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Sénatoriales : Cédric Vial, le candidat libre

Par Jérôme Bois • Publié le 24/09/20

Candidat malheureux en 2017, lorsqu’il échoua d’un cheveu dans sa quête de Sénat, Cédric Vial remet ça trois ans plus tard, avec les mêmes motivations, la même ambition, celle d’une ère nouvelle où les partis politiques, disloqués, et ce qu’il appelle la « course au tout urbain » s’effaceront au profit des territoires, dont la légitimité a été bien chahutée ces dernières années.

« C’est comme finir quatrième aux Jeux olympiques » , sourit l’intéressé. Sa belle deuxième place, à la surprise générale, en 2017, ne pesait rien, sur le podium car seule un poste était vacant, pour dix candidats. « J’étais parti sans étiquette, le petit Poucet. Aujourd’hui, je reste sans étiquette mais je ne suis plus le petit nouveau. Plutôt le Poucet ». Tout court.Parti un peu tard il y a trois ans, Cédric Vial a donc pris les devants en se déclarant et en entamant sa campagne début août. Avec le même souci de liberté que lui confère sa non appartenance à un quelconque parti : « Il y a dix ans, cela pouvait vous être préjudiciable, plus maintenant, ce serait presque même un handicap que de se revendiquer d’un parti ». La tendance est forte, on l’a vu lors des municipales, s’afficher sous une bannière revenait à risquer de se mettre à dos une grosse partie de l’électorat qui rejette massivement leurs méthodes. « Ce ne sont plus que des coquilles vides » , assure ce gaulliste convaincu.

Avec Isabelle Jarriand, sa suppléante, maire de Saint-Pierre de Soucy.

« Ce qui compte, c’est la légitimité des territoires, c’est leur représentativité et celle de leurs spécificités qui importent ». Les partis, très peu pour lui, « ils ont réussi à m’écœurer ».

En finir avec le tout urbain

Le moment serait donc venu « d’avoir des sénateurs qui jouent leur véritable rôle, qui ne consiste pas seulement à couper les rubans. En 2017, tout le monde avait le même discours. A titre personnel, je ne rêvais pas du poste, en me rasant le matin, nous vivions une période de course au gros : grosses régions, grosses agglomérations, fusions de communes et je m’étais érigé contre cela ». La métropolisation des territoires avait passablement érodé les prérogatives des communes, les petites surtout, son message avait du coup été plutôt bien reçu par les grands électeurs (30,21%, 332 voix au second tour). « Durant toutes ces années, cette course a dévitalisé les territoires ruraux. Mon engagement a été et est toujours de tendre vers un équilibre des territoires. Les conséquences de cette course au tout urbain ont été politiques, avec la montée des extrêmes dans ces secteurs, sociales et économiques. Quand j’en parlais, à l’époque, on me répondait avec condescendance, nos grands représentants politiques ne voyaient pas le problème. J’y étais allé pour faire passer le message, je veux poursuivre cette démarche ».

Ce qui a changé en trois ans ? « Le contexte. En 2017, ma candidature était un cri dans le désert alors qu’aujourd’hui, c’est devenu un sujet : les maires sont davantage écoutés, les gilets jaunes sont passés par là pour faire entendre ces petites voix, le confinement a montré par l’exemple à quoi pouvaient servir ces élus locaux. La course au XXL était une hérésie alors que c’est effectivement à cet échelon qu’a été conservée l’efficacité de l’action publique ». Il cite le projet de loi des trois D, pour décentralisation, différenciation et déconcentration*, « loi portée par le Sénat, du reste » , comme étant un signal. « Il y a un alignement des planètes » , se réjouit Cédric Vial.

« Il faut déconfiner les parlementaires »

Âgé de 42 ans, le conseiller régional en a passé vingt dans la politique, fort de quatre mandats aux Echelles. « Depuis tout ce temps, j’entends dire qu’il faut faire de la politique autrement. Autrement, c’est le faire sincèrement. Le renouvellement doit intervenir dans les pratiques, pas nécessairement dans le changement des générations ». Postuler pour le Sénat a donc du sens. « Nos électeurs, ce sont les élus, il s’agit de la seule élection où l’on peut passer une heure ou une heure et demie avec chaque électeur ». Au profil plus technique, le sénateur est expérimenté et « travaille moins sous la pression ». Enfin, l’Assemblée nationale ayant été largement renouvelée et rajeunie, disposer d’une chambre en face dont les représentants seraient plus expérimentés est le bienvenu à ses yeux. Tout juste regrette-il de devoir, en cas d’élection, se couper de ses fonctions de maire et de président d’agglomération. « On ne doit pas être coupé des réalités comme le sont les députés. Il faut déconfiner les parlementaires ». Il réfléchit encore à la meilleure méthode pour communiquer et garder de la proximité avec ces élus, une fois en poste, pour le cas où… « J’organiserai probablement des réunions par canton et des réunions thématiques en visio, pour ne pas faire se déplacer les élus non-concernés pour rien. C’est un bon outil ». Les premiers retours ont été bons, ces deux mois d’une campagne qu’il juge « propre et digne » … Sera-t-il, cette fois-ci sur l’une des deux bonnes marches du podium ?

 

* Cette loi a trois objectifs :

  • Parfaire la décentralisation: pour rendre plus lisible et plus efficace l’action publique.
  • Promouvoir la différenciation: pour s’assurer que chaque territoire dispose de lois et règlements adaptés à ses spécificités.
  • Renforcer la déconcentration: pour rendre l’État plus proche du terrain et mieux adapter les prises de décisions aux réalités locales.

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