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Michel Dantin, un p’tit tour et puis s’en va.

Par Jérôme Bois • Publié le 28/09/20

Il n’a échappé à personne que le retrait, soudain, de l’ancien maire de Chambéry a constitué un événement, dimanche 27 septembre, à plus d’un titre, car il mettait fin à toute fonction élective (en attendant de le voir démissionner du conseil municipal) tout en offrant la possibilité à Cédric Vial de coiffer André Vairetto sur le poteau dans la course au Sénat. Voici désormais Michel Dantin retiré des affaires, même s’il en convient, rien n’est jamais sûr en politique. Reste que l’ancien député européen mord toujours, surtout lorsqu’il est question de Chambéry…
A 16 heures, ce 27 septembre, alors qu’il était encore en embuscade à la troisième place, après le premier tour des élections sénatoriales, Michel Dantin annonçait son retrait*, au nom de « l’intérêt général ». « Ce n’était pas prévisible ni arrangé par avance. Il fallait éviter qu’il y ait un sénateur socialiste (André Vairetto, en l’occurrence) et la question était de savoir si Cédric Vial, pourtant plus jeune, allait se retirer. J’estimais qu’il était de mon devoir de me mettre en retrait, moi, plutôt que lui ». Avec 399 voix chacun, le maire des Echelles et Michel Dantin restaient néanmoins à portée de fusil du candidat de gauche et de Martine Berthet. Il s’est donc sacrifié, « il était de mon devoir d’empêcher qu’un sénateur socialiste soit élu. C’était un risque à prendre, par principe, je l’ai pris. Lorsque vous avez des valeurs, vous vous devez de les appliquer ». Un coup gagnant (lire notre article du 27 septembre), qui le prive désormais de toute fonction élective puisque dans les prochains jours, il devrait, en compagnie de Guy-Pierre Martin, acter sa démission du conseil municipal, au profit de Philippe Cordier et d’Isabelle Rousseau. « Vous savez, il y a une vie après la politique » , rassure t-il. Il égratigne au passage « les écolos qui se sont maintenus au second tour des sénatoriales » rognant sur l’électorat potentiel d’André Vairetto, annihilant toute tentative d’association pourtant expérimentée avec succès lors des municipales. 

Retour à l’ordinaire

Est-ce à dire qu’on ne l’y reprendra plus ? « Entre jamais et peut-être, il y a une troisième vérité. Aujourd’hui, je n’ai en tout cas aucune envie de me représenter au département ou à la Région l’année prochaine » , concède-t-il. « Certains me voyaient déjà concourir pour la 4e circonscription de Savoie, pour les prochaines législatives de 2022 » , assertion qui le fait encore sourire. Si pendant cette campagne sénatoriale, Michel Dantin avait émis le souhait de ne pas évoquer les soubresauts municipaux, il s’y plie finalement volontiers, comme un retour à l’ordinaire, et tire à boulets rouges sur la concertation autour du devenir du parking Ravet. Il insiste sur l’aspect financier, bien sûr, éléments chiffrés que la municipalité se défend de posséder et de pouvoir communiquer. « C’est scandaleux de lancer une concertation sans chiffres. Q Park les avait donné en cas de modification du projet, c’était en juillet, je n’étais déjà plus maire Aujourd’hui, cette majorité les possède et ne les communique pas ». Ces chiffres, lui aussi il les a, ils sont substantiels, « autour d’une dizaine de millions d’euros, entre 9 et 12. Le maire le sait très bien ». Une communication biaisée qui, selon lui, en dit long : « Ce n’est peut-être qu’un premier pas… » souffle-t-il, sibyllin. Si nous nous étions déjà interrogés sur d’éventuelles dissonances en haut lieu, il semble que l’ancien député européen se questionne également. « Ils sont seulement d’accord sur le fait de fusiller le personnel d’encadrement, de la secrétaire du maire, présente depuis Pierre Dumas, que Louis Besson m’avait chaudement recommandée, aux cadres de la direction générale ». 

14 mois éprouvants

« Il faut laisser se dérouler le film », poursuit-il, « à nous de montrer la réalité des choses. On peut m’adresser tous les reproches possibles, je n’ai jamais caché la moindre donnée financière, j’ai toujours annoncé la couleur » , même lors des moments difficiles, de la réalité des emprunts toxiques à l’augmentation des impôts locaux décidée en 2015. « Limiter ce parking à 330 places revient à ne créer aucune place supplémentaire puisque ça n’enlèvera que les véhicules du boulevard du Théâtre et de l’avenue des Ducs ». Une opération neutre, en somme. « Quant au coût de la modification du parking, il faudra compenser, soit par une augmentation du tarif du stationnement soit par l’allongement d’une concession que d’aucun trouvent déjà élevée ». Il laissera donc le soin à Aloïs Chassot, Alexandra Turnar, Sylvie Kosca et consorts d’animer des débats que lui regardera de loin. Ou de haut, c’est selon. « Il faut laisser faire le temps, je ne veux pas passer pour un nostalgique ou un aigri, c’est le jeu de voir une nouvelle équipe défaire ce qui a été fait. Les Chambériens ont fait un choix ». Celui de ne pas être allé voter ? « Cela ne sert à rien de m’interpeller en pleurant dans la rue chaque fois que je me promène. Pourquoi ne pas être allé voter ? » Une interrogation qui demeure. Après ses problèmes de santé datant de l’été 2019, une double campagne électorale et une crise sanitaire à subir et à gérer en à peine 14 mois, « je me suis rendu compte que j’avais vécu une année plutôt agitée ». Et qu’un peu de repos ne saurait être superflu.
* « Je remercie les grandes électrices et les grands électeurs qui m’ont fait confiance au premier tour, dans un contexte difficile, ainsi que Martine Berthet qui mérite tout leur soutien au regard du travail accompli. Par souci de l’intérêt général j’ai décidé de ne pas déposer ma candidature au deuxième tour de cette élection sénatoriale. Je remercie tous les élus savoyards pour leur engagement » .

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2 commentaires

Unknown

29/09/2020 à 09:03

Bravo Michel Dantin !

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gerard Blanc

30/09/2020 à 15:46

Une erreur factuelle dans une phrase de l'article :
"Il égratigne au passage les écolos qui se sont maintenus au second tour des sénatoriales rognant sur l'électorat potentiel d'André Vairetto, annihilant toute tentative d'association pourtant expérimentée avec succès lors des municipales".
En fait, l'union "Savoie Citoyenne + EELV" a bien retiré unilatéralement un de ses 2 candidats (J.Luc Hochard) pour le 2eme tour, justement pour permettre aux électeurs de voter Vairetto (DG)+ Léger (EELV) en utilisant leurs 2 bulletins de vote. Mais, étonnamment, le dépouillement a mis en évidence de nombreux bulletins Vairetto-Vial ou Vairetto-Berthet qui ont fait la différence en faveur de M.Berthet et C.Vial, en complément du retrait de M.Dantin en faveur des 2 candidat.es de droite.

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