 à plus de 800 bocaux. Habituellement, nous distribuons 900 repas, 400 depuis la crise que nous connaissons ». L’hôpital, finalement, ne s’est occupé de rien, « nous nous sommes simplement adaptés aux flux et avons préparé les paniers repas » dont les verrines des chefs faisaient partie. 

Une opération appréciée et reconduite



Il fallait assurer, les six chefs l’ont fait. « Alexis-Olivier Sbriglio a été notre interlocuteur pour l’obtention des attestations, pour fixer les quantités, les types de repas à délivrer, etc. Mais c’est Maxime Sieyès qui est entré en contact avec les chefs » , poursuit Julie Joyeux. Et c’est dans le laboratoire de ce dernier que tout le monde s’est mis à l’ouvrage. Le fournisseur alimentaire Métro et des producteurs locaux ont fourni la matière première, les ingrédients; ce 3 avril, la truite d’Isère était à l’honneur : « J’ai été contacté par Maxime [Sieyès] et Mickaël [Arnoult] pour les aider et les soutenir, j’ai personnellement beaucoup d’amis qui travaillent en milieu hospitalier, évidemment, j’ai foncé » , se souvient Jérémie Rigaux, d’Alpes Marée. Cette entreprise motteraine, créée en 1987, a fourni 90kg de truites d’Isère. « Je ne travaille qu’avec 4 clients par semaine, depuis le début de la crise, alors qu’habituellement, je tourne à 100 clients par jour, j’ai arrêté pratiquement tout mon activité et mis 11 personnes en chômage partiel ». C’est pourquoi il a sauté sur l’occasion. « Je suis toujours approvisionné. En amont, l’activité continue, je suis toujours livré mais c’est en aval que tout est stoppé. La semaine prochaine, je sais déjà que mes poissons, si j’en ai, proviendront de la mer. Il faudra donc voir ce qui résultera du produit des pêches ».  Tout a été confectionné avec des produits locaux, les chefs se sont mis aux fourneaux le jeudi 2 avril, dès 9h pour terminer à 17h. « On a trouvé une belle recette » , estimait Clément Bouvier, à base de poissons, de petits légumes et de quinoa, une recette devant, sur sa forme, permettre aux personnels de manger debout, en respectant les consignes et les distances de sécurité. « Depuis le début de la crise, nous alternions salades et sandwiches… Je n’ai pas eu de retour mais je peux dire que cette opération a été unanimement appréciée » , se réjouit Julie Joyeux. « Avant, on ne parlait déjà tous que de cela ». « Rendez-vous compte » , renchérit Clément Bouvier, « en une semaine, à six, nous avons fait la moitié – avec 800 repas – de ce qui avait été réalisé sur la France entière la semaine d’avant, soit 1 500 ». La semaine prochaine, vendredi saint oblige, ce sera poisson sans doute, le menu sera imaginé en fonction des produits à disposition. « On verra avec ce que l’on aura ; l’idée est, effectivement, de préparer, tous les jeudis, et de livrer, le vendredi matin » , ajoute le chef de l’Ursus. Idéalement, les infrastructures de l’hôpital pourraient être mises à contribution afin de livrer, cette fois, des repas chauds. « Nous aimerions faire le service sur place » , précise Sylvain Bailly. Ce serait la cerise sur le gâteau…


Totale réussite, l’opération « les chefs avec les soignants » démontre que la solidarité est avant tout une chaîne que plus de maillons peuvent allonger. « Si nous ne l’avions pas fait maintenant, quand l’aurions nous fait » , reconnaît Mickaël Arnoult.

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Unknown

05/04/2020 à 11:42

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