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Municipales 2020 : à La Ravoire, Fréderic Bret se prépare à se délester de l’héritage

Par Laura Campisano • Publié le 15/06/20

Maire de La Ravoire depuis le départ de Patrick Mignola, Frédéric Bret compte bien cette fois être maire élu par les Ravoiriens, et non plus « le successeur de ». Un programme, une équipe, la liste « Notre Parti La Ravoire »qu’il conduit affiche des convictions lui permettant de s’affranchir d’un héritage dont il semble, à présent, vouloir se détacher. En tous les cas, le candidat Bret a bien l’intention de mener une campagne du second tour tambour battant pour donner de l’éclat à sa commune. Explications.
« Transparence, cohérence, loyauté ». Cela ressemble à une devise que l’on pourrait presque imaginer au fronton de l’hôtel de ville, il s’agit des valeurs qu’affiche Frédéric Bret sur son site de campagne. Un choix qui rappelle son travail à la tête de la commune, à la suite du départ de Patrick Mignola en septembre 2017 et de son élection par le conseil municipal pour la loyauté, son désir de prendre les responsabilités qui lui reviennent et de dispatcher celles qui ne lui incombent pas pour la transparence. Enfin, mettre sa patte et incarner totalement sa volonté politique, telle qu’il l’entend, pour la cohérence. Vu comme cela, les choses auraient l’air simple. Mais la fracture au sein de sa majorité est apparue rapidement et le climat de défiance dans lequel s’ébroue la vie politique de sa commune n’est pas pour lui faciliter les choses « Cela pourrait être beaucoup plus simple, » reconnaît Frédéric Bret, « mais le moral est bon. » Une crise sanitaire plus tard, l’homme admet avoir dû composer avec l’expectative, les difficultés liées au flou artistique ambiant à la tête de l’Etat : « Ne pas savoir est psychologiquement toujours plus délicat », nous confiait-il, « nous étions en suspens au milieu d’annonces toujours teintées d’incertitudes. Quand la date du 28 juin a été fixée, pour le second tour des municipales, au moins étions-nous rassurés sur un point : c’est fixé. » Restait alors à mener campagne…

« La gestion de la crise sanitaire est un bonus mais ne garantit pas le succès »


A ceux qui croiraient qu’avoir géré la crise sanitaire donnait à Frédéric Bret l’impression de croire l’élection acquise, c’est bien loin d’être le cas. Le maire sortant sait que la campagne ne sera pas de tout repos et sait aussi que « ce n’est pas parce qu’on a été très actif parce que la situation l’exigeait que les concitoyens jugeront cela suffisant, je suis assez sceptique sur le sujet. Plus la gestion du maire en place est mise en avant par les médias comme une prime à celui qui a géré, plus le résultat des urnes révèle de surprises. La gestion de la crise sanitaire est un bonus, mais ne garantit nullement le succès du scrutin. »  Sagesse de l’homme d’expérience ? Réalisme surtout : « Nous sommes dans une société de l’anticipation, plus que de l’instantané. La crise sanitaire a pu faire croire aux concitoyens que les collectivités locales étaient écoutées sur les sujets, mais nous n’avons pas été du tout soutenus ! Nous avons tout découvert en même temps que les habitants qui nous reprochaient parfois de ne pas être prêts, ils étaient intransigeants envers nous, alors même que le décret d’application des annonces faites par le Premier ministre n’était pas encore sorti ! » 
Prudence donc, et haro sur les paillettes dans les programmes. Frédéric Bret concède que « peut-être que notre programme ne fait pas assez rêver, mais au moins il est réalisable. » Et c’est ainsi que se révèle une autre facette de la personnalité de cet homme jusqu’ici plutôt d’humeur égale : le candidat Bret sort de sa réserve et prévient qu’il entre en campagne avec la ferme intention de redistribuer les cartes et surtout les responsabilités qui reviennent à chacun. Galvanisé par les situations humaines dont il a pu être témoin au cours des deux mois et demi de confinement, il dit espérer que cette « solidarité vraie, naturelle qui s’est mise en place avant que l’Etat intervienne s’est faite toute seule, notamment auprès de personnes en grande fragilité, dont le voisinage a pris le relais, ce qui est mille fois plus efficace » et puisse durer dans le temps. Pour cela, il martèle que « personne ne doit être laissé au bord du chemin » et qu’il faut donc permettre aux gens qui n’osent toujours pas sortir du confinement, de retrouver la confiance, par le biais des associations principalement, tout comme il convient à son sens de venir en soutien aux petits commerces avec des aides immédiates. « Il convient d’avoir une position d’écoute, » préconise-t-il, « la mairie doit être le guichet unique pour tous, doit apporter des compétences économiques, faciliter grâce aux réseaux les conseils en matière de fiscalité, pour alléger les charges. Plus que jamais il faut remettre la mairie au centre de l’action publique. »

« Je me sens libéré de tout cela, ma candidature clôture le mandat de départ précédent »

Quels enseignements tirer de cette période si particulière – non encore achevée – d’état d’urgence sanitaire et de crise économique naissante ? « Ce qu’il faut revoir c’est l’état d’esprit général, » prévient Frédéric Bret, « et pour commencer il faut cesser de renvoyer la balle, il faut assumer autrement, prendre connaissance des difficultés et les régler. Il faut la volonté de chacun de changer véritablement et prendre grand soin du » nouveau monde «. » Concrètement, le confinement aura soulevé, d’après lui, la question de la mobilité au travail, le télétravail se révélant une bonne expérience tout en mettant en lumière la limite du numérique pour certaines professions, mais aussi la question des circuits courts, des marchés bio, sans pour autant que l’on s’attende à un changement radical et immédiat  « Quelques pratiques vont changer, » estime Frédéric Bret, «mais dans la réalité économique, cela demandera une réelle organisation. Je trouve en tous cas intéressant que les gens se posent des questions dans cette période. L’introspection que le confinement a provoqué n’est véritable que si elle est partagée : le rapport au collectif est un des enjeux de la campagne. »
Cette campagne, justement ; lui indique dans sa nouvelle profession de foi, n’avoir pas vu arriver les critiques incisives de ses adversaires. Fier de sa commune, de ce qu’elle offre en termes de qualité de vie et de sa position, mobilisé pour que La Ravoire ne pâtisse pas d’une image ternie – à tort selon lui – de « ville-dortoir », il s’annonce désormais dans le débat comme libéré du mandat qui s’achève, initié par son prédécesseur, dont il est resté le garant jusqu’au bout, rappelant au passage que la grande majorité des décisions prises ont été votées par tous, y compris ses détracteurs d’aujourd’hui. « L’enjeu du second tour, sur lequel je n’avais pas assez insisté au 1er, c’est que je me présente avec mon équipe pour faire un vrai mandat avec une vraie légitimité, pour affirmer la position de La Ravoire, qui par les services qu’elle propose pourrait pousser ses voisines de l’agglo à prendre leur part à tous niveaux. Les gens m’ont approprié les décisions voulues par Patrick Mignola. C’était une vraie logique d’équipe, nous l’avons suivie en restant en proximité avec les administrés. Mais avec la gestion de la crise, nous avons impulsé des choses et je me sens maintenant libéré de tout cela. Ma candidature clôture le mandat de départ. J’ai envie d’avancer, à l’échelon de la commune comme de l’agglo et j’espère y arriver en collant à la réalité ravoirienne. Il ne faut plus parler au passé, en 15 ans les choses ont progressé, il faut savoir accueillir tout le monde. C’est bien de voir d’où l’on vient, mais il faut regarder devant maintenant. » 

Faire campagne activement et remettre les choses à plat

Débat numérique entre les candidats, lettre de recandidature distribuée en boîtes aux lettres et remise à plat non seulement du débat de cette élection mais aussi des différents points de discussion dans la population, c’est « le souci de cohérence » cher à Frédéric Bret. Oui aux solutions, aux discussions, aux mobilités douces et à la place du vélo dans sa commune, mais surtout avoir des projets, continuer et avancer. « Il ne faut pas promettre sans savoir si les projets que l’on porte seront réalisables : il va falloir nécessairement régler les points noirs. Mais si dans le climat actuel je perds alors que j’ai un souci de transparence alors je m’inquiète vraiment, » tonne-t-il. « La prime à la dénégation et l’agitation pour assouvir des ambitions personnelles, non ! Il n’y a pas de dialogue possible ni aucune envie de collaborer. Dans ce contexte, je comprends pourquoi les gens se détournent du débat public. » Le défi sera donc de mobiliser les foules, surtout les abstentionnistes du 1er tour. « Je suis pour un discours de vérité, ce second tour peut être fatidique. Je ne veux pas utiliser des intonations qui font peur par rapport à ce vote, mais le 28 juin sera déterminant. J’ai trop entendu que j’étais dans un fauteuil, je suis sur le terrain, et nous le serons avec mon équipe pour rencontrer la population, leur expliquer l’importance de la procuration. Je ne veux pas rester dans l’idée d’être attaqué, mais plutôt démontrer aux gens ce que je souhaite, pour l’après. » 
Devancé de 159 voix au premier tour* par son principal adversaire Alexandre Gennaro, adjoint sortant, le maire doit à présent et plus que jamais démontrer aux Ravoiriens, qu’il incarne la fonction. * Alexandre Gennaro avait obtenu au 1er tour 916 voix soit 38.28 % des suffrages, Frédéric Bret 757 voix avec 31.63 % des suffrages et Viviane Coquillaux 720 voix avec 30.09 %. L’abstention était quant à elle montée à 58.24 %. 

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