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Michel Dantin, le feu sous la glace

Par Laura Campisano • Publié le 26/06/20

Le premier abord est assez froid, comme distant, plutôt méfiant. « Savoyard », disent certains, amis ou collègues, questionnés sur Michel Dantin. Puis, à l’unanimité, c’est la chaleur humaine de celui qu’ils connaissent parfois depuis plus de 20 ans, qui reprend le dessus. Ce n’est pas un communicant, ni un homme de « show » dans le public, ce qu’il se révèle être dans le privé, loin des bruits de la ville. Portrait. 
Qui est « l’homme » Michel Dantin ? Non pas le politique, le maire, le député européen. L’homme qui se cache derrière les titres et les fonctions. Aussi importante si ce n’est plus que le programme, la personnalité du candidat apparaît pourtant assez secondaire, au moment du choix final. Le capital sympathie permet-il l’élection ? Michel Dantin n’a pas que des qualités même si « on voudrait que le maire soit parfait » nous glissait un de ses amis de très longue date. Pourtant à entendre ceux que nous avons interrogé, c’est un homme de valeurs et d’idées, mais surtout « sur lequel on peut compter, à tout moment de la journée, et ce malgré ses responsabilités, ses mandats », poursuit cet ami, « il est attentif aux peines et aux joies des gens. » Et cet aspect froid, alors, que d’aucuns soulignent ? « C’est une forme de pudeur, de timidité. C’est un vrai Savoyard, mais il suffit de gratter un peu le vernis pour se rendre compte que c’est quelqu’un d’extrêmement sensible et de chaleureux. »  Pour Luc Berthoud, qui le côtoie depuis une vingtaine d’années, « cette retenue, c’est à la fois une qualité et un défaut, il peut apparaître comme trop effacé parfois, mais en même temps, il est authentique. » 
Cette authenticité de Michel Dantin, revient régulièrement dans les témoignages que nous récoltons, ce caractère assez entier, « qui consacre sa vie aux autres » tel que le décrit son « frère d’armes » Xavier Dullin, son ami et collègue politique depuis ses débuts, Dominique Dord « Il ne triche jamais, il ne va pas essayer d’être quelqu’un d’autre que ce qu’il est réellement, il n’est pas capable de travestir sa personnalité ou son comportement. C’est une qualité énorme dans la vie politique, où personne ne dit jamais vraiment les choses. Lui d’une certaine manière, il est assez » cash pondéré «. Il dit les choses comme il les ressent et ça fait gagner énormément de temps, au lieu d’essayer de décrypter pendant 20 ans la personne que vous avez en face de vous, vous l’avez là, devant vous en live. »

La nature et Chambéry, des passions à vie

Né à Lyon, où son père travaillait à la Croix-Rousse, le jeune Michel Dantin a grandi à Chambéry et y est resté très attaché « c’est là qu’il a forgé sa vie professionnelle », nous précisait Xavier Dullin. Ami de longue date, collègue, Renaud Beretti, maire d’Aix-les-Bains, souligne également sa « passion authentique pour Chambéry, tempérée par son humilité naturelle. Ces qualités lui donnent une force tranquille, c’est un élu qui a des convictions enracinées et de vraies valeurs humaines : la simplicité, le respect des engagements, et une fidélité certaine à ses idées, à ses amis. » Lors des vœux à la population, en janvier 2019, il fit d’ailleurs part de son choix politique : quitter l’Europe, se concentrer sur « sa ville » , Chambéry.
Mais son autre passion, visible à la simple observation de son impressionnant CV, est tout ce qui touche aux questions d’agriculture, de nature, la terre. En témoigne pour commencer sa formation supérieure dans le domaine agricole, qui l’a amené très tôt, à s’occuper prioritairement de ces questions auprès des jeunes agriculteurs de Savoie, avant d’accéder à 23 ans, à son premier poste de conseiller municipal, aux côtés de Pierre Dumas. La suite de sa carrière politique ne fera que confirmer cette inclination pour ces sujets : conseiller technique d’Hervé Gaymard, à compter de 2002, alors ministre de l’agriculture, puis de l’économie et des finances, Michel Dantin sera chargé du développement économique durable. Aux côtés de Michel Barnier, devenu entre-temps ministre de l’agriculture, c’est l’aménagement durable et l’enseignement technique qui lui sont attribués. Député européen dès 2009, il participe à la préparation, la négociation et la renégociation de la réforme de la Politique agricole commune (PAC), alors qu’il est vice-président de la commission agriculture. Plus tard, en 2014, il sera nommé secrétaire national de l’UMP chargé de l’agriculture par Nicolas Sarkozy. La liste de ses faits d’armes est loin d’être exhaustive, tant ces questions semblent être centrales, chez Michel Dantin. « Il connaît à la fois la ville et la campagne, dont il est resté très proche, me semble-t-il », confirmera Martine Berthet. Président de la fondation du Bocage, en plus de ses activités politiques, ses préoccupations envers la jeunesse ont semblé perdurer depuis ses débuts dans la vie publique, puisque la fondation administre et gère – entre autres – le lycée de l’horticulture, du paysage et des services, Costa-de-Beauregard.

« On parle beaucoup de » sobriété heureuse « ces dernières années, Michel est comme ça »


C’est sans doute pour cette raison que son entourage met régulièrement en avant son goût pour la nature. « Pour se détendre, il fait son jardin, cultive son potager, reste au milieu de ses poules de ses lapins, il » fait du bois «, parfois durant tout un weekend. Michel a un côté très solitaire, capable de travailler des heures y compris le dimanche », décrit un de ses amis très proches, « on parle beaucoup de sobriété heureuse ces dernières années, Michel est comme cela, il n’a pas de signes extérieurs de richesse, il peut même donner l’impression de s’en moquer. » C’est ainsi qu’apparaissant au milieu de son poulailler, chez lui, dans le quartier de Chambéry-le-Vieux, en réalisant son premier « live » de campagne depuis sa terrasse, le timide Michel Dantin a livré une infime clé de sa personnalité aux internautes, durant cette campagne si particulière de 2020. Ses détracteurs viendront sans doute souligner une contradiction entre sa passion pour la nature et la «bétonnisation » de Chambéry, que ses adversaires politiques lui reprochent, les arbres coupés des boulevards…
Pourtant ses amis décriront tous – sans exception ce qui doit être noté – son humanité. Les épreuves de la vie qui ont, d’après les témoignages recueillis, émaillé son chemin, endeuillé sa famille et placé sur ses épaules le poids de responsabilités familiales, ont sans doute contribué à faire de Michel Dantin un homme qui « ne recule pas devant l’adversité », selon les termes de Xavier Dullin. « Relativement rare »dans la vie « mondaine » politique, « ce qui est tout à son honneur » d’après Dominique Dord, Michel Dantin ne s’affiche pas – hors campagne électorale, cela s’entend – « ce qui peut dérouter un peu, dans une société de communication, d’avoir quelqu’un qui est un » laboureur «, un mec efficace, qui n’est pas un homme d’estrade, quoiqu’il se débrouille bien sur les estrades. Ce n’est pas son truc, ce n’est pas un homme de communication, il ne va pas chercher à l’être. » Sans doute pas homme d’estrade, mais dans le privé, Michel Dantin fait montre d’un sens aiguisé de l’humour, « il peut vraiment bringuer » rappelle un de ses amis intimes, « d’un coup, on peut recevoir un SMS avec une grosse blague de sa part, on ne s’y attend jamais, » renchérit Xavier Dullin. Quoiqu’il en soit, l’autre trait de caractère qui se dessine au décours des discussions est la fiabilité, que tous ses amis, politiques ou non, mettent en avant, « lui qui consacre sa vie aux autres, jusqu’à s’oublier, peut-être. » relève Xavier Dullin, qui s’émerveille de pouvoir travailler « en confiance mutuelle, personne ne craignant le coup fourré de l’autre. » dans la sphère politique.

« Hyperactif, il ne sait pas couper » 

Bien entendu, Michel Dantin a aussi des défauts, le revers de la médaille de cet hyperactif, bourreau de travail, exigeant envers lui-même et fatalement, envers les autres, ne sachant pas couper, toujours présent à sa tâche : « les mains dans le cambouis en permanence, il n’y a pas d’heure pour le travail comme pour le reste d’ailleurs », souligne un membre de son cercle, « il fait tout avec son cerveau, ses tripes et son cœur et c’est pour ça qu’on l’aime. » Dominique Dord, qui a connu Michel Dantin dès ses débuts en politique, confirme cet investissement total. « Il est investi à 100 % dans sa vie publique, la vie publique est sa vie. Il s’est d’ailleurs investi à 100 % comme d’habitude dans la gestion de la crise sanitaire alors que lui-même avait des problèmes de santé. Pour moi, il y a zéro faute. »  « J’ai commencé à travailler avec lui dans les années 90 », se remémore Renaud Beretti, « et c’était souvent tard le soir, j’ai continué à le faire tôt le matin, par exemple lors des risques de crues il y a quelques mois. Michel était toujours présent et volontaire. »
Préservant sa vie privée et respectant celle des autres, il semble donc que Michel Dantin ait les défauts de ses qualités. Ainsi, bien que rare en société, bien que taiseux, bien que discret, bien que n’aimant pas que l’on parle de lui, il est réclamé. « Certains de ses amis ne jurent que par lui », nous souffle Dominique Dord, « Il a été d’une loyauté et d’une fidélité absolue à Michel Barnier. Je trouve qu’il a fait un mandat plus qu’honorable à Chambéry, quand on voit la situation qu’il a trouvé en arrivant qui est l’une des pires que l’on puisse trouver quand on débute un mandat. Je ne vois pas bien ce qu’on peut reprocher à Michel et ce serait un gâchis immense si on devait se passer d’un homme comme lui ». « Il appartient un peu au domaine public, nous sommes tous un peu redevables de ce que Michel Dantin a fait à Chambéry », ajoute Xavier Dullin, « il est respecté partout où il passe. Il a toujours tout fait jusqu’au bout, c’est un personnage attachant. » 
Aussi, à quelques heures du scrutin décisif, au terme d’une campagne qui tranche, à certains égards, avec l’homme qui nous a été décrit, ses amis politiques espèrent, sans pour autant le claironner sur tous les toits, pouvoir continuer à écrire l’histoire du territoire avec lui « J‘espère pouvoir continuer de travailler avec lui », concluait Renaud Beretti, « il y a beaucoup à faire, pour l’aménagement de nos territoires. Je l’ai toujours connu comme un homme de sang froid, calme, solide, déterminé. C’est un homme de réflexion, de dossiers, qu’il connaît parfaitement et d’expérience, ce qui lui permet d’avoir une vision pour sa ville. »  Fondu de sport, et notamment de cyclisme, les défis n’ont pas l’air de faire peur à ce Chambérien de cœur, capable de gravir tous les grands cols des Alpes, alors que la tâche était loin d’être aisée. Cela suffira-t-il pour reconquérir la cité des Ducs ? 

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1 commentaire

Unknown

27/06/2020 à 09:13

Michel Dentin le seul Maire de Chambéry VOTEZ POUR LUI.

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