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Municipales 2020 : « Habemus majorem ! »

Par Jérôme Bois • Publié le 28/06/20

« Voilà, c’est fini… On a tant ressassé les mêmes théories, on a tellement tiré, chacun de notre côté… » Oh que oui, ils se seront tirés dessus. A bout portant, parfois. La forme n’aura pas été l’alliée du fond, les méthodes ont souvent flirté avec la pire des outrances. Mais au final, avec une participation sensiblement plus élevée qu’au premier tour, sur l’ensemble du département (45,30%), les électeurs ont confirmé les tendances fortes nées du premier tour. Sauf à Chambéry, où une vague nationale s’est emparée d’une mairie que l’on pensait citadelle imprenable.

Par où commencer ? Par le tremblement de terre ou la confirmation ? Allez, pour une fois, le meilleur, la bonne bouchée – enfin le plus croustillant – pour le début. La vague verte teintée de rose, rougeâtre par endroits, a frappé ! Thierry Repentin est le nouveau maire de Chambéry, confirmant ainsi que la cité des Ducs semble vouée au basculement perpétuel. Les nostalgiques parleront d’un retour à la normale avec la gauche de nouveau aux affaires dans une commune longtemps marquée par Louis Besson, son héritage, son héritière, durant 25 ans. C’était avant Michel Dantin. L’ancien maire a donc, pendant six ans, remis le navire à flot, a épuré les dettes, a fait « le sale boulot » avant de devoir faire place nette. Curieux, tant la sérénité affichée durant toute la campagne par l’ex maire et son équipe laissait entrevoir des lendemains qui chantent. Ce n’était pas faire injure à son adversaire, nanti d’un score plus que modeste (22%) au premier tour, que d’affirmer que nul ne le voyait refaire totalement son retard (15 points) et ce, en dépit d’une fusion de liste susceptible, le pensait-il, de lui faire profiter de la dynamique de sa nouvelle coéquipière pour six ans. A elle la dynamique, donc, à lui la victoire. Trop simpliste car le duo s’est présenté en tandem, c’est bien le politique rompu, chevronné, qui devrait prendre place sur le trône, à Aurélie Le Meur le poste de super adjointe. 

Pas de « Redantin » !

Les raisons d’un revirement inattendu ? Beaucoup de choses ; Ravet, peut-être, stigmatisant à lui seul la politique choisie par la municipalité Dantin. Les coups bas et les pressions ? Sans doute, les fameuses « boules puantes » ayant déferlé comme les criquets en Afrique de l’Est en mars dernier. La lassitude ? Possible, car la défiance envers cette majorité n’a jamais cessé, souvent générée par des groupuscules, mais qui ont su essaimer. Invasions du conseil municipal, occupations du chantier Ravet, manifestations contre la coupe des arbres, contre la disparition des ATSEM… contre tout, en fait… Manœuvrer lors de ces six années n’aura pas été chose aisée. Et puis, et puis bien entendu, il faut rendre à César ce qui appartient à Jules et Cléopâtre, Thierry Repentin et Aurélie Le Meur ont su faire alliance au meilleur moment, s’entendre sur des points cruciaux pour bâtir un programme au vert prononcé, fait de social, de solidarité, de mobilités nouvelles, de démocratie participative… Les Chambériens ont donc voulu autre chose, à 52,72% (contre 47,28% en faveur de Michel Dantin). Oui, l’ex-député européen a parlé, souhaitant « que ce choix, les électeurs n’aient pas à le regretter. Ce n’est pas mon choix ». Le courant a été fort, dans de nombreuses villes, Annecy avait montré la voie en plaçant François Astorg sur le fauteuil de magister, lui qui avait su composer avec les forces de gauche, les Vert et même l’ex LREM, la députée Frédérique Lardet. Les soutiens à l’attelage Le Meur – Repentin ont aussi été intéressants, de Christiane Taubira à Anne Hidalgo, sans parler des anciens maires, nous l’avons vu et écrit dans ces colonnes. Bordeaux, Marseille aussi ont basculé. L’écologie avait faim. Ou plutôt, les Français avaient faim d’écologie… L’histoire dira si l’alliance perdurera, elles faillissent souvent, disons-le. La clé sera dans la résistance de ce mouvement nouveau face aux péripéties tectoniques, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur.

Quatre maires sur le carreau

Ailleurs, que dire, sinon que la logique du premier tour a été respectée, tellement, même, que c’en était devenu frustrant (pour nous, observateurs) de voir les vainqueurs aux points du 15 mars mettre KO leurs adversaires trois mois plus tard. Oui, Alexandre Gennaro n’a pas fait de détails à La Ravoire, laissant Frédérique Bret à 8 points (40,88% contre 32,99%), pas plus qu’Arthur Boix-Neveu, le nouveau benjamin de la famille (25 ans), dominateur (44,02%) face à David Dubonnet (36,52%), reléguant l’infortunée Nathalie Laumonnier bien plus loin dans la hiérarchie, comme le pressentait Michel Bouvard. Enfin, au Bourget-du-Lac, Nicolas Mercat, en père peinard, a confirmé son avance du premier tour (47%) en gagnant deux points de plus (49,63%). Quatre maires déboulonnés (Marie-Pierre François, Frédérique Bret, Michel Dantin et David Dubonnet). Il y a des hiérarchies qui se démontent et celle de Grand Chambéry vacille déjà. Nous verrons dans les jours qui viennent.  Nous voici donc avec de nouvelles majorités, de nouvelles têtes, « habemus majorem » , oserons-nous, dans un latin approximatif mais de circonstance, la pluie ayant effacé les traces de fumée blanche. Vous en prendrez pour six ans !

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1 commentaire

paul

28/06/2020 à 23:34

Merci de cette analyse, que j'ai trouvée éclairante ( en tout cas elle a éclairée ma lanterne... )

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