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Chambéry : le 44e festival de BD est sur les starting-blocks !

Par Laura Campisano • Publié le 22/07/20

Compte tenu du contexte sanitaire, nombre de festivals ont été contraints d’annuler et/ou de reporter leurs festivités, ce qui s’accompagne d’un casse-tête administratif et financier. Les festivals littéraires ne font pas exception puisque la 33e édition du Festival du 1er roman de Chambéry prévue en mai* et la biennale du livre savoyard de Faverges ont été contraintes de déclarer forfait. En tout, 370 festivals de BD ont été annulés en 2020 en France. Il reste toutefois des irréductibles, comme bullerait Uderzo : celui de Chambéry se prépare à recevoir ses aficionados du 25 au 27 septembre 2020… et a pour cela dû sortir les grands moyens.
Il ne manque plus que le feu vert de la Préfecture et tout pourra commencer, pour de bon. Serge Ripoll et son équipe ont travaillé d’arrache-pied pour que cette 44e édition se tienne dans les meilleures conditions sanitaires possible, afin d’accueillir les 10 à 12 000 visiteurs habituels de cette grande fête de la bande-dessinée. Président de l’association du Festival international de la Bande dessinée de Chambéry depuis 1990, Serge Ripoll garde un calme olympien, et c’est peu dire que c’est nécessaire, vu l’importance des aménagements qu’il a dû mettre en place afin de respecter les normes sanitaires imposées par la situation que connaît le pays aujourd’hui. 

Une organisation millimétrée et des frais supplémentaires


Le Manège a été entièrement repensé pour l’occasion, le nombre d’auteurs diminué, passant de 40 à 27, qui tourneront toutes les deux heures, et seront annoncés 30 minutes avant leur arrivée sur les stands de dédicace pour éviter les files d’attente trop longues. Rien n’a été laissé au hasard. « Nous avons enlevé deux stands de la grande salle pour permettre une meilleure circulation, et garder un espace assez large pour les files », détaille-t-il, « pour la petite restauration, chacun sera habillé en conséquence, et il en sera de même sous le chapiteau installé en face du Manège. Les auteurs seront présenteront leurs albums par 7 pour 13 places disponibles et ils seront séparés par des plexiglas entre eux et du public, ils auront des masques en tissu à leur disposition ainsi que des visières, au choix. » Poste de dépense le plus important ? Le plexiglas bien sûr, Serge Ripoll souhaitant plus que tout qu’auteurs, bénévoles et public soient en sécurité. « Le plexiglas est présent partout, sur les stands, pour les hôtesses de caisse, pour chacun des éditeurs, à chaque poste où cela est nécessaire », explique le président du festival, « c’est une dépense conséquente, un budget qu’il a fallu rajouter au reste des frais nécessaires à l’organisation de ce grand rendez-vous. Mais c’est nécessaire, et nous allons faire en sorte de le conserver en bon état. » Mais ce n’est pas tout bien sûr, le gel hydroalcoolique, le papier, les masques… rien n’a été négligé.  Tous ces aménagements, les conditions d’entrée et de sortie, l’installation de poubelles à la sortie pour y déposer les masques usagés, sont à présent dans un dossier entre les mains de Louis Laugier, qui doit donner son feu vert, en tenant compte des conditions sanitaires et de l’évolution de la reprise de l’épidémie. 

Philosophes, organisés et confiants, les organisateurs se concentrent maintenant sur l’événement 

« Nous sommes une poignée à tout organiser », reprend Serge Ripoll, « et après la crainte des premiers mois, la sortie du confinement où il a fallu de nouveau rassurer les partenaires sur la faisabilité du festival, pour les encourager à nous accompagner, monter les dossiers de subventions, ça n’a pas été simple, mais on se dit qu’on va y arriver. » Philosophe donc, et confiant à l’instar de son équipe. Son secret ? Panoramix dirait qu’il est tombé dans la BD étant petit, Serge Ripoll s’en amuse.  « Je reste calme parce que cela fait longtemps que j’organise le festival maintenant. Juste avant nous, il y a le salon du tatouage, juste après nous, les » extras du festival du 1er roman de Chambéry «. Après Saint-Malo et avant Angoulême, qui se tiendra en janvier, le festival de BD de Chambéry est le dernier gros festival du genre, le public est ravi. »   D’autant qu’en dehors des aménagements sanitaires et des casse-têtes administratifs, la 44e édition a des pépites à proposer dans un programme assez riche : un invité d’honneur prestigieux pour les connaisseurs : Roman Surzhenko, l’auteur de la série Thorgal, pas moins de trois expositions, dont l’une à Malraux y est consacrée et l’autre, Irina « l’histoire vraie d’une héroïne oubliée » à la cité des Arts**, un BD concert en partenariat avec la MJC de Chambéry, « un océan d’amour », des vikings plus vrais que nature qui iront à la rencontre du public et bien entendu, entre autres choses, la cérémonie de remise des « éléphants d’or »*** aux professionnels de la BD. Un bon cru en préparation, donc, que cette 44e édition. Mais si la Covid devait contraindre le Préfet à en décider autrement… « nous serions contraints de l’annuler, il serait trop compliqué de le repousser. Nous tentons un coup de poker, le mois de septembre c’est le top du top », reprend Serge Ripoll, « il y a beaucoup de nouveautés, nous recevons à la fois des nouveaux auteurs et des anciens. Nous sommes confiants, ça devrait bien se passer. » Quant aux autres festivals de Bd qui fleurissent dans les deux Savoie, comme Aix-les-Bains ou Bellegarde, l’irréductible président précise, avec sagesse « qu’il y a de la place pour tout le monde », lui qui est à la tête du 2e plus ancien festivals français du genre, ne craint plus rien, ni même que le ciel lui tombe sur la tête, c’est dire. * La 33e édition du Festival du 1er Roman de Chambéry a été annulée en mai dernier mais une autre manifestation « les extras » se déroulera du 9 au 11 octobre 2020. 

** Cette exposition aura vocation à tourner dans les établissements scolaires et les CDI locaux à compter de la rentrée scolaire 2020. 

*** la statuette des éléphants d’or a été dessinée par Franquin.

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