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Eric Dupond-Moretti : « à certains égards, cette période n’est pas qu’une affliction »

Par Laura Campisano • Publié le 25/04/20

A Nice pour une session d’assises de trois semaines qui devait prendre fin la semaine du 17 mars, Eric Dupond-Moretti y est finalement resté depuis, confiné sur place, privé d’audiences, trouvant refuge dans l’écriture et la lecture, la musique et les liens, toujours forts, qu’il entretient même de loin, avec les siens. L’avocat pénaliste nous a livré, dans un entretien très authentique, ce que cette période si particulière lui inspire en tant qu’humain, surtout, et en tant qu’homme de droit, aussi. 

Crédit Photo EDM
Le confinement, pour un avocat, homme de verbe et de convictions, c’est comme mettre un « ours en cage », mais Eric Dupond-Moretti ne se plaint pas, il prend ce mal en patience, en profite pour faire des choses qu’il ne faisait pas ou plus. Néanmoins, le pénaliste, observe, écoute, s’interroge, s’inquiète et s’alarme même, devant des situations iniques auxquelles il ne peut rester insensible.

Première question qui nous vient spontanément, Eric Dupond-Moretti, comment allez-vous ?

Je n’ai aucun problème de santé, les proches, les amis vont bien, dans cette période on ne peut que se raisonner, alors que des gens sont au plus mal, certains en train de mourir. La situation n’est pas simple à vivre, mais il y a, je pense, une lumière au bout du tunnel. Je crois aussi qu’il y a une hiérarchie dans les contraintes et les malheurs. Donc, il faut d’abord se féliciter de ne pas être malade, que nos proches et nos amis ne le soient pas non plus. Ensuite, il y a une situation qui nous est imposée, qui est une affliction mais qui, à certains égards, est quelque chose d’intéressant, parce que l’on peut faire des choses que nous n’avions plus l’habitude de faire.

Lesquelles, par exemple? 

Je lis, j’écris, j’essaie de m’occuper comme ça. Le télé-travail ce n’est pas trop mon truc, ce n’est pas générationnel, c’est la télé ou le travail, mais pas le télé-travail. Ensuite il y a une réflexion intéressante sur la façon dont on vit les choses, et sur la façon dont on sera amené à les vivre au sortir de cette épreuve.

Comment les vit-on, justement, selon vous?

Je pense en particulier beaucoup à la façon dont on vit cette privation de liberté qui nous est imposée. Je me demande si les juges vont cogner encore aussi fort, voilà une question que je me pose. Est-ce qu’on mesure ce qu’est la privation de liberté? D’ailleurs il faut se souvenir, toujours garder de la mémoire, d’une époque où l’on emmenait systématiquement les jurés visiter la prison avant de débuter une session d’assises.

« Quand on sera sorti de tout cela, comment cela va-t-il se passer ? C’est gentil d’applaudir, mais il faut que cela ait une véritable traduction »

En observant ce qui se passe dans la société, n’assistons-nous pas à certains revirements de situations, à l’égard de certaines professions? 

Il y a une réflexion sur le personnel soignant, dont il faut bien se souvenir qu’ils sont applaudis tous les soirs mais il y a six mois de cela, leurs revendications étaient des coups d’épée dans l’eau. Ce que dit [Patrick] Pelloux, l’un des médecins les plus emblématiques, depuis des années, qu’il criait, prêchait dans le désert, on se rend compte à présent à quel point c’est important. J’ai eu l’occasion de dire à un journaliste – c’était une boutade – que je préférais qu’on applaudisse les infirmiers que les footballeurs. C’était du troisième degré, mais dans les priorités d’une société, ces gens font des métiers qui ont une véritable place, qui a été négligée pendant longtemps, c’est une certitude.

Cette crise semble agir comme un révélateur de métiers qui crient depuis des années pour qu’on arrête de les pressuriser, et que tous semblent découvrir…

Bien sûr et l’autre question qui se pose c’est : quand on sera sorti de tout cela, comment cela va-t-il se passer ? C’est gentil d’applaudir, mais il faut que cela ait une véritable traduction. J’ai vu d’ailleurs que le gouvernement avait décidé d’une augmentation de salaires ou des primes, c’est quand même la moindre des choses. Mais en première ligne d’ailleurs, il n’y a pas que les infirmières, on découvre des métiers que parfois on méprise, on néglige. Je pense aux caissiers, par exemple, ces gens-là heureusement qu’ils sont là aujourd’hui, parce que ce sont ces petites gens qui sont dans l’ombre et dont on ne parle jamais mais qui sont tellement indispensables à notre quotidien, à notre santé…

Pensez-vous que cela puisse durer, dans l’après ?

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2 commentaires

Unknown

03/05/2020 à 15:28

J aime beaucoup la philosophie avec laquelle vous abordez le confinement, sans pourtant vous plaindre, et en disant que vous n etes pas le plus mal loti. C est tout a votre honneur de le reconnaitre, et de dire que bien d autres sont dans des situations précaires. Et d aborder cette période avec philosophie. Je vous connais depuis longtemps ayant souvent entendu parler de vous dans des affaires sur Lille.J ose espérer que vous serez un peu plus aidé par la justice, je sais vraiment de quoi je parle actuellement. Cordialement

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Mussen

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