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Edouard Philippe : « Le processus de déconfinement progressif sera bel et bien engagé à partir du 11 mai »
Par Jérôme Bois • Publié le 07/05/20
Ce point d’étape était attendu, le premier ministre devait s’exprimer sur les suites à donner au processus de déconfinement progressif, détaillé le 28 avril dernier. Au vu des résultats sanitaires, la levée progressive sera bien engagée « une première étape et une bonne nouvelle pour les Français ».
Lundi 11 mai, un processus de déconfinement très progressif sera engagé, « doucement et sûrement » , a annoncé le premier ministre Edouard Philippe, ce 7 mai. Il a notamment mis en avant « l’indispensable reprise de la vie normale, économique, culturelle, sociale et sanitaire ». Le dispositif tel que présenté ce jour, a été validé par le Président de la république et le conseil de surveillance.(Ensemble des acteurs, collectivités partenaires et scientifiques) Le processus sera donc conforme à la stratégie présentée le 28 avril dernier devant le Parlement. Ceci étant, certains départements ayant des résultats moins bon, le pays « est divisé en deux » (lire ci-après). D’un côté, la vague épidémique a été freinée, dans les départements en vert. Les trois prochaines semaines, une nouvelle vague de déconfinement sera alors engagée avec l’ouverture des lycées, des restaurants etc. Dans les autres départements, en rouge, où les hôpitaux restent en tension, le déconfinement « restera possible » sans ouverture des collèges ni des parcs et jardins. Mayotte et la région Île-de-France restent les deux exceptions. A Mayotte, le nombre de cas augmente bien qu’étant faible. Situation inverse en IDF, où les cas baissent mais le nombre total restant supérieur à celui espéré. Ici, il faudra « une discipline renforcée ».
Les deux Savoie préservées
« L’objectif de tous les Français est de faire en sorte que nous puissions vivre avec ce virus et apprendre à nous en protéger » , a dit le Premier ministre. Les mesures de distanciation, d’hygiène et de protection désormais habituels seront donc de rigueur. Olivier Véran, ministre de la Santé, a poursuivi en présentant la fameuse carte réactualisée chaque jour, synthétisant les trois indicateurs à suivre. La circulation active du virus apparaît ainsi satisfaisante, dans la majeure partie du pays, moins de 6% des patients viennent pour une suspicion de maladie du coronavirus. Le coronavirus demeure néanmoins actif dans le Grand-Est, en Bourgogne et Franche-Comté, à Mayotte et en Île-de-France.
La carte des capacités sanitaires, sur le nombre de lits de réanimation occupés, montre, quant à elle, que la partie Est, du Nord à la région Aura est encore en pression. Le taux d’occupation des lits par des malades atteints du coronavirus varie de 60% à plus de 80%, du orange au rouge.
Partout ailleurs, de la Seine-Maritime aux Alpes-Maritimes, le taux d’occupation est inférieur à 60%. En Savoie et Haute-Savoie, le taux d’occupation se situe entre 60 et 80%, signe d’une persistance de la prise en charge. Enfin, la carte des tests virologiques demeure entièrement verte. « Ces trois indicateurs sont des éléments fiables et solides » a-t-t-il insisté. La France serait aujourd’hui « en mesure de tester massivement la population » , poursuit Olivier Véran.
La carte de synthèse, rassemblant ces différents indicateurs divise la France en deux : Île-de-France, Hauts de France, Franche-Comté et Grand-Est apparaissent encore en rouge, tandis que les Savoie restent préservées. « Tout le monde souhaite pouvoir reprendre une vie normale » , a ajouté Olivier Véran. « Mais la situation est évolutive, le virus n’a pas disparu : gestes barrière et distanciation physique resteront de mise ». Le ministre de la Santé a rappelé qu’en cas de symptômes (fièvre, perte de goût, d’odorat…), il faut contacter le 15 ou le médecin traitant, un test de dépistage sera dans certains cas prescrit. « Il sera remboursé à 100% par l’assurance maladie ». En attendant le résultat du test, le patient devrait rester confiné. Si positif, la recherche de cas contact sera mise en route. Lundi, il sera possible de reprendre une vie normale, 100 millions de masques seront distribués auprès des soignants, des personnes malades et fragiles. Le confinement strict est donc levé, à cette date, le ministre a appelé les Français à la vigilance. En outre, une prime de 1000 euros sera versée aux personnels soignants en Ehpad, tandis que son montant sera de 1500 euros dans les 33 départements les plus touchés.
Le retour en classe rendu possible
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, a présenté les conditions de reprise de l’école, le 11, pour les écoles primaires, puis pour les collèges, le 18, dans les départements en vert. Le protocole sanitaire sera strict, « il nous permet de connaître le cadre sanitaire garantissant le respect des gestes » barrière «. C’est un protocole exigeant » , a-t-il précisé. Les professeurs des écoles rentreront et les élèves ne seront pas accueillis en même temps : les CP, CM2 et grandes sections seront les premiers, ainsi que les élèves en décrochage (4%) et ceux en situation de handicap, soit environ un million d’élèves. Leur nombre variera de 10 en maternelle à 15 en élémentaire. Sur le plan des transports, Elisabeth Borne a souligné que « l’objectif sera d’augmenter l’offre de transports en commun en milieu urbain » dès ce 11 mai. Métro, bus, RER et TER seront en mesure de circuler à 50% de leur capacité de fréquentation habituelle. « Le télétravail restera la règle » , a-t-elle tempéré, pour tous ceux dont les déplacements ne sont pas indispensables. Le trafic automobile sera maîtrisé autant que possible, les déplacements interrégionaux demeurant « limités ». De plus, l’offre de transports en train sera « volontairement réduite » à 40% de l’offre habituelle à fin mai. Le port du masque sera obligatoire dans les transports publics, certains seront à disposition « en appoint ». L’absence de port du masque « pourra même être verbalisée ».
« Déconfiner, ce n’est pas baisser sa garde »
Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a rappelé que les sorties pourront se faire « sans attestation ». Il a précisé que les infractions aux règles barrière seront toujours sanctionnées. La limite de 100 km pour les déplacements (sauf motif professionnel et familial impérieux pour lesquels des attestations spécifiques seront nécessaires) est toujours en vigueur, sauf si le déplacement se situe dans le département d’origine. « Nous comptons sur le civisme et la responsabilité des Français ». La vie sociale reprendra, les lieux culturels de proximité rouvriront, bien que les cinémas et salles de spectacles et de fête resteront quant à eux fermés. La pratique sportive individuelle restera possible, en extérieur. Aucun événement de 5 000 participants au moins ne pourra être organisé avant septembre. Le préfet pourra autoriser l’accès aux plages et lacs sur demande des maires. « Déconfiner, ce n’est pas baisser la garde » , a conclu le ministre Castaner. Bruno le Maire, ministre de l’Economie, a évoqué la « relance de l’activité économique ». Face à la perte d’activité et d’emplois, tous les commerces rouvriront sauf lieux de convivialité (restaurants, bars…), dont la date de réouverture sera fixée en fin mai. 400 000 entreprises reprendront vie, des fleuristes aux libraires, en passant par les salons de coiffure. Les centres commerciaux de plus de 40 000 m² rouvriront sauf en Île-de-France. Le fonds de solidarités restera en vigueur, les charges patronales d’avril et mai seront supprimées dans les secteurs à l’arrêt. Tous les masques industriels répondant aux normes Afnor bénéficieront d’une TVA à 5,5%. Dernière ministre à prendre la parole, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a rappelé l’existence du protocole national de déconfinement pour les entreprises et les salariés, protocole « nécessitant un dialogue social ». A ceci s’ajoutent des guides métiers, « validés par le ministère du travail ». Elle a appelé les entreprises à recourir au télétravail et aux horaires décalés. Le 11 mai, il sera possible aux centres de formation d’apprentis et continue de rouvrir, en respectant les normes barrière de déconfinement. « Lundi prochain sera le premier jour d’une phase nouvelle, ce ne sera pas le retour d’une vie normale, elle demandera de la discipline et de la responsabilité. C’est dans la durée que nous réussirons à maîtriser le virus et l’épidémie » , a repris Edouard Philippe. « Le déconfinement progressif ne doit pas être la marque du relâchement de notre vigilance ». Le plan sera ainsi réadapté, durant tout le mois de mai. « Fin mai, nous saurons où nous en sommes, en fonction des entrées à l’hôpital et des réanimations. Nous pourrons alors passer à une nouvelle phase si les chiffres sont bons. Le cas échéant, nous agirons en conséquence. » Nous voici tous prévenus.
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1 commentaire
Mmleia
08/05/2020 à 08:29
Merci au petit reporter! Pas de temps à perdre devant ma télé au moins là j'ai un résumé clair et concis!