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Chambéry : « Avec les mesures de protection que j’ai prises, mon commerce est devenu un véritable bunker »

Par Jérôme Bois • Publié le 13/05/20

La vente à emporter avait déjà le vent en poupe, le confinement a confirmé cette tendance et avant une réouverture promise courant juin, les restaurants classiques devront encore composer avec elle ou s’y mettre. Ceux qui en avaient fait leur force se sont adaptés avec douceur au sévère protocole de réouverture. Parmi eux, le franchisé Bagelstein, à Chambéry, où tout a été fait pour « rassurer les clients » , à l’initiative du gérant.

Une vitre en plexiglas parcourt l’ensemble du comptoir.

« C’est un véritable bunker » , confesse Julien Darnaud, gérant de Bagelstein, place de l’Hôtel-de-Ville. Alors qu’il vient tout juste de rouvrir son commerce, lundi 11 mai, il préparait ce retour aux affaires depuis bien plus longtemps, usant et abusant de mesures préventives drastiques « pour montrer aux clients que nous sommes prêts, ce qui n’est, à ma connaissance, pas le cas de tout le monde ». Sur les réseaux sociaux, du reste, depuis ce fameux 11 mai, fleurissent les accusations plus ou moins feutrées à l’encontre de commerces ne respectant ni le port de masques ni la sécurisation des matières premières. « J’ai investi lourd sur mes deux boutiques » , indique-t-il, la seconde étant située au Village de marques, à Villefontaine, où les normes sont d’autant plus strictes dans une structure de 124 boutiques, pouvant accueillir 50 000 personnes. Tout d’horizon de ce cahier des charges imposé.

Des mesures drastiques

Le samedi 14 mars, au soir, les établissements accueillant du public n’étaient qu’à quelques heures de la fermeture, suite aux premières mesures de confinement édictées par le président Macron, jeudi 12 mars. « Nous n’avons eu que quelques heures pour fermer, sans pouvoir écouler nos stocks, qui ont été perdus » , se souvient Julien Darnaud.

Un parcours fléché et une signalétique stricte.
Les six salariés se sont retrouvés au chômage partiel, non sans avoir au préalable nettoyé et désinfecté la boutique. « Nous avions tout vidé, je passais chaque semaine m’assurer que tout allait bien ». Frigos, toaster, mobilier, tout était vérifié en espérant une réouverture rapide. Rien d’extraordinaire pour une entreprise soumise trois fois par an à des contrôles surprises. Samedi 9 mai, nouvelle session de nettoyage, cette fois, en vue de la levée du confinement. « Entre temps, j’ai eu beaucoup de visioconférences avec la franchise, tous les franchisés ont été formés à la gestion du Covid-19 comme je l’avais été à la HACCP* », formation a minima adressée au manager. Et ce que Julien Darnaud a mis en place est plutôt drastique :  – des plexiglas de près de 2 mètres de hauteur ont ainsi été installés sur la totalité du comptoir avec un trou pour le passage des plateaux, un autre pour le terminal de paiement qui sera « cellophané ». « L’idée était de permettre aux clients de voir les bagels en préparation et de conserver un peu de » chaleur « visuelle », explique le gérant. – des parcours fléchés à l’intérieur, permettant une sortie sans risques. Trois clients au maximum sont admis. « Les clients auront l’obligation de s’appliquer du gel hydroalcoolique sur les mains en entrant et avant de taper leur code de carte bleue ». Le panier moyen étant inférieur à 30 euros, l’usage du sans contact est facilitateur, tout comme l’accès à la carte via le QR code. Les commandes des clients sont ensuite déposées sur une table à part pour être récupérées. – les salariés seront munis de blouses jetables, de gants et de masques, changés deux à trois fois par jour. Les tenues servant à la réception des marchandises sont jetées dans un sac, fermé. Les salariés, habitués à tourner régulièrement, seront cette fois-ci davantage cantonnés à leur poste. – dès réception des marchandises, les emballages sont désinfectés avant que les produits ne soient entreposés en chambre froide. Lors la préparation des bagels, tous les couvercles des bacs sont aussitôt refermés. « Les palettes de produits frais reçues ont toutes été emballées la veille, nous savons donc que ça n’a pas été ouvert ni touché depuis ».
Rien ne semble laissé au hasard.

« Je peux remercier l’Etat »

* Acronyme de Hasard analysis critical control point ou « méthodes et principes de gestion de la sécurité sanitaire des aliments, une formation axée sur 7 principes : 

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