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Faute de pouvoir finir son tour du monde, Nicolas a couru 24h non stop, depuis l’Argentine, pour le centre hospitalier de Chambéry
Par Jérôme Bois • Publié le 12/04/20
Nicolas Picco est parti en décembre dernier faire son petit tour du monde. Un virus a vu les choses autrement et le voici coincé dans un camping près de Mendoza, au Nord ouest de l’Argentine. Pour entretenir la forme et la flamme, il s’est lancé un défi, courir autour dudit camping 24 heures durant, afin de promouvoir une collecte de fonds à destination du centre hospitalier Métropole Savoie. Pari réussi !
Un tour sans retour
« Au bout de 30 km, je n’en pouvais déjà plus »
Confiné dans son camping en lisière de Mendoza, Nicolas s’est donc lancé ce nouveau pari, parcourir 200 kilomètres en 24h, à raison de 260 m par boucle effectuée. Certes, il y a plus sexy. « Le gérant du camping m’a accompagné durant 13km, j’ai marché une quarantaine de minutes avec une autre, je n’ai finalement pas été trop seul » , relate Nicolas. Ils ne sont que six, dans le camping… L’organisation était huilée, méticuleusement préparée par ses soins : « J’ai acheté en amont tout ce que j’aime manger pendant un trail, parce que la satisfaction de la nourriture est très importante ». Ofelia, la co-gérante, l’approvisionnait en petits plats de pâtes faits maison. « La nuit, je me débrouillais. Le plus dur, en résumé, était de passer toutes les trois minutes devant le ravitaillement sans rien prendre », sans parler des barbecues commis par les autres occupants du camping. Hormis un coup de pompe au trentième kilomètre – « Je n’en pouvais déjà plus » – Nicolas tiendra bon. « Il a demandé aux personnes sur place de le filmer, il a fait des points d’étape toutes les 3 ou 4 heures, il avait prévu une table de ravitaillement » , relate Pierre-Alexis. Pas fou non plus. Il faut dire qu’avec la perspective de l’ultra trail, finalement annulé, Nicolas tenait la grande forme.
Parti vendredi 10 au matin, à 8h, heure locale (13h, chez nous), il a effectivement réussi son pari. « J’ai tenu malgré l’effort, malgré la fatigue, je suis heureux d’avoir pu faire cette course, ça m’a permis de voir jusqu’où je pouvais aller ». Samedi 11 avril, à 8h, il a mis fin au supplice: « J’avais un objectif de distance, bon, je n’ai fait que 80 à 100km, un problème avec le compteur. Mais l’essentiel était le temps » , ces fameuses 24h qui l’auront vu courir seul, de nuit, à la frontale.
« Courir décuple mes sentiments »
Après coup, il aura eu à comprendre le sens de son effort qu’il perçoit aujourd’hui comme une parabole de la vie, « le sens de cette course n’était pas d’avoir un résultat ou d’être le meilleur mais d’aller au bout d’une idée avec ma forme du moment ». Pendant sa tentative, il s’est posé la question définitive, à quoi bon courir. « Ça décuple mes sentiments, j’ai intensément ressenti l’amour pour mes proches, ma copine, tout se met à sortir… Oui, c’est pour ça que je cours, pour ressentir » …
Chambériens d’origine, les frères Picco ont suivi des trajectoires un peu différentes, Pierre-Alexis ayant continué les études à Paris, c’est donc depuis la capitale qu’il a suivi les exploits de son stakhanoviste de frangin tout comme c’est depuis là qu’il avait suivi la course Chambéry – Paris. Quant à Nicolas, il a daté son retour, prévu pour Noël prochain. « Actuellement, je revois mes plans tous les jours. Je suis parti avec mon sac à dos, je fais du stop, je loge chez l’habitant… L’aventure est déjà un défi sportif en soi ». Nicolas s’en cherche aujourd’hui un nouveau « comme l’Afrique à pied, ou un Brest – Vladisvostok à vélo. J’arrive à retrouver ce que je cherche dans la découverte des gens, des cultures, des pays ». Aventurier à ses heures, il pourrait faire sienne cette citation d’un glorieux prédécesseur, Antoine Saint-Exupéry : « L’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle ».
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