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Les opinions du Petit Reporter : le courant vert

Par Laura Campisano • Publié le 29/06/20

Ainsi, au terme d’une des campagnes électorales les plus longues auxquelles il nous a été donné d’assister, de participer en tant qu’observateurs et de commenter,  nombre de communes françaises ont «verdi », fleuri même par endroits de rassemblements de citoyens et de listes pluri-colorées politiquement, associations de forces pour de nouvelles propositions. Ce mouvement, nous l’avions observé lors des européennes de 2019, puis lors des nombreuses actions associatives de Youth For Climate, Extinction Rebellion, les marches pour le climat… depuis plus d’un an maintenant, toujours plus actives, toujours plus visibles. Concomitamment, se dessinait le sort de notre planète et les cris d’alarme des scientifiques, les prises de conscience relatives de la population, les passes d’armes avec les plus sceptiques, y compris à de hautes responsabilités politiques, au Brésil ou encore aux Etats-Unis.

Et soudain, un virus obligea les humains, la politique, la campagne, à s’arrêter net. Durant presque deux mois et demi, il a été impératif de stopper notre frénétique course le nez dans le guidon, pour sauver notre peau et celle de nos voisins. Ne plus sortir, ne plus consommer sauf l’essentiel. Très vite, les effets ont été visibles dans l’air, la nature. Et très vite, de grandes envolées sur le monde d’après ont émergé sur la plus grande scène publique jamais inventée : les réseaux sociaux. Tout ceci allait-il porter ses fruits ? En dépit de l’abstention, avec une participation définitive en France à 41%, Annecy, Chambéry, Bordeaux, Marseille, Lyon ont sorti le pavillon vert, parfois teinté de rose, ainsi que nombreuses autres communes en France, concernées par ce second tour. Moins de monde dans les urnes, certes, mais les bulletins ont révélé un choix, une volonté de faire amende honorable sur les mauvaises habitudes ancrées, une envie – peut-être – de tirer des enseignements de cette crise sanitaire inédite. Les listes citoyennes, les primo-entrants, les jeunes, les femmes, ont aussi réussi leur pari quand bien même certains bastions ont pu changer de main, au grand dam des perdants.

En Savoie, Barberaz, Le Bourget-du-Lac, Chambéry ont changé de cap, et même à La Ravoire, en dépit de la défaite de la liste Ecoexistons, de nouvelles manières d’imaginer l’exercice municipal ont pu émerger. Il s’est passé quelque chose hier soir. La gueule de bois, les chiffres bas de la participation, les recours qui tapent déjà aux portes, ne feront pas oublier cet état de fait : le vert a décollé en France, y compris dans les deux Savoie, puisque Annecy à quelques 27 voix près, en a fait de même. Aux premières heures de l’annonce des résultats, déjà, bien sûr, pointaient l’amertume des « catastrophistes » et des émoticônes qui pleurent sur les réseaux sociaux, des sceptiques quant aux alliances et des commentaires dénués de fair-play.  Bien entendu, impossible de passer outre les rares exceptions qui ont viré de bord jusqu’à l’extrême, révélatrices comme à Perpignan et Bruay-la-Buissière, d’un message fort, derrière le vote. En tous les cas, tous ont compris que quelque chose avait changé. Positif ou non, bon signe ou pas, nul ne peut le savoir aujourd’hui. En tous les cas, la pause de deux mois et demi qu’a pris la Terre pour souffler a visiblement porté ses fruits chez les quelques votants. C’est l’histoire d’un colibri.

L.C. 

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