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Bourget-du-Lac : loin des querelles politiciennes, Nicolas Mercat trace sa route avec optimisme
Par Laura Campisano • Publié le 05/06/20
Arrivé en tête du premier tour des élections municipales à Bourget-du-Lac, Nicolas Mercat n’a pas attendu le 2 juin, pour déposer sa liste en vue du second, il l’a fait dès mars. Pas d’alliance, pas de tractations, pas de soubresauts politico-politiciens du côté du candidat bourgetain. Le confinement a permis à son équipe de se former – en visio – et a renforcé sa conviction en faveur de la solidarité et du collectif. De cette campagne assez anxiogène, Nicolas Mercat en parle avec « bonheur ». A la bonne heure.
« Vivre le Bourget-du-Lac » a pris la tête au premier tour (avec 47,34% des voix) d’une élection dont les déchirements de l’actuelle majorité avaient presque éclipsé le plus important : quel projet pour cette commune sur les rives du lac du Bourget, et de quelle manière le conduire ? Nicolas Mercat ainsi que l’ensemble de ses colistiers ont mené une campagne de terrain, ont réfléchi en concertation avec les citoyens et ont créé un programme en conséquence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a, jusqu’à présent, porté ses fruits.
Comment avez-vous vécu la campagne municipale, jusqu’à présent?
Cela a été une campagne très agréable, nous étions beaucoup sur le terrain, au contact des gens. Nous aimons beaucoup le terrain, mes colistiers et moi. Nous avons eu beaucoup de bons moments, avec une équipe en or. Nous avons appris à nous connaître, à développer de bonnes méthodes de travail et vraiment, ça a été un bonheur.
Vous êtes peu à l’avoir vécu de cette manière, mais c’est heureux… de quelle manière allez-vous vous y prendre pour garder cet enthousiasme au second tour ?
Nous abordons cette seconde campagne sereinement. Au premier tour, il ne nous manquait que 44 voix pour être élus avec un taux de participation supérieur à la moyenne nationale sur notre commune. C’est que nos messages vis-à-vis de nos priorités sont bien passées. Pour ce second tour, nous avons déjà commencé à relancer les réunions thématiques sur zoom, depuis le 3 juin dernier. C’est ainsi que nous avions procédé durant toute l’année 2019, en public à l’époque, avec sept réunions thématiques qui avaient réuni quelques 270 participants. Au second tour, ce ne sera pas possible de se réunir en réunions publiques, mais nous poursuivrons notre campagne sur le site, les réseaux sociaux, pour continuer à débattre.
Vous semblez assez éloigné de l’agitation qui a déchiré la majorité actuelle et conduit à la dissension et à deux listes séparées ?
Les gens en ont assez des bisbilles politiques. Nous pouvons faire différemment au niveau communal. Pour nous, ce qui est important, c’est de changer de méthode de gouvernance. Quelques-uns qui décident de tout sans consulter la population, ce n’est plus possible. Nous souhaitons associer les gens, rendre nos décisions efficaces et sortir de la politique des bisbilles, où on en arrive presque aux insultes en fin de séance du conseil municipal. A cause de cela, et du fait qu’ils ne se faisaient plus confiance, ils n’étaient pas assez présent à Grand Lac, il n’y avait pas assez de forces en termes de capacité de travail.
Comment sort-on des « bisbilles politiques », justement ?
Cela demande une vraie équipe, avec 29 personnes qui travaillent. Nous avons profité de la période de confinement pour nous former en interne au rythme de deux à trois formations par semaine, sur l’urbanisme, le budget communal, etc. Ce qui fait que nous sommes prêts. Si les Bourgetains nous confirment leur confiance, nous aurons à voter un budget : les 29 candidats de notre liste savent ce qu’est un budget. Le fait de travailler en équipe augmente le niveau de compétences et de connaissances. Dans les programmes de chacun des candidats, il y a des choses communes, heureusement. Mais la différence est que nous prenons notre temps, pour recueillir les avis de la population. Si vous prenez un sujet comme la « Croix verte » si cela n’a pas fonctionné, c’est bien parce que le projet n’avait pas été concerté, partagé. On a du mal à sortir de l’élu-chef qui décide, il faut réussir à en sortir. Pour cela, il faut beaucoup d’humilité, reconnaître que sur certains sujets, on n’a pas toujours raison.
Cette méthode, de la concertation, de nombreux candidats en ont parlé, de diverses sensibilités politiques. Vous-mêmes, ainsi que vos colistiers, n’avez-vous pas de couleur politique ?
Ces couleurs existent, mais nous n’avons pas souhaité pour cette liste, d’affichage ni de soutiens. Nous voulons rester indépendants. La Préfecture a mis une tendance « divers gauche » à notre liste, nous avons Edouard Simonian parmi nous, ancien maire socialiste du Bourget-du-Lac. A l’échelle du Bourget, ces alliances sont plus faciles et naturelles à mettre en place. Nous n’avons pas demandé aux colistiers leurs couleurs politiques en amont.
Vous avez dans votre équipe des néo-politiques ainsi que d’autres, anciens élus plus chevronnés. Comment cela s’est-il passé ?
La fusion entre les nouveaux venus et les quelques anciens élus s’est très bien faite. Nous avons appris à nous connaître en un an et demi, de ce fait par exemple, la place sur la liste s’est décidée naturellement. Les anciens élus se sont très bien coulés dans la méthode de la participation, malgré leur expérience ils n’ont pas exigé telle ou telle fonction. En tous les cas, chaque personne de la liste aura une délégation, les six adjoints et conseillers municipaux potentiels savent déjà quelles seront leurs délégations, sans surprise, ils savent ce sur quoi ils travailleront tant sur la commune que sur l’agglo. Nous souhaitons répartir les fonctions entre conseillers à l’agglo et à la mairie. L’important, ce n’est pas que le maire soit présent à plein temps sur la commune, mais qu’il y ait toute une équipe à plein temps. Pas uniquement la majorité, nous espérons vraiment faire travailler la minorité avec nous, si nous l’emportons. Il y a sur les listes des autres candidats, des gens très compétents sur certains sujets.
La crise sanitaire que nous avons traversé a-t-elle changé votre vision des choses ?
Elle a souligné l’importance de la solidarité. Nous n’avons pas vécu le même confinement, certains étaient sans revenus, d’autres au chômage partiel, certains comme les restaurateurs ou les indépendants n’avaient plus du tout de revenus ; pour résoudre ce genre de crises, la solidarité de proximité est importante. Pour les relations de voisinage et les activités culturelles, la commune est le meilleur échelon pour les mettre en place, tout comme l’action sociale : devenue compétence de l’intercommunalité, durant la crise du Covid-19, c’est la commune qui a géré les appels aux personnes âgées par exemple. Nous devons retrouver ces éléments de proximité. La crise sanitaire a également mis en lumière un enseignement essentiel en matière de circuits courts, non seulement pour l’alimentaire mais aussi pour d’autres secteurs. Quant au secteur des transports, il est incroyable de constater l’accroissement de l’intérêt des populations pour le vélo, pas uniquement en ville mais aussi dans les communes de petite taille comme Bourget-du-Lac. Cela a un impact en matière de santé publique, le vélo va faire un bond plus important que ces dernières années.
Ces changements notables vont-ils selon vous pouvoir se traduire en actes politiques, au plan local ?
C’est déjà le cas, avec le plan mobilité pour lequel l’Etat est déjà présent, ce qui va permettre malgré les difficultés de Grand Lac (ses recettes vont baisser de 10% compte tenu de la crise, NDLR) de mettre un plan de la même manière que l’a fait Grand Chambéry. Cela va permettre donc de prioriser les projets utiles sur le long terme, qui bien financés, vont créer de l’emploi, plutôt que des projets de « luxe », de « décor ». Il faut garder en tête le rôle des collectivités, qui ont permis d’anticiper la crise. De même pour l’intercommunalité, il est temps de le faire passer d’un « club d’élus » à un vrai travail de territoire. Je pense qu’il est possible d’arriver à une concertation qui serait plus bénéfique.
Pour y parvenir, il faudra contourner la question de l’abstention… comment comptez-vous convaincre les électeurs de se rendre aux urnes ?
Nous allons les motiver ! Il est vrai que le fait de ne pas faire de terrain ne sera pas simple, mais par le biais de l’infolettre que nous envoyons à plus de 600 personnes sur la commune, nous leur rappellerons l’importance du vote. Je ne sais pas du tout dans quel état d’esprit se trouvent les habitants, si le risque sanitaire est plus ou moins élevé par rapport au 15 mars. Je pense que le vote leur est sorti de la tête, entre le déconfinement et l’approche des vacances. Mais nous ferons ce qu’il faut.
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