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Chambéry dévoile -enfin avec certitude – son passé gallo-romain

Par Laura Campisano • Publié le 15/10/20

C’était en mai 2020, faubourg Nézin à Chambéry, que des découvertes exceptionnelles sur le passé gallo-romain de Chambéry ont refait surface de manière inattendue : ce n’étaient pas « seulement » des objets qui étaient découverts sur le site de construction d’un programme immobilier à ce croisement avec l’avenue du Docteur-Desfrançois, mais bien une station antique, confirmant que Chambéry, par le biais de Lemencum, a bel et bien prospéré au temps gallo-romain. A découverte exceptionnelle, exposition exceptionnelle, puisqu’il est très rare qu’une expo soit si vite organisée après des fouilles préventives de la sorte. 
C’est le genre de découvertes qui réveille : 1 400 m² fouillés sur le terrain- un timbre-poste pour des fouilles de la sorte – et une véritable agglomération apparaît, des trottoirs, des rues, l’emplacement de bâtiments révélant la présence au pied de la colline du Lémenc, d’une haute société organisée. Un véritable trésor mis au jour par une équipe d’Archeodunum menée par Julien Collombet, entreprise chargée des fouilles préventives avant le début de travaux de construction d’un programme immobilier. Un chantier poursuivi grâce au concours du service régional d’archéologie et financé quelques mois supplémentaires par le promoteur Cogedim Savoies Léman, jusqu’en juillet 2020, le temps de poursuivre les investigations plus avant, et de mettre à l’examen, l’ensemble des matériaux découverts.

L’histoire de la ville sous un nouveau jour

Crédit Photo Archéodunum
L’exposition « Lémenc sous nos pieds » dévoile des clichés d’une partie des matériaux retrouvés lors des fouilles et leur richesse, leur finesse est telle, que se dessine alors l’histoire antique de cette station, point de départ d’une véritable agglomération chambérienne : bijoux ciselés, entailles, objets décoratifs, vaisselle, datant vraisemblablement du 1er siècle, quand Lemencum était un lieu de « stationnement », un relais officiel, une halte de l’Empire Romain. « Il était inimaginable de trouver tout cela au même endroit, s’enthousiasme Arnaud Letailleur, archéologue de formation et commissaire de l’exposition  » ce qui a été mis à jour démontre la présence en bordure de Leysse, au pied de la colline de Lémenc, d’une société de très bon niveau, avec une technologie très avancée, des canalisations drainant les eaux en amont, tel un système urbain organisé. « Jusqu’alors, et durant 200 ans, des indices avaient permis de penser de manière théorique, que les romains étaient passés par Chambéry, les éléments les plus probants étant le caducée de Neptune, retrouvé sur la colline, ainsi que des doigts de statue en bronze, qui devait mesurer environ 2,50 mètres. Avec ces découvertes, la construction de la ville prend un tout autre contour, comme le confirme Bertrand Bonaventure, chez Archéodunum  » Cette station n’est pas située sous le centre actuel de Chambéry, il n’y a pas de vestige historique à cet endroit-là, précise-t-il, cela explique la situation actuelle du centre, le développement et la physionomie de la ville. Cela réveille l’histoire de Chambéry, les deux paroisses qui démontrent qu’il y a eu un premier développement antique, puis un second. Nous n’en sommes vraiment qu’au début de ce qui amorce un travail plus long. Ce que je peux vous dire c’est que la station que nous avons découvert continue sous la voie ferrée et avenue du Docteur-Desfrançois, de tous les côtés. Identifier Lemencum était une surprise qui remet tout en perspective. « Présente sur la table de Peutenger, antique document retraçant les routes principales et villes de l’Empire Romain, Lemencum a fini par se matérialiser. 

Des études en cours pour deux ans, sur les vestiges retrouvés 

Exposition « Lémenc sous nos pieds » visible jusqu’au 9 janvier 2021 à l’Hôtel de Cordon, entrée libre

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