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La Ravoire : comment, en pleine crise sanitaire, un entrepreneur a su saisir la balle au bond

Par Jérôme Bois • Publié le 08/05/20

Il était complètement à plat, plus occupé, conjoncture oblige, à couper du bois dans son jardin, tandis que son entreprise était à l’arrêt, ses salariés en chômage partiel. Et puis il a suffi d’un mail pour relancer subitement son activité au point qu’il croule, depuis moins de deux semaines, sous les commandes. Grâce au Sani-Totem, un distributeur sans contact de gel hydroalcoolique. A quoi ça tient, les belles histoires…
L’art du rebond. En basket, cet art est statistiquement compilé, faisant partie intégrante de l’évaluation d’un joueur. Nazim Benmansour pourrait bien faire banco. Les commandes affluent, de toutes parts – elles s’élevaient à 200 trois jours seulement après le début de l’histoire -, les promesses d’un avenir radieux sont grandes.

Appellation déposée

Nazim Benmansour, patron de Zzimo Concept.
Pourtant, cet entrepreneur faisait grise mine, il y a encore peu de temps. Patron de Zzimo Concept, spécialisée dans la fabrication et la personnalisation de supports publicitaires, Nazim était rendu à ce que beaucoup de patrons connaissent, l’inactivité, conjuguée à l’impuissance. « Je n’avais aucune perspective, les commandes étaient bloquées, ou bien on ne pouvait plus les honorer faute d’approvisionnement ». La cata. Et puis le miracle est survenu, sous l’apparence d’un mail. « Un client m’envoie un message dans lequel il me demande de lui confectionner un présentoir avec un distributeur de gel hydroalcoolique dessus. Il en avait vu, il souhaitait simplement que ça reste local ». Là, il met dix secondes à saisir que l’idée est loin d’être stupide. Quelques secondes de plus, il comprend qu’en l’améliorant, il tient un « truc » rare. « Je m’y penche une soirée, je trouve un fournisseur de boîtiers de distribution de gel, je calcule mes coûts de production et enfin, nous effectuons des tests à l’usinage pour voir si le concept pouvait être rentable ». En télétravail, le graphiste de l’entreprise se charge de l’aspect visuel du présentoir et met au point la plaquette de communication. Le nom apparaît de lui-même : le Sani-Totem, appellation déposée.

« Je peux m’adapter à toutes les demandes »

Fier de sa trouvaille, Nazim envoie l’information à son carnet d’adresse. Nous n’étions encore que le 28 avril. Le 30, 200 commandes lui étaient parvenues : de Médipôle Savoie, Kéolis, de commerçants, de professionnels de la santé, de la grande distribution… Les premiers retours sont dithyrambiques, il est moins cher, son produit est plus fiable que ceux déjà existants. Et surtout, son distributeur est sans contact, fonctionnant à piles ou sur secteur. « Ça m’a conforté, trois personnes ont tenu ce même discours ». Dernier point fort, son totem est personnalisable. « Le groupe Kéolis m’a envoyé une maquette du présentoir qu’il souhaitait (cf photo), idem pour la mairie de Chambéry… En termes de format, je peux m’adapter à toutes les demandes ». Lorsqu’une école maternelle lui passe une commande dédiée, pas de problème, « on leur en fabriquera à l’échelle, avec des dessins et le logo de l’école dessus ». Et si des commerçants demandent un présentoir pour l’extérieur, « un pied de lestage suffit ». « Mon métier » , complète Nazim, « c’est de fabriquer de la signalétique et de la personnaliser, je le fais depuis 14 ans, nous restons donc dans notre savoir-faire ». A tel point que tous les salariés se sont retrouvés au travail. « Si les quantités commandées se concrétisent, c’est le jackpot, ça rattraperait largement ce que j’ai perdu avec la crise ». Pas moins de 200 000 euros en un mois et demi, tout de même. « Nous maîtrisons la production, nous pouvons même répondre à nos clients habituels » puisque l’activité est parallèlement repartie. « Ça recommence enfin » , se réjouit-il. Et comme il n’y a de gloire sans audace, Nazim a pris un risque, sous la forme d’un outil de production supplémentaire, un pari à 100 000 euros : « J’ai fait tapis, je joue le tout pour le tout, parce que produire 2 ou 300 unités, je peux. 2 000 ? Je ne peux pas mais je sens venir la marée » , rien que par le bouche à oreille. Par choix et refus de surfer sur une vague d’opportunisme qui conduit, en temps de crise, des gens à s’enrichir disgracieusement, il s’en tiendra à des tarifs abordables, « je peux faire plus cher mais ce n’est pas comme ça que je gagne ma vie, je ne fais pas de grosses marges sur ce produit, mais ce n’est pas l’essentiel ».
Totalement en PVC, le Sani-Totem ne risque pas de connaître la pénurie nationale qui sévit sur le plexiglas, seules les commandes de boîtiers peuvent fluctuer, le fournisseur agissant sur le monde entier. Nul doute qu’une telle initiative attirera l’attention.

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1 commentaire

Unknown

09/05/2020 à 09:34

Bravo je ne suis pas étonnée petite entreprise de Cognin vous avez fait le bon choix sur La Ravoire...prospérité et professionnalisme BRAVO !

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