Propulsée sur le devant de la scène politique chambérienne, grâce à son engagement dans le mouvement citoyen, Aurélie Le Meur est aujourd’hui en double binôme : première adjointe de Thierry Repentin à la mairie de Chambéry et vice-présidente de la Communauté d’agglomération Grand Chambéry aux côtés de Philippe Gamen. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agissait pas d’une ambition personnelle, guidée par le pouvoir. Le résultat d’années d’expérience dans la cohésion des territoires et l’engagement associatif, sans doute davantage. Portrait.
Aurélie Le Meur a gardé un fil rouge : la confiance. Depuis notre première rencontre à l’aube du premier tour des élections municipales, jusqu’à son élection, jeudi 9 juillet 2020, à la vice-présidence de Grand Chambéry, c’est une totale maîtrise de soi qu’elle affiche et qu’elle ressent, malgré, on l’imagine, l’adrénaline. Le sourire aux lèvres et la petite étincelle dans les yeux, c’est une constante, cela se voit à l’œil nu, loin de toute flagornerie. Exit la peur, qui en ferait paniquer plus d’un, citoyen non aguerri à la politique pour un premier mandat. « J’aime bien les choses intenses, dynamiques, surprenantes,. J’aime l’inconnu mais je suis consciente, je me laisse porter » explique celle qui, il y a dix ans, était en Amérique Latine à la recherche des initiatives portées par les habitants, principalement dans des pays où l’Etat n’intervenait que peu ou pas. Un parcours qui lui a sans doute donné l’appétit de l’aide, du soutien aux populations, du dialogue et de la concertation. Ce qu’elle a emmené avec elle à la mairie de Chambéry, qu’elle partage avec Thierry Repentin, élu maire le 4 juillet 2020. « J’essaie de proposer cet état d’esprit », sourit l’adjointe, « même si ce n’est pas un point de vue répandu dans la population. Il faut former à avoir une capacité d’adaptation. » Et c’est peu de dire qu’il va falloir composer avec la pluralité des personnalités, de sensibilités différentes, certains aguerris, d’autres débutants. Ce qui n’effraie pas Aurélie Le Meur, loin de là, entraînée à la « dimension collective » depuis l’enfance.
Du bout du monde à Chambéry avec l’ambition de « sauver la planète »
Née en 1981 en Basse-Normandie, Aurélie Le Meur a grandi dans la ruralité et la nature, au plus près du Parc naturel régional. « Mon enfance était tranquille, dans un milieu modeste » se remémore l’élue, « les vacances avec le comité d’entreprise de mon père m’ont permis très vite de découvrir la dimension collective » et de prendre goût, visiblement, au partage de l’espace, qu’elle découvrira également à l’internat, quand elle ira poursuivre ses études. Ambition ? « Sauver la planète », ce qui découle clairement de son parcours universitaire et de ses stages, qui l’amènent à bouger en France d’abord, Tours, Metz, Nice avec un master « gestion de la planète », avant un stage avec l’institut de recherche pour le développement à Dakar, puis d’un an au Cambodge avec une ONG, afin de permettre aux populations de vivre en autonomie : développement de l’agriculture durable et relance de l’artisanat, entre autres, au programme. « L’accompagnement du changement », des mots qui résument plutôt bien le parcours d’Aurélie Le Meur. Forte de toutes ces expériences, elle décide de venir mettre ses connaissances et son énergie au niveau local, chez elle, en France. Postulant à un poste de chargée de mission « développement durable et dialogue territorial » au sein de Savoie Vivante, qui deviendra ensuite l’agence Alpine des Territoires, Aurélie Le Meur s’installe en Savoie, à Chambéry précisément. En 2010, elle part en Amérique Latine avec une amie également impliquée dans l’économie sociale et solidaire, et passe six mois entre le Mexique et l’Argentine, prenant conscience que les modes de fonctionnement basés sur les initiatives citoyennes nécessitaient des « prédispositions culturelles. » Devenue directrice de la structure en 2011, chargée des pôles lien aux populations et écoute des territoires et concertation, jusqu’en 2019, il semble aujourd’hui évident de la retrouver aux fonctions dont elle prend la mesure à présent.
« Je n’ai pas pensé du tout que je serai là aujourd’hui »
Car si cela apparaît logique à la lecture de son parcours, l’épopée électorale n’était pas au programme de son plan de carrière, de son propre aveu. « Je n’ai pas pensé du tout que je serai là aujourd’hui, je ne l’avais pas projeté. » explique-t-elle, « j’ai travaillé avec une équipe dans l’association Dynamique citoyenne durant 3 ans, à rechercher et trouver des solutions pour améliorer les choses en matière de développement durable, à sonder et écouter les habitants. Ce n’est qu’à l’issue du 1er tour que j’ai réalisé que ce que nous faisions pesait dans la balance électorale. Ensuite il y a eu le confinement, où j’ai eu, de fait, le temps d’atterrir. C’est une succession d’événements qui m’a conduit où je suis, mais je me sens confiante, la bonne personne au bon endroit, soutenue, pleine de ressources et d’ambition. » Fraîchement intronisée au poste de « super-adjointe » à la mairie de Chambéry, aux côtés de Thierry Repentin, à l’issue d’une fusion de listes, Aurélie Le Meur balaie d’un revers de main les critiques et le scepticisme qui entourent cette équipe atypique : « Notre équipe a été soutenue par un large rassemblement, allant de l’UDI au parti communiste, l’ouverture, la volonté de pluralisme, c’est ce que nous portons. C’est à la fois un alliage de l’expérience, des compétences, du renouvellement. Je crois en la capacité d’évolution des personnes, et aussi, que pour faire changer les pratiques » du système «, il faut être dans le système. Nous devons apprendre à vivre tous ensemble. C’est mon premier engagement politique j’ai toujours regardé ça de loin et j’ai constaté qu’il y avait régulièrement une alternance. Nous avons pris nos responsabilités en nous engageant ensemble. » L’engagement commun, vu de l’intérieur, semble donc limpide, sans anicroche, « Thierry Repentin a fait de très belles choses pour le territoire, il a une vision, le sens du pilotage des structures, il est capable de composer avec différentes sensibilités. Ensemble, nous proposons des alternatives pour Chambéry, nous ne perdons pas nos idéaux, nous nous engageons. Nous prenons juste nos responsabilités, en nous adaptant, en étant pragmatiques, nous serons élus de tous. » Bien entendu, il y aura des moments creux, mais l’élue se dit prête y compris quand « nous ne pourrons pas faire exactement tout ce que nous voulons ». En mars, avant le premier tour, les commentateurs raillaient la liste Chambé Citoyenne, les moquant gentiment en les qualifiant d’utopistes et de doux rêveurs. Arrivés ex-aequo au premier tour avec une autre liste plus aguerrie, le vent a semblé tourner en leur faveur, portant leur cheffe de file aux fonctions de première adjointe et de vice-présidente de l’Agglomération. Fustigée par leurs opposants, la fusion « Demain Chambéry » qualifiée de « système – anti-système » comme cela a pu être lu çà et là, a remporté le scrutin, mais cela ne semble pas les atteindre. Comment Aurélie Le Meur fait-elle pour garder cette apparente tranquillité ? « Je ne me pose même pas la question », relève-t-elle, « il faut une différence de points de vue pour enclencher le changement du système. Avec le mouvement citoyen, nous avons vu des gens qui voulaient un changement, des jeunes, ouverts, progressistes. Nous nous sommes engagés sur cette base-là. Chambéry et la Savoie sont plurielles, avec une tradition d’équilibre, des exécutifs partagés. L’esprit est à la mixité, au consensus. Il fallait simplement structurer la mobilisation citoyenne, afin de la faire entendre davantage. » Double binôme, double défi ? A suivre…
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1 commentaire
lecomtois
19/07/2020 à 23:07
http://tvnetcitoyenne.com/news-details.php?page=content&type=articles&idcontent=482
Lien intéressant et qui a l'avantage de donner un éclairage politique à une actu politique.