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Barberaz : dans les premiers pas de maire d’Arthur Boix-Neveu

Par Laura Campisano • Publié le 24/08/20

Élu à la suite du second tour des élections municipales du 28 juin dernier, Arthur Boix-Neveu est l’un des plus jeunes maires du sillon alpin, le plus jeune des bassins chambérien et aixois. A 25 ans, il semble rester, depuis que nous l’avions rencontré à l’annonce de sa candidature, aussi serein et passionné par la chose publique. Quelques mois après son élection, nous avons voulu savoir comment se passaient ses premiers pas de jeune maire d’une commune d’un peu moins de 5 000 habitants. 
Succéder à David Dubonnet, qui a tiré sa révérence après deux mandats successifs, n’est pas une mince affaire, on le devine. Arthur Boix-Neveu souhaitait incarner un changement, il a créé la surprise, en devançant d’une courte tête le maire sortant dès le premier tour des élections, malgré un contexte sanitaire complexe. Une fois installé dans le fauteuil de maire, les choses sont-elles très différentes de ce que l’on en pensait, ou bien était-il préparé à tout ?

Comment allez-vous, quelques semaines après avoir endossé le rôle de maire ? « Ça va bien, même si n’ayant pas encore réduit mon temps de travail, je suis un peu fatigué. Je suis encore à 100 % sur la Préfecture d’Annecy et il faut aussi booster les dossiers. Heureusement j’ai une équipe ultra-compétente; ce qui m’aide plutôt bien sur la gestion des dossiers, comme l’enseignement, les travaux, sur le social et les finances, mon adjointe aux finances a réalisé un super audit. Je jette un œil de temps en temps, mais tous se débrouillent très bien. Ma première adjointe, qui gère les dossiers de marchés publics, est en train de les reprendre un par un pour regarder les clauses etc.
Y a-t-il eu des surprises ? On s’est rendu compte que peu de choses avaient été faites dans les règles et que la commune n’était pas forcément bien favorisée dans les marchés publics, faute de clauses adéquates, les contrats sont assez chers, ne respectent pas forcément les règles… Donc nous sommes en plein travail là-dessus, pour être en mesure de faire un point précis à l’automne.

« La commune a vécu au-dessus de ses moyens pendant six ans »

Mais encore ? Nous avons pu prendre connaissance du prix de certains éléments de mobilier par exemple, il y a pour environ 100 000 euros de tables et de chaises, ce qui fait que nous avons des marges de manœuvre assez faibles. Il y a également un emprunt qui, sur dix ans, va imputer assez durement notre capacité d’investissement. En fait, mon prédécesseur a dépensé quasiment tout le foncier que la commune avait. Donc la commune a vécu au-dessus de ses moyens durant six ans et quand on voit les malfaçons sur la mairie après les travaux, une partie n’a pas été réceptionnée. Le budget mairie n’a pas explosé mais la mairie avait des fonds qui en termes de praticité n’aurait pas dû avoir. Ce n’est pas une mauvaise surprise, on s’attendait quand même à ce que sur chacun des projets il dépense plus que nécessaire, mais là nous avons eu accès aux factures et c’est la que l’on se rend compte des choses. C’est de l’ordre du détail, mais c’est au détriment de la commune…
Ces marges de manœuvre plus faibles vont-elles être un obstacle à ce que vous souhaitiez réaliser dans votre programme? Nous serons un peu plus limités, cela prendra sans doute plus de temps, il faudra aller plus vite à la chasse aux subventions. Mais il est vrai aussi que notre programme n’était pas basé sur de gros investissements : planter des arbres, concerter les habitants, ce n’est pas de la grosse dépense. En revanche, refaire certaines routes, apaiser la circulation nécessite des travaux de voirie, et construire un tiers-lieu ça nécessite aussi pas mal d’argent, même si je pense que nous serons aidés en cela par l’Agglo et la Région, notamment. De même pour l’isolation de certains bâtiments, l’Etat va très certainement nous aider.
Et la fonction de maire, en tant que telle, comment la vivez-vous ? Nous imaginons que vous n’avez pas eu le temps de chômer depuis le 4 juillet … En effet, je n’ai même pas encore eu le temps de faire le tour de la commune ! J’avais liquidé tous mes congés pour les élections…C’est sympathique, même si c’est une charge de travail assez phénoménale, ça je le savais. Ce sont des journées à rallonge, mais le regard des habitants change, il y a même plus de bienveillance. Et c’est aussi se rendre compte de ce qu’est, être un élu local, mais avec plus de responsabilités, puisque la tâche de maire est l’une des seules qui permet d’avoir les mains dans le cambouis parce qu’on a la tête dans l’exécutif, ce qui n’est pas le cas des parlementaires, des conseillers départementaux et régionaux.  

Vous étiez assez serein, lorsque vous nous aviez présenté votre candidature. Maintenant que vous êtes derrière le bureau de maire, est-ce toujours le cas ?  Je ne suis absolument pas stressé, de nature. Dès lors, ça n’a pas changé, même si certains de mes élus ne comprennent pas comment je fais pour ne pas l’être. Je suis toujours serein, persuadé que notre équipe est parmi les meilleures que l’on ait eues à Barberaz ces dernières années et que du coup, on ne peut pas échouer, là où les autres ont à peu près réussi.

« Jeune et célibataire, ce n’est pas l’idéal pour moi mais pratique pour mon mandat »

Sans avoir eu le temps de faire le tour de la commune, vous avez tout de même rencontré quelques habitants ?  Alors comme je passe tout mon temps dans mon bureau, j’ai rencontré une quarantaine de personnes depuis que je suis arrivé, des habitants, des commerçants, qui viennent me parler de questions individuelles, mais il est vrai que je devrais prendre mes dimanche pour aller faire le tour de la commune. Tous les samedis étant réservés aux mariages, cela laisse peu de temps, en effet. 
Était-ce conforme à ce que vous aviez imaginé ?  Je savais que ce serait plus que du 6 jours sur 7, mais j’ai la chance d’être jeune et célibataire, ce n’est pas idéal pour moi mais c’est pratique pour mon mandat. 
Comment se passent les choses avec les élus d’opposition, dont certains membres de l’équipe sortante ? Nous ne souhaitons pas être dans une opposition stérile entre la minorité et la mairie, du moins ce ne sera pas de notre ressort. A titre d’exemple, concernant les indemnités des élus, j’ai baissé mon indemnité de 10 %, mes adjoints de 40%, ce qui nous a permis de rémunérer l’ensemble des élus délégués, parmi lesquels Nathalie Laumonnier, à qui j’ai proposé d’être conseillère déléguée sur la question du handicap et de la transmission de la mémoire. Je suis très content qu’elle ait accepté car elle fait un très bon travail sur ces deux sujets, c’est une femme d’ouverture et une candidate qui n’a pas été la plus sévère à mon égard. Nous n’avons pas prévu de rétribuer les autres élus d’opposition, mais sur les questions politiques, je m’étais engagé à ce que dans la commission des finances, un élu d’opposition y ait un rôle prépondérant. Elle ne s’est pas encore réunie mais je confierai la vice-présidence à l’un d’eux, comme je m’y étais engagé en signant la charte Anticor. 
Sentez-vous déjà que les choses changent, sur votre commune ?  Mon ambition est que les choses s’apaisent à Barberaz, je souhaite discuter avec tout le monde, si on ne veut pas discuter avec moi, ce n’est pas de mon ressort. Nous sommes au service de tous les habitants, quelle que soit la rue, quel que soit le vote des gens en mars et en juin dernier. Là-dessus, je ne me fais aucun souci.
Être jeune pour un maire, vous le voyez plutôt comme un avantage ou un inconvénient ?  Comme avantage, je peux parler aux jeunes qui font du bruit devant la mairie, c’est un détail mais être jeune ça aide. Les gens sont peut-être davantage bienveillants, se disant « il est jeune on va lui laisser sa chance », mais ça ne compte pas dessus. Mais je peux aussi considérer que c’est plutôt un désavantage, sur l’Agglo, je pense que je n’ai pas été aidé parce que j’étais le plus jeune, au moment des désignations de vice-présidents. J’espère qu’à l’avenir, ils reconsidéreront certaines de leurs positions. S’il faut faire mes preuves, je les ferai mais je pense que je commence déjà à les faire «.

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1 commentaire

Unknown

24/08/2020 à 19:27

Vive la jeunesse, il faut pousser quelques anciens pour que tu puisse avoir une place à l'interco

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