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Chambéry : Christian Saint-André tire déjà la sonnette d’alarme
Par Jérôme Bois • Publié le 19/10/20
Il avait accordé un « temps républicain » à la nouvelle équipe municipale, trop fraîchement aux manettes pour recevoir une première attaque au lance-flammes. Christian Saint-André a pris son temps avant de revenir sur le devant de la scène politique afin de laisser vivre et faire. Désormais, le voici prêt à s’emparer des sujets car « il n’est pas nécessaire d’être au conseil municipal pour porter des projets ». Ainsi, régulièrement, son équipe et lui seront amenés à faire des points-étapes sur les grandes thématiques d’actualité. Ça tombe bien, en ce mois d’octobre, ils sont nombreux et donnent matière à controverse.
Le temps de la découverte est bel et bien passé, l’équipe Repentin, aux commandes de la ville depuis trois, a pris la mesure de la tâche qui lui incombe, elle est ardue, la route est parsemée d’embûches, jalonnée de snipers prêts à fondre au moindre écart. L’ex-candidat à la mairie et avocat, Christian Saint-André, a fondu car des événements notables se sont enchaînés depuis juillet, du « coup politique » de Philippe Gamen à la présidence de l’agglomération au retrait de Michel Dantin et Xavier Dullin du terrain politique. Sous la forme d’une vidéo, postée le 17 octobre, et d’un communiqué de presse. « Nous avons laissé passer le temps républicain, nous sommes suffisamment loin de l’élection » , les premières salves vont pouvoir être lancées « et nous allons même le faire régulièrement car, avec les départs des deux figures de la droite chambérienne, il n’y a plus vraiment de leaders d’opposition. Et la nature a horreur du vide ». Un retour au premier plan opportun alors que dans six mois seulement se dresseront les prochaines échéances électorales. « Il nous faudra effectivement des candidats sur les trois cantons de Chambéry et vraisemblablement sur la Région. Nous représentons quelque chose, les gens sont toujours réceptifs à ce que nous faisons ». Lui en sera ou n’en sera pas, rien n’est décidé. « On me voit à plein d’endroits, c’est plutôt flatteur. Toutefois, s’il me faut laisser la place à quelqu’un de l’équipe, ça ne sera pas un problème. Notre ambition est de porter un projet pour Chambéry sur du long terme ».
Une « pseudo concertation »
Son grief premier porte sur Ravet, bien évidemment, stigmate parmi les stigmates des tergiversations des élus, tous n’étant pas sur la même longueur d’onde au sujet de ce parking. Christian Saint-André assène : « Dans le système juridique français, il y a des contrats. Je ne suis pas favorable à celui qui avait été signé entre la mairie et Q Park mais il l’a été. Est-il aujourd’hui nécessaire de vouloir remettre ce contrat en cause, ce qui nous coûterait plusieurs millions d’euros ? Durant ma campagne, je n’ai pas remis en cause l’existence de ce parking, surtout que deux » gratte-ciels « vont voir le jour juste derrière. Il faut revenir à la raison ». Renégocier les termes du contrat coûtera cher, on le sait. « J’entends qu’ils aient voulu étudier la possibilité de négocier, mais d’après ce que je sais, cela coûtera des millions d’euros, on ne peut pas se le permettre après un mandat déjà plombé par les emprunts toxiques. Eu égard aux conséquences financières ». Cette concertation, dont le contenu sera dévoilé dans la soirée du 19 octobre, n’en est pas une, pour lui, « c’est même une pseudo concertation. Je ne trouve pas cela bien d’en lancer une en interdisant des possibilités d’alternatives. Ou bien on laisse libre cours à cette concertation, ou l’on ne fait pas de concertation » , une posture tenue et partagée par Aloïs Chassot dans ces colonnes, le 26 août. Nuancé, Christian Saint-André concède qu’un recul de la majorité sur Ravet ne sera cependant pas un camouflet, « on tient compte des éléments dans un contexte particulier, vouloir réétudier le projet n’est pas choquant et échouer ne le sera pas davantage ». Il regrette que la gestion du stationnement ait été attribuée « à une multinationale » alors que les services sont qualifiés pour le faire. C’est un cadeau qui lui a été fait «, insiste-il.
En guerre contre les cumulards
Dans un communiqué, paru le 19 octobre, l’ancien candidat aux municipales revient également sur la nomination de Thierry Repentin au poste de président de l’Agence nationale de l’habitat, « dont le budget s’élève à quelque 900 millions d’euros ». Pour une telle tâche, en aucun le bénévolat ne peut être envisagé, « il faut du plein temps, c’est la moindre des choses lorsque l’on gère pareil budget ». Sa pique porte surtout sur « ceux qui cumulent les cumuls. Comme tout le monde, ses journées ne font que 24 heures, or, il cumule des fonctions de plein temps, il faut cesser de dire que c’est faisable. C’est au choix du travail fictif ou négligé ». Partisan du « tout travail mérite salaire », l’avocat s’interroge. « Sans doute cherche-t-il à se rapprocher de Paris » , pour de futures expositions plus nationales, imagine-t-il. « Je dois faire mon mea culpa, je n’en ai pas assez parlé durant ma campagne, je ne crois plus au cumul des fonctions ». N’avait-il pas promu comme argument le fameux « une personne un mandat » ? « La gestion des tunnels du Fréjus et du Mont-Blanc, la mairie, l’agglomération, l’Anah et la Région, ce n’est plus concevable ». Encore heureux, souffle-t-il, que le maire de Chambéry n’ait pu accéder à la présidence de Grand Chambéry, poste qui lui était dévolu, selon un accord passé avec Aurélie Le Meur, à qui devait échoir la mairie. Seulement, « Philippe Gamen, personne ne l’a vu arriver, il était clair que les grands électeurs des Bauges allaient choisir un des leurs pour faire basculer l’élection. Par son biais, l’équipe sortante de Xavier Dullin a voulu sauver ce qui pouvait l’être ». Christian Saint-André pourtant refuse de voir le nouveau président comme la marionnette des anciens locataires comme on l’entend ici et là, « je soupçonne même qu’il soit de plus en plus proche de Thierry Repentin » puisqu’il prophétise la formation prochaine d’un groupe de droite au sein du conseil communautaire. « J’en fais le pari, même si cela va nous paralyser encore plus, c’est un combat de personnes qui nous immobilise ». Un coup politique plus qu’une élection. « On verra si j’ai raison » , sourit-il.Le leader de Chambéry ensemble a encore les crocs et entend exister dans l’échiquier politique local, déjà bien agité après à peine trois mois d’exercice.
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