Samedi 4 juillet, jour d’indépendance outre-Atlantique, marquait l’entrée en grâce du nouveau maire de Chambéry, fraîchement élu avec 52,75% des voix, dimanche 28 juin. Une entrée en matière qui devait montrer, dans la forme, que la gouvernance avait bel et bien changé, que la rupture avec la précédente mandature avait bien été consommée. Sur le fond, il faudra attendre les prochains mois pour juger.
La plus longue élection municipale de notre temps a définitivement pris fin, ce 4 juillet, lorsque Thierry Repentin a endossé ses habits de lumière, au Manège. L’élection du maire n’a pas fait l’objet d’un doute puisqu’il était seul candidat. C’était écrit, c’était son histoire. Le conseiller départemental, régional, ancien sénateur, ancien conseiller municipal, ex-président de Chambéry Métropole et ex ministre a endossé un nouveau costume, sans tremblements, et a d’ores et déjà posé sa griffe sur une gouvernance toute virginale.
Renouer le « lien rompu avec les habitants »
19 adjoints, dont six chargés des quartiers, 13 pôles et à chaque conseiller, une délégation. « Le travail de l’équipe municipale est organisé sous forme de pôles thématiques qui associent les adjoints et 15 conseillers délégués. Chaque pôle étant animé par un adjoint référent » , lisait-on sur la fiche explicative. Une méthode nouvelle tenue de déployer, dans la ville, un maillage complet, chaque citoyen devant trouver un élu référent aussi près de chez lui que possible. Le « défi immense » , imposé par cette victoire électorale, va conduire son équipe à un travail des plus intensifs, cet été, puisque trois séances seront au menu du mois de juillet. « Nous n’avons pas été élus par tous, nous serons les élus de tous. Nous avons un devoir d’unité et de cohésion. C’est une aventure collective qui commence. Le défi est d’engager les transitions, nous le ferons avec lucidité, sans autoritarisme » indiquait-il en préambule. « Nous avons clairement expliqué que nous souhaitions que le lien rompu avec les habitants soit renoué, ils disposeront des disponibilités que vous ne leur avez pas assez données ».
Vous ? Les membres de la majorité Dantin, aujourd’hui voués à s’agiter dans le camp d’en face, celui des vaincus. Une position qu’ils comptent occuper avec entrain : « Nous prenons acte du choix des Chambériens. Plus de 60% d’entre eux n’ont pas souhaité s’exprimer, c’est un défi lancé à chacun d’entre nous. La situation est nette, il nous faut l’accepter. Nous serons engagés dans ce combat, attentifs à ce que l’économie, le tourisme, la sécurité, l’attractivité de la ville ne soient pas mis de côté, à ce que la culture soit acceptée sous toutes ses formes, à ce que le sport d’excellence ne soit pas montré du doigt, à ce que le numérique ne devienne pas un gadget, à ce que l’écologie ne soit pas punitive ». Tels étaient les mots d’Aloïs Chassot, soucieux d’exister malgré l’infériorité numérique et de provoquer le débat durant les six années qui arrivent. Des mots qui trahissaient aussi et surtout une nette envie d’en découdre, comme en témoignait cette première pique, adressée à la néo-majorité : « Votre première délibération va à l’encontre de ce qui avait été fait sur le dernier mandat, vous revenez à 19 adjoints, comme c’était le cas jusqu’en 2014. Nous en avions réduit le nombre, vous l’augmentez, ce qui va faire grimper les frais de fonctionnement. Comment allez-vous trouver une somme de près de 750 000 euros ? » Une interrogation qui restera en suspens, au moins jusqu’à la prochaine séance, celle du 10 juillet. « L’enveloppe financière est délimitée par la loi, nous resterons dans cette enveloppe. Vous pouvez tenter d’effrayer, vous serez rassurés » , a promis Thierry Repentin, comme monolithique face aux tentatives d’érosion de son autorité. Applaudissements nourris dans la salle.
« Des projets sont sortis, en cours, tous ont été financés »
Michel Dantin avait été de cette espèce, toujours solide sur ses appuis face aux courants contraires. Jouer l’offensive tout crin n’est clairement pas son jeu favori, son discours, sitôt l’élection du maire actée, s’est voulu d’une stricte sobriété, courtois mais fort de quelques avertissements finement adressés : « Il m’appartient de saluer l’équipe majoritaire. Je ne peux que vous souhaiter le succès.Une large majorité a choisi de ne pas choisir, il est trop tard pour avoir des regrets mais je veux aussi leur dire qu’à mes yeux ils auront un droit limité à la critique de votre action puisqu’ils ne sont pas exprimés dans les urnes. Vous voilà à la tête d’une ville dont les finances ont été assainies, d’une ville qui a connu un rebond économique avec quelque 2 000 emplois créés. Des projets sont en cours, d’autres sont prêts, tous ont été financés ». Il cita le stade, les Combes, Vétrotex, Cassine… L’ancien député européen s’est fait fort de défendre son bilan tout en mettant en garde une majorité que l’on sait désormais parfumée de social, d’écologie, de solidarités… « La faiblesse de Chambéry est celle du pouvoir d’achat de nos concitoyens. On n’assure pas le bonheur des Chambériens par des aides et des gratuités mais par la création de nouvelles richesses ». Une séquence applaudie, elle aussi.
Derrière, la nomination des 19 adjoints ne fit aucun détail, chaque conseiller y allant de son message d’espoir et d’engagement à l’endroit des Chambériens. Ils ne seront pas de trop pour tenter de réenchanter les gens avec une politique dont ils ne cessent de se détourner. Avec une participation à 39%, la cité des ducs pointe parmi les bonnets d’âne du département. Et Thierry Repentin, avec son confortable 52,75% n’a, par rapport au nombre d’inscrits, convaincu que 20,22% des électeurs chambériens. « Impulser un changement de modèle, d’organisation » , « s’investir dans une ville où personne ne doit être oublié » , « construire une ville solidaire, écologique, inspirante » , des idéaux exprimés par Aurélie Le Meur qui seront peut-être la voie vers ce réenchantement… Sous peine de voir Chambéry jouer les girouettes dès les prochaines joutes électorales. On a hâte de voir ce petit monde s’activer face aux défis de la crise de confiance des électeurs, de la crise économique à venir, de la crise sanitaire très actuelle. « L’action est déjà le début d’un engagement ».
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