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Toujours un train d’avance sur la pédagogie dans les écoles aixoises
Par Laura Campisano • Publié le 02/09/20
Toute rentrée scolaire s’accompagne de ses nouveautés et Aix-les-Bains n’est jamais avare de surprises en ce qui concerne l’innovation pédagogique : après avoir introduit l’intelligence robotique dans les classes en 2018, avoir instauré le bio dans les cantines en 2019, en 2020, ce sont de nouveaux outils qui font leur apparition dans certaines écoles à titre expérimental : le vélo-pupitre, les classes flexibles, la végétalisation dans les écoles, entre autres choses. Une ouverture des pratiques classiques qui attirent l’attention.
La rentrée dernière avait déjà créé un précédent dans la cité thermale : toutes les cantines allaient servir des aliments issus des circuits-courts et cultivés selon la méthode biologique, généralisant cette pratique à l’ensemble des établissements de la commune. Une volonté affichée de la municipalité de tenir compte non seulement du « bien vivre et bien manger », mais également de favoriser les cultivateurs, maraîchers et artisans du crû, notamment en Chautagne. Cette année, au-delà des travaux effectués dans les écoles communales, dont la plupart sont abritées dans des bâtiments du début du XXe siècle, ce sont les nouveaux outils, testés à titre expérimental dans quelques écoles pour le moment, qui ont activé notre curiosité. Longtemps restés confidentiels, utilisés dans des établissements d’éducation positive au Québec, et très récemment en France, les nouvelles méthodes d’enseignement mises en avant par les écoles aixoises pourraient bien, de nouveau, créer des émules.
Mettre en mouvement pour favoriser la concentration : les élastiques et le vélo-pupitre
Exit la vieille école qui interdisait à ses élèves de croiser les jambes pendant les exercices, parce que cela « empêchait de se concentrer » : l’heure est venue de laisser les écoliers bouger, comme le préconise, par exemple, la méthode Montessori. A Aix-les-Bains, cela a déjà commencé, notamment en classe de CM2 à l’école élémentaire Marlioz, où des élastiques sont apposés sous les chaises des élèves, afin de leur permettre de bouger durant les apprentissages, comme le souligne Pascal Rodrigues, directeur de l’école élémentaire de Marlioz. « Il apparaît difficile de demander aux élèves aujourd’hui de rester immobiles durant de longues heures de cours », sourit Renaud Beretti, « alors que nous-mêmes en tant qu’écoliers, devions rester statiques. Mais les temps ont changé. » Tant et si bien que l’école Lafin sera prochainement équipée d’un vélo-pupitre, une tablette équipée d’un pédalier, « qui permet de lutter contre la sédentarité » expose Christèle Anciaux, adjointe aux affaires scolaires et périscolaires. Ce n’est pas une première en France, puisque déjà en 2018, une classe de CM1 a testé le procédé à l’école Anne Franck de Châlon-sur-Saône, à l’initiative de Sandy Blanchard, directrice et enseignante de l’établissement. Objectif ? Faire bouger les enfants durant les exercices, durant une vingtaine de minutes, et favoriser le roulement : à la fin d’un exercice, l’élève cède sa place à un autre. Si certaines écoles du Québec, notamment à Montréal, ont été convaincues par le processus dès 2015, l’hexagone semble plus frileux à s’accaparer les outils utilisés dans des écoles alternatives. A Combloux, en Haute-Savoie, le lycée professionnel Horace-Benedict de Saussure a lancé une souscription afin de financer de tels équipements, persuadé de leurs bienfaits. A Aix-les-Bains, c’est une tentative « nous progressons, innovons, ensuite nous jaugeons en fonction des informations que nous font remonter les enseignants, pour savoir si nous gardons l’idée ou non. On s’adapte. » reprend Christèle Anciaux. Et niveau adaptation, ce n’est pas la seule proposition faite par la municipalité en cette rentrée 2020.
Classe flexible et végétalisation des établissements
Toujours dans un souci d’adaptabilité aux besoins des écoliers, une expérimentation est lancée dans la classe de madame Juliot, à l’école du Centre d’Aix-les-Bains : la classe flexible. Le challenge est d’adapter l’espace de la classe au besoin des élèves et pour ce faire, la mairie a investi dans un mobilier flexible, composé d’îlots de travail. « L’idée est de permettre aux écoliers de pouvoir adopter des positions différentes durant leur travail, sans être restreints dans leurs mouvements, » détaille Renaud Beretti, rappelant qu’un tel dispositif est déjà testé, sur le département, dans une école élémentaire de Voglans. « Les enseignants choisissent avec les élèves la meilleure disposition du mobilier et des sièges. Si l’expérimentation est concluante, nous pourrons la déployer dans d’autres établissements par la suite. »
En dépit du climat étrange de cette rentrée scolaire, ces innovations auront sans doute le mérite de sortir élèves et enseignants du contexte de sécurité sanitaire, ce d’autant que la végétalisation des cours de récréation est également en cours de déploiement dans les écoles aixoises. « C’était un engagement fort de la campagne électorale », rappelle Thibaut Guigue, adjoint au développement durable et à la citoyenneté, « mais nous souhaitons que cette végétalisation soit intelligente, c’est-à-dire d’éviter de salir les classes ou d’embêter le travail des enseignants. Nous réfléchissons ensemble à échelonner des mesures sur 2021 et 2022, pour rapprocher les enfants de la nature, favoriser l’éducation à l’environnement en mettant en place des espaces de jardinerie et en plantant des arbres fruitiers, par exemple. » Des mesures déjà prises dans certains établissements privés à l’école Lachat d’Annecy-le-Vieux ou bien à l’école des Quatre-Saisons de Challes-les-Eaux, mais qui n’en sont pour la plupart qu’aux balbutiements dans les écoles publiques. Des stages de jardinage ont déjà lieu dans de nombreuses communes, accompagnées par des associations, telles que Jardinons à l’école, mais l’installation de jardins potagers dans les cours n’est pas encore une pratique très répandue. En attendant, la végétalisation des espaces continue, sur les toits et les murs des écoles aixoises. Gageons que la cité thermale sera une fois de plus précurseur du déploiement des jardins écoliers dans les mois à venir.
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1 commentaire
Lolycocotte
03/09/2020 à 21:09
Classe flexible en place depuis deux ans dans la classe de cm1 de l'école St Joseph d'Aix les bains