Alexandre Gennaro, élu par 40,88% des votants le 28 juin, a été intronisé maire de la commune, vendredi 3 juillet, par son conseil municipal. Une première séance réduite à ce vote et à celui de l’équipe des huit adjoints*, et surtout marquée par une prédiction : les six années à venir ne seront pas de tout repos pour lui et son équipe. Pour ne pas dire à la hauteur des deux ans qui viennent de s’écouler.
Ah, ces Ravoiriens ! Quelle chance ils auront eu de vivre ce trépidant feuilleton au long cours, gavé de rebondissements jusqu’à la gueule et si riche en coups d’éclat scénaristiques ! Combien de fois ce scénario s’est-il joué de nous, de nos prévisions, de nos nerfs ? Qu’allait-il bien pouvoir se dérouler de croustillant sous nos yeux usés par tant d’aventures, ce 3 juillet ?
En vérité, il n’y a rien de véritablement réjouissant à voir se déchirer des élus, même lorsque le bien commun est à ce prix. La résignation se dispute à l’incompréhension. On appellera cela « la force de l’habitude ». Face à une assistance compacte, halle Henri-Salvador, nous guettions, aguerris que nous sommes, le premier coup de hallebarde, nous humions l’odeur du sang. Parce que ce festin de près de deux ans ne pouvait raisonnablement pas se tarir par le vote d’une poignée de Ravoiriens**, un soir pluvieux de juin.
Frédéric Bret a donc ouvert le bal, juste avant de transmettre le témoin à son ancien adjoint, évoquant « un scrutin » qui aura « sanctionné un mandat particulier, de transition » , au parfum « amer ». « J’ai tenté de tenir avec loyauté les engagements de 2014, me voici sanctionné ». La plaine sportive, le nouveau dojo, le Roc Noir, la reconstruction de la ville sur elle-même n’ont pas été des arguments suffisamment persuasifs. « J’ai fait le choix de l’action là où il aurait été plus facile de ne rien faire » , ajoutait-il. « Ce choix partagé a confirmé l’adage : Fais attention à qui tu te confies, une oreille à l’écoute peut devenir une bouche qui te trahit ». Un sentiment toujours vivace. Il se souviendra « d’une campagne délétère » , délétèreparce «qu’on ne peut pas être d’accord avec les attaques personnelles » , de celles qui « ne vous grandissent pas ».
Une plainte à venir ?
Ainsi, après la plainte pour diffamation déposée en mars à l’encontre de Jean-Louis Lanfant, son ex-adjoint aux finances, qui redeviendra celui du nouveau maire à l’issue de cette séance, l’ancien propriétaire du fauteuil exprimera son intention d’en déposer une nouvelle, contre cette fois une colistière – non élue – d’Alexandre Gennaro, « commerçante de votre équipe qui m’attaque délibérément avec un jeu de mot grotesque qui, au-delà de ma personne, attaque mes enfants, mes parents ravoiriens et toute la famille Bret ».
L’objet du délit, une phrase, postée le soir même du second tour, une fois le résultat révélé, sur les réseaux sociaux, impliquant une comparaison équine pas vraiment du meilleur effet. Post qui a bien entendu été effacé ce même 3 juillet. « Pour l’équipe qui prétend défendre le petit commerce, reconnaissez que c’est atypique, déplacé et que manifestement, elle confond concours agricole et élection municipale ». Les fins connaisseurs sauront établir le lien entre le propos et le commerce concerné. « Je vous laisse une page blanche » , conclut Frédéric Bret, en plus d’une poignée de cendres encore chaudes. Il ne cédera rien de son bilan et se fera farouche contradicteur, c’est désormais une certitude.
Doyen du conseil, Jean-Louis Lanfant présida alors une séance, « qui clôture des mois de tension, de sentiments contradictoires » , désirant laisser cela, désormais, « aux historiens et aux exégètes amateurs ». Dans plusieurs décennies, sans doute ne restera-t-il de cette aventure aux contours grossiers que quelques vagues souvenirs en pointillés. Pourtant, samedi 4 juillet, la page Facebook officielle de la commune avait tout simplement interdit la possibilité de commenter les posts municipaux, en raison d’attaques personnelles à l’encontre de certains élus. L’odeur du soufre plus que du sang semble avoir pris l’ensemble de la ville par les naseaux.
Loyauté et transparence
Il fallait toute la retenue d’Alexandre Gennaro, vendredi soir, pour rappeler que l’élection du maire était avant tout la réunion heureuse d’une équipe victorieuse. « Le temps n’est plus à la polémique. Mon projet est bâti sur l’humain, vise à mettre de la vie dans les quartiers, grâce à plus de proximité, plus d’écoute et plus de dialogue. Si l’on néglige la place de l’humain, l’élu ne sert plus à rien. C’est votre commune, il faudra que l’on travaille tous ensemble ».
A la tête de la troisième commune de l’agglomération, il a réaffirmé vouloir « peser dans les débats » afin d’obtenir « des bus en centre-ville et faire que chacun ait sa place » à La Ravoire. Bien sûr, Alexandre Gennaro ne put passer outre les banderilles, il s’est dit « attristé de voir que malgré le scrutin, certains continuent à essayer de nous entre-déchirer. L’heure est grave, nous traversons une crise sans précédent, le moment est venu de tourner la page ». La France pleine de défiance, celle qui demande à être réenchantée par la politique, se satisferait-elle de promesses de loyauté et de transparence ? « Nous l’avons écrit sur le papier, c’est pourtant dans les actes que nous allons devoir en faire preuve, pas en faisant la Une des journaux tous les jours ».
Ce serait une première et grande victoire que d’y parvenir.
* Jean-Louis Lanfant, Chantal Giorda, Fabien Grillot Josephine Kudin, Gregory Basin, Emilie Dohrmann Samuel Caillaud et Karine Poirot ont nommés adjoints.
** Ils n’étaient que 43,95% des inscrits à s’être présentés aux urnes, dimanche dernier, soit 2 567 Ravoiriens sur les 5 841 inscrits.
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