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Municipales 2020 : avec le second tour programmé le 28 juin, sommes-nous en route vers une « nouvelle » campagne ?

Par Laura Campisano • Publié le 23/05/20

Annoncée le 22 mai 2020 en conférence de presse par le Premier ministre Edouard Philippe, la date du 28 juin a été choisie par le gouvernement pour y tenir le second tour des élections municipales et permettre ainsi aux 5 000 communes en ballottage d’élire leur conseil municipal. Alors que plusieurs recours ont été déposés contre le premier tour (de sa tenue à ses résultats) et que les conseils municipaux nouvellement élus sont seulement sur le point de s’installer, que penser de ce rebondissement ? Est-ce vraiment le bon moment pour que la vie démocratique reprenne et s’agira-t-il, comme l’a annoncé le Ministre de l’Intérieur, d’une campagne atypique, puisque inédite sous la Ve République ?
Jamais dans l’histoire des institutions françaises, une élection aura-t-elle autant soulevé de controverses, de questions, tant sur un plan juridique, constitutionnel et démocratique. Pourtant, en maintenant le premier tour le 15 mars, alors que le confinement était en passe de devenir la « norme », qu’il a amené de nombreux candidats à déposer des recours, arguant de « l’insincerité du scrutin » , le gouvernement a ce 22 mai, décidé de fixer la tenue du second tour au 28 juin prochain, suivant l’avis du conseil scientifique. Sur le territoire, il reste encore de nombreuses communes sans nouveau conseil municipal*. Nous avons voulu connaître le point de vue de candidats en course, d’élus en exercice et de candidats éliminés.
Rappelons que si le conseil scientifique venait à soutenir que les conditions sanitaires ne sont pas réunies, 15 jours avant la tenue du scrutin, cette date serait alors remise en cause. Tout est encore ouvert… comme depuis le début de la crise.

Le second tour des municipales est fixé au 28 juin prochain, est-ce le bon moment, selon vous ?


Christian Saint-André (Chambéry – Liste « Chambéry Ensemble » créditée de 6% des suffrages au 1er tour et éliminée pour le 2e tour) : Je n’ai pas d’avis personnel sur le sujet puisque le Premier ministre a indiqué que ce sera le 28 juin, ce sera le 28 juin. Il n’est pas nécessaire à mon sens de gloser sur le sujet, mais plutôt de se mettre en ordre de bataille pour cette date.

Nathalie Laumonnier a mis la main à la pâte, durant le confinement, notamment pour la confection de masques.

Nathalie Laumonnier (Barberaz – Liste « Un nouveau souffle pour Barberaz créditée de 29.58% au 1er tour) : Cela ne me choque pas.De toutes façons, il faut que les collectivités puissent fonctionner normalement, aussi est-il normal que cela soit le plus tôt possible. Si cela avait été le 21 juin comme c’était prévu initialement, ça aurait été tout aussi bien. En effet, les collectivités travaillent beaucoup avec les entreprises de BTP, les maires et les intercommunalités sont moteurs dans l’économie de notre pays, il faut que cela reparte.
Laurent Ripart (Chambéry – Liste » Chambéry poing levé « créditée de 1.98% au 1er tour et éliminée pour le second tour) :
C’est compliqué, avec les interdictions encore en vigueur sur plein de choses, et l’abstention massive du 1er tour. Cela risque d’être encore pire au second tour, rappelez-vous la participation assez faible à Chambéry. Comment voulez-vous expliquer aux gens qu’il faut qu’ils soient prudents dans la vie de tous les jours et en même temps les appeler à aller aux urnes ? C’est la même situation que pour le 1er tour.
David Dubonnet (Maire sortant à Barberaz – Liste » Barberaz Ensemble « créditée de 35,14% au 1er tour) : Je me pose encore la question et j’avoue ne pas trop savoir. Les gens sont-ils totalement libérés du doute au sujet de cette crise sanitaire ? Le cas échéant, on risque de se retrouver dans une situation similaire à celle de mars, avec une abstention record.

Alexandre Gennaro (La Ravoire – Liste « La Ravoire au cœur » créditée de 38,27% au 1er tour) : Est-ce qu’il y a réellement un bon moment ? C’est trop compliqué, le conseil scientifique a émis des réserves, on se pliera donc à ce qui nous a été dit, tout en n’étant pas à l’abri d’un revirement. Peut-être néanmoins que pour la gestion de la commune et de l’agglomération, avoir un nouvel exécutif assez tôt serait le mieux.
Frédéric Bret (Maire sortant La Ravoire – Liste « Notre parti La Ravoire » créditée de 31,63% au 1er tour) : Je ne sais pas si on peut le savoir. Au premier jour du confinement, j’avais une préférence pour un report à l’année prochaine, cette possibilité n’ayant pas été retenue. Chaque date se drapait de la même incertitude, il existe toujours, pour le 28 juin, cette réserve du conseil scientifique et le 2e tour en septembre allait s’entourer des mêmes incertitudes.

Est-ce à votre avis, une nouvelle campagne qui démarre ? 


Christian Saint-André : En effet, je pense que c’est une nouvelle campagne qui s’ouvre, puisqu’en plus de la crise sanitaire, une crise économique se profile. Tout le monde va devoir s’adapter, et c’est pourquoi j’appelle à une union transpartisane, afin que tous les responsables politiques s’unissent pour ensemble, combattre les mois difficiles qui nous attendent.
Nathalie Laumonnier : Effectivement, on s’est arrêté deux mois, donc on rentre à nouveau en campagne. D’habitude, il y a une semaine entre les deux tours, on a la dynamique et là, nous l’avons moins, forcément. Néanmoins, en tant que conseillère départementale, j’ai continué mon travail comme il se devait auprès des personnes vulnérables durant cette crise, mais il est sûr qu’il s’agit d’une nouvelle campagne, pour ce second tour. 

Frédéric Bret…

Laurent Ripart : Il n’y aura pas de campagne du tout pour moi. Une campagne ce sont des contacts humains avant tout… Personne ne saura jusqu’à la fin quelles listes il y aura, à moins que le cadre change. Après, ce qui se dessine c’est que les maires sortants espèrent que ces élections aient lieu pour repasser, légitimés par leur action durant la crise du Covid. Mais franchement je ne suis pas certain que ça intéresse quelqu’un ce second tour, les gens ne pensent pas à cela.
David Dubonnet : Je ne pense pas, elle sera par contre très particulière du fait de la coupure de deux mois. J’ai du reste été très occupé par la gestion de la crise au niveau de ma commune. Les gens seront dans un entre-deux.

Alexandre Gennaro : Notre programme était tourné vers l’humain, ce qui implique que si nous avions été élus au premier tour, nous aurions pu répondre à certains besoins qui se sont manifestés durant le confinement. On ne part pas d’une feuille blanche, ce ne sera pas non plus une remise à plat, nous repartirons sur les mêmes bases.

Frédéric Bret : Oui je pense que ce sera une nouvelle campagne, dématérialisée parce qu’il nous sera pratiquement interdit de tout contact. Sur la forme, il faudra faire une campagne plus virtuelle, du live, alimenter les réseaux sociaux, ce qui est très frustrant. Sur le fond, ça va rebattre les cartes des priorités des gens.

Allez-vous ou avez-vous, par conséquent, changé quelque chose dans votre liste ou votre programme ?


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