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Les opinions du Petit Reporter : vacance du vouloir

Par Jérôme Bois • Publié le 07/08/20

A partir de ce soir, chers amis lecteurs, amies lectrices, nous nous en irons vaquer à de plus vaines mais nécessaires occupations. La faute à plein de choses, que je ne pourrais coucher pêle-mêle sur cet écran sans vous coller une migraine de tous les diables : pour faire court, en premier lieu et par pur prosaïsme, la faute au besoin vital, celui qui, à l’instar de l’acte de respiration, d’alimentation et de repos, nous pousse à vouloir nous préserver du tumulte permanent en paressant sur une plage de sable aussi mollement que moutonnent les nuages dans le ciel. Se vider la tête ou se la remplir de frivolités typiquement estivales, c’est selon… Comme les harengs saurs, nous avons besoin de sel.
Il n’y a rien, à ce stade de cet annus horribilis, que nous pourrions ajouter à ce marasmique 2020 qui ne puisse attendre quelques semaines. N’en doutons pas, la rentrée sera impitoyable, sur tous les plans, elle laissera sur le bas côté celles et ceux qui n’auront saisi la gravité de la période que nous vivons. Celles et ceux qui n’auront pas eu le bon goût d’anticiper, de s’interroger sur ce que va devenir le monde d’après Covid. Nous vous en parlions en plein confinement, gonflés d’espérance que nous étions alors, gavés d’une bienveillance que nous croyions inextinguible ; seulement, depuis, rien n’a transpiré de cet exceptionnel instant, nos vies ont repris tambour battant, et tout ce qui a été soigneusement préservé de ces deux mois demeure, malheureusement, la défiance. Envers les autres, envers l’autorité, les pouvoirs publics. Elle n’a pas défailli et en est même sortie renforcée. Et c’est là la deuxième raison qui nous pousse à réclamer ardemment une trêve cocotière, la lassitude. De répondre à l’agressivité grandissante, exercice auquel nous n’étions pas préparés. De vouloir noblement rétablir la véracité de certains faits hautement contestés par les meilleurs spécialistes certifiés ès Twitter et Facebook, aussi. De rester positifs même si en temps d’épidémie, le terme a quelque chose de paradoxal voire d’ironique.
Lorsque la politique a repris ses esprits, en mai-juin, c’était alors avec les meilleures intentions du monde, des manières rothschildiennes que Nadine aurait approuvées, de fermes résolutions d’un après plus vert, vertueux et florissant. Lorsque la vie a repris un semblant de sens commun, c’était alors avec de folles arrière-pensées de mieux-vivre, ensemble et avec soi-même. Malheureusement, il est devenu de bon ton de chercher un coupable à tout, ceci permettant de ne pas s’interroger sur soi. Les tribunaux populaires se sont dressés de plus belle, la vindicte populaire s’est soudain gonflée d’un nouvel orgueil… Le masque est devenu l’expression de l’interdit, brandi tel un symbole funeste. Le complotisme vit sa meilleure vie tandis que la crise – sanitaire maintenant, économique demain – bat son plein. Ces temps sont durs à vivre et à comprendre. 
A force de nager dans ces eaux troubles, l’énergie a fini par nous déserter. Il nous en faudra, comme jamais et comme il vous en faudra, lecteurs, lectrices, dans quelques semaines, pour résister à tous les corbeaux de tempête qui voudraient nous faire croire que rien n’est plus entre nos mains et que tout est de la faute d’autrui. Nourrissons-nous de soleil, de farniente, de mots croisés, de glaces, d’apéros, de Marc Lévy, d’après-soleil et de légèreté pour ne pas céder aux vents mauvais. Nous reviendrons à bloc, ambitieux et surtout, positifs. Ou positivistes, si vous préférez.
D’ici là, bonnes vacances, débranchez, respirez et vivez !

J.B.

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