Le secret avait été éventé (ou laissé filtrer) depuis la veille, c’est donc le couvre-feu sur neuf grandes métropoles françaises que préconise l’Etat pour lutter contre la recrudescence de l’épidémie de Covid-19, manifeste depuis la rentrée. Est-ce le premier pas vers un reconfinement généralisé ? On peut l’imaginer, ou le craindre, c’est selon. Les conséquences de ce couvre-feu seront sans doute dramatiques pour beaucoup de cœurs de métiers, à commencer par les bars, brasseries, restaurants, cinémas ou spectacles vivants. Cependant, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que l’économie générale ne s’arrêtera pas pour autant.
Nous sommes le 14 octobre et nous n’imaginions pas repartir sur des mesures drastiques, il y a quelques mois, alors que nous sortions tout juste d’un confinement qui aura mis l’économie et de nombreux Français à genoux. Tout était ouvert, sans faire de mauvais jeux de mots, puisque ce couvre-feu avait été envisagé dès 20h, 22h, selon les agglomérations, ou même, ou pire, un reconfinement était susurré. « Nous sommes dans une situation préoccupante » , a ainsi entamé le chef de l’Etat. « Ce virus revient, nous sommes dans cette deuxième vague, ça remonte dans toute l’Europe, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas sont aussi dans des situations préoccupantes, le virus re-circule très vite dans toute l’Europe ». Il avança le chiffre de 20 000 nouveaux cas par jour.
Pas de lits en réserve
« On sait que le virus tue » , précisa-t-il, lui qui occasionna 32 000 victimes en France, « il tue les gens plus âgés (90% des victimes avaient plus de 65 ans), il frappe ceux qui déjà présentent des pathologies et frappe dans les milieux les plus précaires, ce virus est dangereux et grave pour tout le monde ». Il faut donc réagir, d’une part via les tests, au nombre d’1,3 ou 1,4 million quotidiens, ce qui a pour conséquence que la situation au sein des services de réanimation, aujourd’hui, « est insoutenable. Le virus, en mars-avril, était alors localisé dans le Grand Est, aujourd’hui, il est partout en France, il n’y a pas de réserves de lits » , a-t-il ajouté. Pour freiner la diffusion de ce virus, pour protéger les concitoyens, pour protéger le système de santé et pour « protéger ma santé, mon emploi » , « reconfiner serait disproportionné ». Il en arriva donc au fond du problème, « le couvre-feu est une mesure pertinente, c’est ce que l’on a fait en Guyane, le ralentissement des contacts sociaux a été efficace en Mayenne, notamment ». Six semaines, « c’est le temps qui nous paraît utile ». Une mesure « proportionnée » selon lui.A 21h, donc, tout le monde fermera. « Il faut accompagner avec beaucoup de bon sens. Si vous avez une demi-heure de transport, il vous faudra vous organiser pour sortir à 20h30 ». Un peu ce que l’on appelle, dans l’arbitrage, l’interprétation. Il y aura bien sûr des exceptions, « nous allons continuer à travailler, je me félicite que nous ayons été parmi les premiers à ouvrir nos classes ». Ainsi, pour ceux qui travaillent de nuit ou rentrent tard, il n’y aura pas d’interdiction, mais « une stricte limitation aux bonnes raisons ». Des contrôles et amendes de 135 euros seront évidemment prévues. En cas de récidive, elles s’élèveront à 1 500 euros. « Nous allons mobiliser les policiers de manière proportionnée ». Au restaurant, vous ne pourrez pas être plus de six, tous les grands rassemblements seront proscrits. « Il faudra réduire les contacts les plus inutiles mais sans se couper de toute vie sociale » , suggéra Emmanuel Macron.
Une nouvelle application
Dans chaque métropole, une concertation sera organisée avec les métiers directement concernés, comme les restaurateurs, les gérants de bars, brasseries etc. : « Je ne veux pas que nos indépendants tombent en faillite à cause du couvre-feu » a-t-il insisté. « On va améliorer l’accompagnement économique de tous ces secteurs ». Les transports en commun ne seront pas impactés, les déplacements entre régions ne seront pas régulés. C’est pourquoi les départs en vacances avaient même été encouragés, dernièrement, pas le gouvernement. Les services publics seront ouverts, les professeurs seront en classe, notamment, dans le plus total respect des règles sanitaires en vigueur depuis six mois. Une « aide exceptionnelle massive » de 150 euros plus 100 euros par enfant sera attribuée aux bénéficiaires du RSA et des APL, personnes plus durement touchées par la crise sanitaire.Le forcing sera fait sur les tests, auto-tests et l’alerte autour des « cas contact ». Une nouvelle application sera lancée dès le 22 octobre, « Tous anti-Covid », pour laquelle un mode d’emploi « très clair » sera fourni. Elle devrait permettre un meilleur traçage des « cas contact ». « Il reste énormément de raisons d’espérer » , a conclu le chef de l’Etat, « si l’on est lucide, si nous sommes une nation plus résiliente. Nous sommes en train de réapprendre à être pleinement une nation. Nous ne pouvons pas nous en sortir si chacun ne joue pas son rôle. J’ai besoin de chacun d’entre vous ». La vie ne s’arrêtera donc pas comme nous avions pu le connaître voici six mois, mais ce couvre-feu sonne comme un avertissement : au terme de ces quatre ou six semaines, si rien ne bouge, nous y reviendrons.
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