article

Chambéry : jeunes décrocheurs et marché du travail, deux mondes que tout rassemble avec « 100% entreprise »

Par Jérôme Bois • Publié le 26/09/20

La crise sanitaire a creusé des différences plus accrues encore dans les parcours de vie, les parcours scolaires, notamment, d’où la multiplication des cas d’élèves en état de décrochage. C’est vers ces décrocheurs en situation critique que l’association l’Hélice concentre ses forces, autour d’un projet conçu en partenariat avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse. 

L’alternance comme ouverture

« 100% entreprise », c’est le nom du projet, offre en résumé à une poignée de jeunes la possibilité de se former en alternance avec la garantie d’un emploi à la clé, à l’issue des 13 semaines de formation. Et lundi 28 septembre, il sera présenté aux autorités et aux élus locaux à la Chambre des métiers et de l’artisanat de Chambéry. Et l’on sait, avec la crise sanitaire devenue économique, à quel point l’alternance n’est plus une priorité pour les entreprises, laissant des milliers de jeunes sur le carreau. L’on sait que l’alternance a le don de confronter le jeune à une réalité qui seulement se théorise sur les bancs des universités et des établissements scolaires. Et que le décrochage s’est amplifié depuis le confinement. 

Les membres de l’Hélice, avec Driss Bourida à sa tête, et Danièle Burel, de la PJJ (à g.)
La particularité de « 100% entreprise » est de présenter une ambition plus collective en plus des desseins personnels, un chantier dans le désert, en l’occurrence. Pourquoi mêler objectif individuel et collectif ? « Parce que le groupe porte l’individu, le jeune ne reste pas seul dans son projet » , explique Driss Bourida. Une autre façon de travailler, en somme, puisqu’ils devront monter eux-mêmes le dossier, le défendre puis le concrétiser sur le terrain. « Le collectif fédère et crée une dynamique de groupe » , souligne Danièle Burel. Chaque jeune disposera de 400 heures, soit 13 semaines, pour se préparer à un avenir pro, auxquelles deux mois ont été ajoutés : « Un tiers du temps, il sera en entreprise, les deux autres tiers, en formation, ici-même, dans les locaux de l’Hélice » , reprend-elle. 

« A l’Hélice, nous nous adaptons à eux »

Créée en 2018, l’Hélice, dont l’activité principale est d’accompagner des jeunes en difficulté sociale vers l’emploi, se définit comme « un développeur d’énergie » , un lieu qui galvanise ce que chaque jeune porte en lui. « Nous sommes à la fois passeurs et facilitateurs » , sourit Driss Bourida, « ils ont tous les capacités pour réussir. Nous pouvons les remobiliser pour les aider à repartir de l’avant. Ici, on intègre les jeunes en souplesse et agilité, c’est nous qui nous adaptons à eux ». Avec « 100% entreprise », l’Hélice complète une somme d’initiatives territoriales (l’école de la 2e chance, par exemple) sans jamais se confronter à elles. L’association travaille quotidiennement avec la Mission de lutte contre le décrochage, des professeurs (d’expression, d’éloquence…), les centres d’information et d’orientation, des éducateurs spécialisés… tous intervenant en direct, dans les locaux de la rue Jean-Pellerin, à Chambéry. Tout devrait démarrer en janvier, jusqu’en juin 2021 si le Covid a d’ici là calmé ses ardeurs contaminantes. Et à l’issue de ces quelques mois à bûcher sur un projet de vie, ce sont autant de décrocheurs qui auront pu et su, raccrocher les wagons de leur existence.

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter