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Le Rassemblement National s’invite au débat des sénatoriales
Par Jérôme Bois • Publié le 04/08/20
Vendredi 31 juillet, Brice Bernard a précocement exprimé son souhait de se porter candidat aux élections sénatoriales du 27 septembre. Le délégué départemental du Rassemblement national explique son choix et met en avant la nécessité d’aller au-devant des difficultés rencontrées par les petites communes dans cette période critique. Plus que jamais, les postes de sénateurs attirent les convoitises.
2021 va être dense, avec de la politique à n’en plus finir (les départementales et régionales à venir avant, en 2022, le bouquet final présidentiel et législatif), aussi, il ne fallait pas perdre de temps. « Je voulais avancer ma candidature parce qu’il va y avoir un brouhaha social et économique qui va brouiller les décisions politiques et ce dès la rentrée » , justifie Brice Bernard. Le délégué départemental du RN, non tenu par quelque mandat que ce soit, vise donc un poste parmi les 348 sénateurs siégeant tambour battant au palais du Luxembourg. « J’avais initialement prévu de le faire à la rentrée mais les maires ne peuvent pas attendre, ils ont trop de besoins en amont, il faut d’ores et déjà les écouter et prendre leurs demandes en compte ».
Brice Bernard se prépare donc à une campagne expresse de terrain. « Je vois le boulot abattu par notre élue à la Région, Marie Dauchy, également conseillère municipale à Saint-Jean-de-Maurienne, plus on se rapproche du terrain, plus on fait de la vraie politique. Vous avez le pouvoir de transformer et de concrétiser les besoins des élus locaux » , confie-t-il. « Ma campagne portera sur les rééquilibrages, un sénateur doit servir à cela : rééquilibrage territorial et démocratique, institutionnel, économique et démographique. Sur ce dernier point, notre volonté est de renforcer l’attractivité des zones rurales, de démétropoliser, en quelque sorte ». Tous les maires n’étant pas égaux, « je veux devenir le porte-parole de tous, principalement des plus petits ».
« Il serait normal que nous ayons plus de sénateurs »
Le RN, en dépit de ses 50 000 électeurs en Savoie, ne brille pas par le nombre de ses représentants dans les hautes sphères politiques, « je n’ai même qu’une élue locale, ce n’est pas normal ». Au Sénat, du reste, seul siège Stéphane Ravier*, « nous réclamons un rééquilibrage démocratique. Sur 38 communes, nous avons obtenu plus de 40% des voix » , une force sur laquelle il compte s’appuyer au moment de rencontrer les futurs grands électeurs.
Evidemment, c’est peu dire que les sénatoriales sont à mille lieues des préoccupations du grand public, qui ne prend pas part à ce vote réservé à ces fameux grands électeurs. « Le Sénat est moins visible, le député, lui, parle directement au citoyen, le sénateur, aux collectivités locales » , avance Brice Bernard. Cette image de l’élu pantouflard, bien mis, celle d’une chambre à la moyenne d’âge élevée, ont la vie dure, « le brassage y est lent » , reconnaît le délégué départemental. « La candidature de Michel Dantin est dans ce profil, fin de carrière, placé par ses amis politiques… des personnes qui font de la politique de métier ». Il y a néanmoins du positif dans cet instant politique, à travers la dislocation de la majorité présidentielle, notamment, dont le RN souhaite se servir, « il serait logique au vu du nombre d’électeurs du Rassemblement national, que nous ayons plus de sénateurs » , insiste-il, « car six députés et un seul sénateur, c’est anormal ». N’avance-t-il pas le chiffre de 10,6 millions d’électeurs lepénistes en 2017 pour corroborer ce désir d’équilibre…
« Nous avons réveillé la fédération »
Mais comment répondront les maires face à un sénateur estampillé RN ? « Ce ne doit juste être qu’un marqueur de convictions par rapport à d’autres étiquettes plus volatiles, les maires ont majoritairement refusé toute étiquette, au local, il faut donc s’en détacher. Forcément, il y aura des directions liées à notre orientation, mais en tant que représentant de ces élus, mon engagement sera avant tout territorial ». Cadre commercial de 35 ans, responsable de sa fédération depuis 2017 après être passé par le Front national jeunes, il se dit « ouvert » sur l’avenir, à la fois « dynamique » et « ambitieux ». « Nous avons tous l’impression de vivre dans une monarchie républicaine dont on a tous assez goûté ». Les Gilets jaunes ont eu le don de faire resurgir ce ras-le-bol de la « vieille politique » , le RN veut donc entretenir cette flamme, sans jeu de mots.
Progressant dans les territoires les plus reculés de Savoie, le RN progresse « doucement » , aux dires de Brice Bernard, « des territoires presque abandonnés ». « Nous avons réveillé une fédération qui était moins visible en 2017, des maires vont nous rejoindre, nous avons aussi une élue, Marie Dauchy, dont la voix porte de plus en plus**, près de 400 adhérents, 50 000 électeurs… Nous nous structurons ». Même l’université de Savoie a vu un syndicat étudiant se former, la Cocarde, « des gens des Républicains nous rejoignent depuis la défaite de Michel Dantin ». Ça pousse, en silence, certes, mais ça pousse.
Rendez-vous le 27 septembre.
* David Rachline avait choisi de se consacrer à la mairie de Fréjus. Il était, en 2014, le plus jeune sénateur de l’histoire de la Ve République.
** L’actuelle conseillère régionale est également première remplaçante au parlement européen. En cas de démission d’un élu européen RN, elle sera intronisée.
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