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Le Bourget-du-Lac : et si Franck Guissant, au second tour… ?

Par Jérôme Bois • Publié le 09/06/20

Candidat de la majorité désigné par un vote interne, désolidarisé de son maire, Marie-Pierre François, Franck Guissant se dit satisfait d’un score qu’il juge « honorable » au premier tour. Conscient, toutefois de n’être que le troisième pion d’un manège à trois et partant de plus loin, il dit aborder les choses « sereinement » malgré tout. 

La pause Covid-19 aura eu le mérite de l’éloigner un temps de la politique. Car pour travailler dans le secteur de la santé publique, Franck Guissant a vécu de près avec ce nouveau coronavirus durant toute la période de confinement. « Je travaille dans une société d’épidémiologie impliquée dans un programme européen, le » Global covid response «, un programme de dépistage et de réponse à cette maladie. J’ai, dès le lendemain du premier tour, eu une charge de travail considérable, j’aborde donc les choses différemment ». 

Solidarité et désaccords 

Tout ce temps, il aura délégué, s’est appuyé sur son équipe pour occuper le terrain et s’engager auprès des Bourgetains. « Cette sortie de campagne rapide m’allait bien, être utile à l’intérêt général a été un vrai facteur de motivation ».
Avec 22,99% des voix, loin de Marie-Pierre François (29,66%) et plus encore de Nicolas Mercat (47,33), Franck Guissant et sa liste Le Bourget c’est vous ont dû débriefer et comprendre ce résultat « honorable » mais en-deçà des espérances. « Nous nous sommes vus en visioconférence, nous avons été étonnés de ce candidat, sorti si vite, si fort »… un candidat passé à 43 voix de la victoire. « Nous imaginions un résultat plus équilibré… Nous avons donc été contraints de repenser notre programme, en réaction à la crise, d’une part, de ses impacts budgétaires, d’autre part ». Pendant la crise, la liste s’est donc mise au service des habitants. « Nous avions demandé et obtenu l’annulation des loyers pour les commerçants locataires de cellules appartenant à la commune ». L’appui financier réclamé pour venir en aide aux familles à faible quotient familial afin que la commune participe aux repas, lui, a été rejeté par les deux autres candidats*. « Ça nous a déçu. Nous avons pourtant relayé toutes les communications municipales mais nous avons senti que derrière ces refus se cachait une arrière pensée politique ».

Le message de Dominique Dord

Pas au bout de ses peines, Franck Guissant a vu passer, également, cette publication émanant de Dominique Dord, le futur ex-président de Grand Lac, qui a appelé de ses vœux à une mobilisation autour de la candidature de Marie-Pierre François**, réclamant même de l’intéressé qu’il se range à ses côtés. « La raison est de notre côté » , estime le candidat, « eux sont dans le déni. Nous avons discuté de notre candidature, entre nous, ce qu’il en est ressorti, c’est qu’en cas de retrait, nos voix et celles de nos électeurs n’iront pas vers le maire. 70% des Bourgetains n’en veulent plus ». Mieux, « ils ont demandé à ce qu’on poursuive notre travail, qui vise à préserver notre cadre de vie, l’environnement. Le conflit droite – gauche, au Bourget instaure un climat délétère. Nous sommes sortis de cet esprit partisan, c’est pourquoi nous avons décidé de rester ».
Les deux autres candidats auraient pris contact, durant ce temps mort, « j’ai eu rendez-vous avec des colisitiers de Mme François, mais nous avions lancé notre candidature sur la base d’un processus démocratique qu’elle n’a pas respecté (lire notre article du 18 novembre 2019), elle s’est montrée toujours plus agressive, pour finir aux insultes, il était dès lors hors de question de nous rallier à elle ».
Si le premier tour a livré pas mal de conclusions, l’une d’elles est la faible représentativité de la dissidence (lire notre bilan du premier tour, en date du 16 mars). A La Ravoire, Alexandre Gennaro a fait plus que résister tandis qu’à Aix-les-Bains (avec Marina Ferrari), à Barberaz (avec Nathalie Laumonnier) et au Bourget (avec Franck Guissant), les trois candidats issus des majorités et partis en opposition à leurs maires respectifs n’ont pas été très heureux. Seulement, le candidat bourgetain réfute cette hypothèse : « Ce n’est pas moi le dissident, puisque notre majorité m’a choisi, la dissidente, c’est elle ». Il poursuit : « Selon moi, les gens n’aiment pas les conflits, cela ne nous a donc pas aidé. Par ailleurs, je n’ai pas une forte notoriété. Alors, bénéficier d’un quart des votes du premier tour, c’est honorable, c’est très encourageant ».

« Pas à l’abri d’une surprise »

Cette seconde campagne, plus expéditive, sera numérique. « Nous organiserons une visio avec les habitants afin de répondre à leurs questions, nous allons aussi tenir un stand au centre-bourg le samedi et le dimanche matin. Nous serons présents dans cette campagne particulière. Le contexte nous empêche d’aller au contact, nous ferons au mieux ». L’agressivité ne sera pas de mise : « Nous avons été jusqu’ici spectateurs des échanges entre nos deux concurrents, nous nous sommes retirés, est-ce réussi ? Je ne sais pas. Ce n’est pas dans notre nature, je suis quelqu’un de plutôt consensuel, écarté de toute démarche partisane. Mon engagement est fort pour préserver notre cadre de vie et faire que nos enfants y vivent aussi bien sinon mieux que nous. Notre ambition, c’est le Bourget ».
Et si le confinement lui a enseigné quelque chose, c’est que « l’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Si on m’avait dit, en février, que nous aurions été confinés durant deux mois, je n’y aurais pas cru ».

* Du fait de la fermeture des cantines, les dépenses de nourriture pour ces familles ont augmenté. L’idée proposée par la liste « Le Bourget c’est vous » consistait à fournir des bons d’achat à ces familles, valables en priorité dans les commerces locaux. « Alors que l’heure est à la solidarité et à la protection des plus fragiles, ni le maire, ni le candidat Mercat, présents à cette commission, n’ont été favorables à cette démarche. Ils estiment que ces familles peuvent eux mêmes solliciter l’aide des services sociaux ».
** Dominique Dord avait écrit, le 8 juin : « C’est bien connu, au premier tour on choisit, au second on élimine ! Au Bourget, malheureusement, l’équipe que j’ai soutenue il y a 6 ans, s’est divisée au premier tour comme à Aix-les-Bains d’ailleurs. Je l’ai vivement regretté et déploré : la division n’est jamais une solution et se termine toujours par un triste gâchis de talents.
Face à cette confrontation, notre électorat bourgetain a donc dû se résoudre à choisir; ce qu’il a fait assez nettement en mettant l’équipe de Marie-Pierre François 6 points devant celle de Franck Guissant. Le deuxième tour aura lieu le 28 juin et de nombreux Bourgetains me demandent ma position pour une clarification. Ma position personnelle est simple. J’ai des amis dans les deux équipes. Mais il n’y a qu’un choix possible. Il faut nous rassembler tous derrière Marie-Pierre François pour éliminer l’équipe de gauche, la plus éloignée de nos convictions. C’est la simple logique des élections à deux tours (…) J’appelle donc l’équipe de Franck Guissant à respecter le résultat du premier tour, à surmonter leurs désaccords avec Marie-Pierre François, et à faire barrage à une aventure verte et rose au Bourget. Je sais combien c’est difficile pour eux. Mais c’est important pour le Bourget, c’est important aussi pour notre agglomération Grand Lac et pour l’équilibre politique de notre Département ». 
Le choix de Marie-Pierre François, il le justifie ainsi : « Elle a été exemplaire dans son travail de vice-présidente à Grand Lac. Son bilan au Bourget, dans un contexte très difficile est bon: elle a investi sans augmenter les impôts et s’est beaucoup investie pour sa commune. Elle a parfaitement su gérer la crise sanitaire. C’est une femme de caractère, on lui reproche, comme le sont d’ailleurs souvent les maires qui sont appelés à trancher tous les jours des questions difficiles. Elle a pu commettre des maladresses et heurter des sensibilités. Mais qui n’en a pas commis ? Acceptons de surmonter nos divisions et nos rancœurs, rassemblons nous derrière sa candidature pour le Bourget. Je redis ma disponibilité et celle de Jean-Pierre Vial si nous pouvons être utiles pour permettre cet indispensable rassemblement ».

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