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Chambéry : Ravet, et maintenant la concertation !

Par Jérôme Bois • Publié le 21/09/20

Nouvelle étape attendue, promise par la nouvelle équipe depuis son élection, la concertation autour du devenir de ce parking qui n’est toujours né. Les Chambériens auront la parole – ça commence dès ce 21 septembre – et décideront des modifications qui devront être portées à ce bâtiment crispant, clivant et, au final, déconcertant. Une interrogation subsiste, en cas d’éventuel surcoût lié à toute modification du projet, comment sera-t-il financé sachant que Q Park, le délégataire en charge de la construction, se montre dur en affaires durant les négociations avec la mairie ?

Le chantier a été stoppé, cet été, en élévation.
Trois semaines de concertation s’ouvrent à compter du 21 septembre, trois semaines ponctuées de cinq réunions publiques, s’ajoutant à celle inaugurale, de permanences et, on l’espère, d’une grosse mobilisation de la part des Chambériens, ceux-là même qui ont désigné une équipe municipale pas franchement fan de Ravet, du moins en l’état. Les sept niveaux (et six étages) de stationnement étaient un point d’accroche de la contestation, la pertinence d’un tel bâtiment à l’orée du centre-ville en était un autre, sans parler des accès. Bref, une « hérésie architecturale » , pour les plus farouches opposants au parking de Q Park, le délégataire. Pour la nouvelle majorité, il manquait pourtant bien davantage : de la concertation, « surtout avec les riverains » , regrettait Thierry Repentin. Du reste, à bien des moments, ces riverains se sont chargés de faire entendre leur voix, par le biais d’actions coup de poing ou de recours en justice. Oui, le parking aurait dû être achevé depuis belle lurette, il est aujourd’hui stoppé en pleine croissance, stoppé en élévation, tandis que se poursuivent bon an mal an les finitions des niveaux déjà construits.Cependant, en ouverture de la conférence de presse préalable au lancement de la concertation, le maire rappelait bien que ce sujet « n’avait fait l’objet que de trois ou quatre lignes dans notre document de campagne de quelques dizaines de pages » , que Ravet « s’était imposé dans le débat par les habitants eux-mêmes ». Or personne ne peut aujourd’hui affirmer que les Chambériens étaient majoritairement opposés au parking tandis que les nombreuses actions menées par des collectifs et associations avaient achevé de les diviser. Néanmoins, pour cette majorité, Ravet est « le symptôme du manque de dialogue » entre l’ancienne équipe et les habitants. « Il faut expliquer, écouter et comprendre, notre rôle consistant à apporter de la concorde, la concertation n’est jamais une perte de temps » , professait Thierry Repentin. Voici donc pourquoi le chantier est stoppé. Et aucune chance pour que cet arrêt soit définitif, car « cela aurait un coût pour la commune ». Mais un surcoût il y aura presque à coup sûr, nous le verrons.

Un projet initial et deux alternatives

La première alternative, à quatre étages.
Cette concertation demandera aux habitants de débattre autour de trois propositions, suggestions en pointillés qu’il leur faudra relier, hypothèses qu’il leur faudra enrichir. Il existe dans un premier temps la possibilité de conserver le projet initial, de 480 places et haut de 24 mètres, hautement contesté, donc, ce qui n’impliquerait pas de pénalités de la part de Q Park mais qui serait un fort mauvais signal envoyé à la majorité. Puis, la première alternative consiste en un parking de quatre étages fermés et un étage de stationnement en toiture (soit six mètres de moins) pour un total de 337 places (soit 143 de moins). En toiture, certaines places seraient abritées sous des ombrières photovoltaïques. Le bâtiment serait aussi délesté de l’ouvrage artistique du belvédère. Enfin, la seconde alternative  réduirait le parking à cinq étages (pour 21 mètres de hauteur) et un total de 337 places. Le toit serait aménagé en terrasse-jardin public avec vues panoramiques sur la ville. Le belvédère serait conservé mais adapté à la nouvelle hauteur du bâtiment. « Dans tous les cas, les habitants évalueront ces propositions, les enrichiront selon leurs souhaits afin d’éclairer la décision du conseil municipal » , insistait Aurélie Le Meur, la première adjointe. 
Aux abords, un soin particulier sera apporté à l’insertion du bâtiment dans l’environnement – une hausse de circulation de 10% est prévue sitôt la mise en service du parking – mais « tout sera soumis à la concertation » , martelait la première adjointe. Ainsi, les aménagements du quai Charles-Ravet, du boulevard Lémenc, de la rue Pillet-Will et du faubourg Nezin entreront dans la discussion. « Nous sommes prêts » annonce Aurélie Le Meur. Un garant extérieur a été désigné pour attester de la bonne marche de la concertation.

Le nœud financier

Il demeure toutefois un obstacle à la bonne marche de la modification d’un projet dont les règles avaient été fixées par délégation de service entre la mairie et Q Park voici plus de trois ans, en août 2017 : le surcoût engendré par les modifications et la baisse du nombre de places de stationnement. « Nous négocions pour faire évoluer les termes du contrat » , soufflait-elle. Certes, et Thierry Repentin se fit fort de le rappeler, le parking n’engage pas les deniers publics puisque « c’est l’entreprise qui finance » , en échange de quoi la ville concède à Q Park la gestion dudit parking. Mais, nous le disions, les variations de hauteur, d’utilisation du toit, la baisse du nombre d’emplacements de stationnement « vont entraîner un » inévitable « surcoût ». 

La seconde alternative, à cinq étages et un toit panoramique.

La municipalité s’est entourée d’experts en économie des bâtiments afin de trouver la meilleure formule, celle n’impactant pas « notre capacité d’investissement ni les impôts des Chambériens ». « Les discussions sont en cours » , concédait le maire, afin de modifier le contrat initial, nous saurons dans le courant de la concertation comment ce surcoût pourra être absorbé (hausse du coût du stationnement, fin de certaines gratuités, économies de charges pour Q Park…). Les négociations avaient été tendues, dans un premier temps, courant juillet, avant de s’assouplir peu à peu. « Depuis juillet, nous nous voyons toutes les semaines, ils ont tout intérêt à trouver une solution qui n’altère pas leur image de marque. Q Park aime Chambéry, il aime surtout ses actionnaires » , nuançait le maire, signe qu’en dépit de toutes les bonnes volontés du monde, les impératifs économiques risqueront fort de prendre le dessus sur la raison. C’est bien un point qui inquiète Aloïs Chassot : « Qui va payer ? L’utilisateur ou les non-recettes ? Ces éléments stratégiques vont peser dans le choix des Chambériens, il est important qu’ils disposent de ces éléments ». L’élu de la minorité se dit toutefois « rassuré » par la concertation sur la forme, notamment du fait de la possibilité de conserver le projet initial, « c’est même plutôt un bon point ». Un satisfecit qui n’efface pas son sentiment premier, l’indisposition d’une équipe qu’il estime gênée aux entournures par une patate chaude : « Ils vont habiller le projet pour donner l’impression qu’ils ne se déjugent pas, car à mon sens, ils étaient opposés au parking mais le coût était tel qu’ils auraient préféré passer outre ». Ce qui n’aurait pas dû être un sujet si brûlant a contraint la majorité à agir vite. Aux Chambériens de répondre et de choisir désormais, ils ont jusqu’au 12 octobre pour le faire. 

Le processus qui s’ouvre le 21 septembre à 19h durera donc trois semaines, jusqu’au 12 octobre, quatre réunions publiques sont programmées à la maison des associations, les 24 (18h30) et 29 septembre (20h30), les 2 (18h30) et 7 octobre (20h30). Une réunion de synthèse se tiendra le 19 octobre, à 19h, salle Cœur de Mérande. Des permanences seront ouvertes sur rendez-vous, toujours à la maison des associations jusqu’au 12 octobre, de 8h30 à 9h30, de 12h30 à 13h30, de 18h30 à 20h30. Enfin, une permanence d’information se tiendra les samedis 26 septembre, 3 et 10 octobre, sur le marché, de 9h à 12h. A l’issue de la synthèse, le conseil municipal sera amené à se positionner, courant novembre.
Crédit illustrations : Herault Arnod architectures

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