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Annecy / Aix-les-Bains : Adrien, à la poursuite du neuvième art

Par Jérôme Bois • Publié le 20/07/20

Devenu « bédéaste » en une paire d’années, Adrien Réné – alias Course de rats – dépeint sa vie dans son oeuvre. Une sorte d’autobiographie déguisée, où il présente le petit quotidien du commercial, son ancienne vie, qui lui allait pourtant bien au teint. Seulement, la bande dessinée est un virus dont on ne s’extrait plus. A tel point qu’elle est devenue, pour lui désormais, un art, le neuvième, qui se transmet.

Course de rats, aka Adrien Réné.
Le rapace, le requin, qui flaire le chaland friable, qui renifle sa candeur jusqu’à prévoir à quel moment il parviendra « à l’entuber » , c’est la définition du « commercial pour les Nuls ». Adrien l’a été – commercial, pas nul – et ça, il l’assume plutôt bien. « J’étais bien dans la relation aux gens. A travers la bande dessinée, je n’avais finalement envie que d’en montrer les facettes à ma façon ». Et ce n’est pas ce qu’en dépeignent les poncifs. Il n’était pas né sous le signe du squale, notre artiste, « le bon commercial est d’abord celui qui est convaincu par ce qu’il vend ». Dans son souci de présenter ce métier raillé sous un jour plus lumineux, Adrien s’est lancé dans la BD, voici deux ans. Nom de code, Course de rats, son pseudo. Bizarre, vous avez dit ? Pas tant que ça. « En anglais, » Ratrace « signifie le cercle vicieux de l’endettement des ménages, une situation inextricable dans laquelle vous vous retrouvez coincé, comme dans une course de rats ». Résultat de ces premiers mois dans la peau d’un sprinter muridé, un premier album, auto-édité intitulé « l’As de la vente » qui narre le quotidien d’un commercial vendeur d’aspirateurs, « sans jugement, de la relation clients aux leviers psychologiques qui en découlent ». Il y a de lui dans ce modeste vendeur. Le dessin n’était à cette époque qu’un loisir, il est devenu son quotidien, jusqu’à l’occuper près de 10 heures par jour. « Je tenais un blog sur le web marketing, mais trop de concurrence et peu d’originalité ont fait que je l’ai traduit en BD. Le patron a ses problèmes, les employés ont les leurs, les prestataires idem… Je veux juste montrer comment chaque membre d’une entreprise voit les choses ». 

Tortueux parcours

Le deuxième tome, « l’Âge du digital » reprend les fondamentaux du premier opus (l’entreprise, les personnages) en intégrant la dimension digitale et les nouveaux moyens de communication à son intrigue. Il sera publié cet été, c’est donc qu’Adrien fait son bonhomme de chemin : le trait est plus sûr, les formes plus affirmées. « C’est mon moyen d’expression » , souligne le jeune Annécien de 29 ans passé par un apprentissage des plus tortueux. Détenteur d’un BTS travaux publics au lycée Saint-Michel à Annecy, d’une licence de langues obtenue par validation des acquis de l’expérience (VAE) à Jacob-Bellecombette, d’un master en commerce et entrepreneuriat, autodidacte en marketing et business, il a été animateur, en hôtel et centre de loisirs, a travaillé dans le BTP puis s’est mis à vendre des solutions web… Le dessin paraît alors bien loin à la lecture de ce périple herculéen.  Lui-même le reconnaît, de ses débuts à aujourd’hui, le crayon s’est aiguisé. Il maîtrise la profondeur de champ, les mouvements, les perspectives. De quoi l’inciter à participer à un concours de BD, en septembre, projet encore secrètement et jalousement mûri, l’homme est bien trop humble pour se hasarder à quelconque gargarisme. « Je m’améliore chaque jour un peu plus. Aussi quand je regarde mes premières œuvres, la différence est flagrante. Mais serai-je un jour pleinement satisfait… » Scénariste et dessinateur, il se plaît aujourd’hui à alterner BD – le 9e art – et dessins humoristiques, dans lesquels transpirent sa verve et son goût pour l’ironie. « Le dessin est un peu la déformation de la BD. Cette dernière est un véritable marathon, à titre de comparaison, je la préfère ». Toutefois, il peut bien se livrer à un sprint de temps en temps…

« Fais-le ! »

Alors qu’il ne cesse d’améliorer son trait, voici que lui a pris l’envie de transmettre, déjà. Une chaîne Youtube est bien en gestation mais ses ateliers, eux, ont déjà commencé. Ils s’adressent autant au jeune public qu’aux adultes, se déclinent en trois formules, initiation, réalisation d’une BD, cours particuliers. Tout est parti de la promotion de « l’As de la vente ». « J’ai réalisé des plaquettes explicatives qui repassent toutes les phases pour se lancer dans la BD : la scénarisation, le choix des personnages, la construction d’une planche, l’ordre des bulles de dialogue, l’encrage, le gommage… » Exposées dans les MJC d’Aix-les-Bains (73) et de Cran-Gevrier (74), les plaquettes le seront au Polyedre, à Seynod (74) durant tout le mois d’août, dans le cadre de ces ateliers. « Grâce à eux, je touche à autre chose, au ludique et à l’échange ».  Adepte du just do it (juste fais-y, en savoyard) qu’une marque à la virgule a popularisé, Adrien a fait sienne cette citation de Johann W. van Goethe, « Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie ». Un rêve poussé jusqu’à l’animation puisque le voilà réalisateur d’animés, avec le concours du club des cinéphiles d’Aix-les-Bains. « Quel que soit ton projet, ce qui compte, c’est l’émergence. Fais-le ! » Parce qu’un marathon, aussi long, fastidieux et éreintant soit-il, nous maintient toujours en mouvement.

Découvrez Adrien Réné, alias Course de rats à travers son site dessin-humoristique.fr et sa page Facebook.


Tous les commentaires

1 commentaire

Unknown

21/07/2020 à 02:01

Bravo et merci au petit reporter pour ce super article sur la bande dessinée.

J'en profite pour ajouter que je présenterai l'âge du digital au Festival de la BD au grand port d'Aix-les-bains le 21/11/2020.

En espérant que vous couvrirez l'événement. A bientôt !

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