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Megève : l’art solidaire de la « galerie des confinés » au profit de la recherche et des soignants

Par Laura Campisano • Publié le 20/04/20

Partout, sur les réseaux sociaux et ailleurs, fleurissent des projets artistiques pour tenir bon durant ce confinement, nous l’avons vu grâce aux musiciens des différents orchestres en Savoie et en région, mais également grâce aux artistes, se mettant chaque jour derrière leur écran pour des live réconfortants. Les artistes-peintres ne sont pas en reste, avec une initiative poétique et solidaire : vendre des toiles au profit de la recherche et de la Fondation de l’assistance publique et les hôpitaux de Paris (AP-HP) dans le cadre du Covid-19, grâce au collectif « la galerie d’art des confinés ». Visite guidée.

Sophie Guyard-Jabau – oeuvre sur papier
Touchés très durement par le confinement et l’arrêt brutal des activités, tel que nous l’avons tous connu, les artistes, bien souvent à leur compte, ont dû encaisser le coup et laisser parler leur créativité. C’est ainsi qu’est né le projet « la galerie d’art des confinés », au cœur des pays du Mont-Blanc, entre Megève et Combloux. Inspirée par « Saato projet » , basé en région parisienne et qui fait également peindre des artistes savoyards de street-art, tels que Graffmatt, Adrianna Muffat-Jeandet-Woijcik, artiste plasticienne en pays de Savoie, a réuni autour d’elle onze artistes, avec un objectif solidaire : peindre des œuvres, dont les bénéfices seront reversés entièrement à la Fondation AP-HP.

Des artistes confinés mais de l’art libéré et solidaire

Adrianna MJW
C’est à Demi-Quartier, qu’a ouvert « la galerie d’art des confinés », il y a quelques jours, sur le site de la Fondation des hôpitaux de Paris. Adrianna Muffat-Jeandet-Woijcik, artiste plasticienne depuis 30 en Haute-Savoie, voit ses expositions à Lausanne reportées, ses activités se stopper, le confinement l’empêchant d’aller à Praz-sur-Arly, où elle a créé un parcours avec les habitants, semé çà et là dans la commune. Silence et confinement, et les pinceaux qui la démangent. « Même si les artistes sont habitués à être confinés dans leurs ateliers pour créer, là, il a fallu trouver de la motivation, sans projet à moyen et long terme, nous avons beau être dans un cadre magnifique, je commençais à broyer du noir », se remémore Adrianna. D’autant que les nouvelles, à l’extérieur, ne sont pas des plus rassurantes. Il fallait trouver une idée. C’est grâce à un collectif parisien d’art urbain, Saato Projet, qu’elle découvre la possibilité de créer des œuvres qui pourraient en plus soutenir le personnel soignant et la recherche. « J’ai donc regardé comment ils s’y étaient pris, pour monter la cagnotte en ligne », reprend-elle, « c’est simple, efficace et ça crée en plus un cercle vertueux : les amateurs d’art peuvent acquérir une oeuvre à prix entre 50 et 500 euros, en moyenne 100 euros, et comme cela est reversé entièrement à la Fondation, le don est défiscalisé. C’est super pour les hôpitaux, ça fait avancer la recherche et en plus, cela permet à de nombreux artistes de retrouver le moteur pour travailler dans leurs ateliers » s’enthousiasme l’artiste-plasticienne !

Des œuvres sur papier, pour garder une trace de cette période particulière


Adrianna MJW
Déjà 12 artistes ont rejoint cette galerie d’art virtuelle, dont bon nombre sont hauts-savoyards « Mais cela n’est pas fermé à la seule Haute-Savoie, nous avons tous actionné nos réseaux, j’ai également invité des artistes polonais, à nous rejoindre sur ce projet » souligne Adrianna Muffat-Jeandet-Woijcik, qui partage sa vie entre Megève et Varsovie. L’objectif, atteint à 2 % pour le moment, est de récolter 10 000 euros pour la Fondation, confortée par les excellents résultats du projet Saato, lequel a dépassé l’objectif initial de 5 000 euros, et dont la cagnotte caracole aujourd’hui à 36 230 euros. S’agissant d’art visuel, la peintre a également décidé de créer des pages InstagramFacebook ainsi qu’un site internet dédié  Tout cela en 15 jours. « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » philosophe Sophie Guyard-Jabaud, artiste plasticienne également en Haute-Savoie, qui participe à ce projet. « Cela s’inscrit totalement dans ma démarche artistique, puisque je fais des choses très variées, et je développe de nombreuses disciplines, dont le théâtre, j’aime que les installations artistiques soient vivantes en interaction avec le public, alors cette galerie interactive, participative, j’y ai adhéré sans hésitation », précise-t-elle. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle souhaite travailler, le plus possible, avec d’autres artistes, locaux mais également d’autres villes de France, comme elle devait d’ailleurs l’exposer à Saint-Gervais, dans les jours à venir… « Avec le confinement, nous le savons, tout s’est arrêté. J’ai proposé à certains artistes de mon réseau de rejoindre le projet, certains ont accepté et d’autres non, et cela peut se comprendre. Pour quelques-uns, le confinement rime avec absence totale de revenus ce qui les met dans une grande difficulté financière. Mais en même temps, participer à ce collectif c’est permettre aux acquéreurs de garder une trace de cette période si particulière, à moindre coût puisque c’est sous forme de don, et cela fait aussi boule de neige, crée de nouveaux contacts, pour faire avancer chacun, professionnellement », conclut-elle.  C’est cela que nous souhaitons vous transmettre en ces temps difficiles : cultivons ce regard vers l’art, vers l’art contemporain au plus près de chacun, vers l’art vivant de notre temps «, écrit Adrianna à chacun des acquéreurs de ces œuvres, peintes sur papier pour permettre leur envoi plus facilement. Un jour prochain, quand le confinement sera levé, il leur sera de nouveau possible de retourner vers les galeries, les expos, y compris celles accrochées dans les villes comme à Ambilly pour Sophie Guyard-Jabaud et son collectif CLIC, et pour Adrianna, dont l’exposition à Praz-sur-Arly est visible jusqu’en septembre  » Avec un masque et tout seul, il est toujours possible aux habitants d’aller la voir « sourit l’artiste-plasticienne. En attendant, l’art réel s’affiche en virtuel, et peut servir à la recherche, aux soins…et même pour tous, de thérapie ?

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