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Gaëtan Pauchet : la relève

Par Laura Campisano • Publié le 06/10/20

Son nom n’est pas inconnu du monde associatif et du milieu politique, car Gaëtan Pauchet est « un enfant du canton », Chambérien d’adoption et investi dans des fonctions de tout ordre. Depuis le 4 juillet, le voilà adjoint en charge du logement et à la politique de la ville de l’équipe de Thierry Repentin, au côté duquel il s’était très tôt engagé en campagne. Une nouvelle mission vient de s’ouvrir à lui, depuis qu’il a accepté de succéder à celui dont il était également le remplaçant, au sein du conseil départemental. Pourquoi avoir accepté, comment s’organise-t-il et quelle est sa plus-value ? Interview. 
Depuis l’arrivée à la tête de la commune de Barberaz du plus jeune maire du bassin chambérien Arthur Boix-Neveu, une nouvelle génération de politiques a fait son entrée dans l’arène locale. Certains, engagés au sein du mouvement citoyen, d’autres au cœur de la campagne de Thierry Repentin, qui l’a mené à la mairie en juin dernier. Parmi eux, Gaëtan Pauchet, 30 ans, adjoint, toujours en activité au sein du Ministère du logement et, depuis vendredi 2 octobre, conseiller départemental du canton de Chambéry 1 en plus d’avoir été élu chef de file du groupe minoritaire. Multi-casquettes, pluri-engagé mais surtout, les pieds bien ancrés sur son territoire. 
La première question qui nous vient, en voyant votre récente nomination est comment faites-vous pour organiser votre temps, en gardant votre emploi en plus de vos fonctions politiques, et non des moindres ?
« C’est beaucoup de travail mais mes préoccupations ne sont pas plurielles en réalité elles sont très complémentaires : dans chacune de mes activités je traite des sujets de politique de la ville et de logement, ce qui est également ma profession au sein du Ministère du logement. Pour l’organisation, j’ai pu aménager mon contrat de travail et poursuivre en télétravail 80 % du temps. Je travaille beaucoup le week-end également, et bien que cela comporte des sacrifices, j’accorde à ma vie personnelle du temps le soir ainsi qu’une fois par mois, c’est non-négociable. 
Pourquoi avoir tenu à garder votre vie professionnelle, alors qu’on l’imagine, vos mandats vous occupent déjà énormément ? 
Il me semble que c’est important d’être intégré dans le monde dans lequel on vit. Je ne souhaite pas devenir politicien de carrière, me réveiller à 36 ans quand le mandat s’arrête et devoir à tout prix être réélu parce que j’aurais fait le sacrifice de ma vie professionnelle. Beaucoup de mes engagements sont plutôt des engagements-passions, par ailleurs.

« Les enjeux de mon époque ne sont pas les mêmes que ceux de Thierry Repentin en 1998 »

Vous venez de faire votre entrée au conseil départemental après avoir été le remplaçant de Thierry Repentin depuis 2015. Pourquoi avoir accepté de prendre la relève, est-ce par engagement-passion, justement ?
Effectivement. D’abord, j’avais accepté d’être son remplaçant, à partir de là, mon intérêt était très clair, je vais jusqu’au bout des choses, lorsque je m’engage. Ensuite, parce que les enjeux de mon époque ne sont pas ceux que Thierry Repentin a connus en 1998 lorsqu’il a intégré le conseil départemental pour la première fois. Aujourd’hui, une crise en cache une autre, crises sociales, migratoires, sanitaires… 
De là à devenir chef de votre groupe… Comment avez-vous vécu cette marque de confiance, de la part de personnes plus expérimentées que vous ? 
Je suis très heureux et également honoré de porter les voix des habitants de ce canton. Mes collègues m’ont fait confiance en me choisissant comme chef de ce groupe équilibré, où peuvent se conjuguer expérience et regard neuf, une alliance de fougue et de sagesse.
Ce d’autant que le département est nettement de l’autre côté de l’échiquier politique que votre propre « famille ». Comment comptez-vous travailler, avec la majorité d’Hervé Gaymard ?
La fonction ne m’est pas totalement étrangère puisque durant six ans j’ai déjà pu étudier les dossiers… Ce que je peux déjà vous dire c’est que je ne serai pas dans une opposition frontale face au président Gaymard. Je ne suis pas d’accord avec lui sur de nombreux sujets, mais je sais reconnaître que c’est un homme de qualité avec une éthique politique, quand bien même nous ne partagions pas les mêmes idées. J’ai l’intention d’interroger, de prendre la main sur certains sujets, mais lors de mon discours d’installation au conseil départemental, je lui ai dit que j’étais convaincu qu’il n’y avait qu’une seule Savoie, celle des alpages et des villes, qui sont complémentaires, ont besoin les uns des autres. Par ailleurs, je l’ai encouragé à renforcer le partenariat avec la ville centre, pour les questions d’habitat et de politique de la ville. Je ne sais pas s’il m’a entendu, mais je compte lui rappeler que cette proposition était très sérieuse : nous sommes prêts à développer des actions d’animation de la ville sociale, pour venir en soutien des personnes en déshérence. C’est une des missions prioritaires du département que d’être présent pour les populations précaires. 
Quelle plus-value pensez-vous être en mesure d’apporter dans cette instance, pour les habitants que vous représentez ?
Je souhaite dynamiser le travail du conseil départemental, amener à penser différemment, surtout pour les générations futures, pouvoir leur donner une voix quand bien même elles ne sont pas encore là. J’aimerais vivifier, nourrir les décisions du département, n’est-ce pas le rôle d’un nouvel arrivant que de sonner des alertes raisonnables, d’être exigeant et de faire en sorte que les aides proposées soient redistribuées à la bonne échelle ? 

« Le maintien de l’action contre la précarité est le plus urgent »

Pensez-vous que les Savoyards soient préoccupés, intéressés, impliqués même par les instances départementales comme ils peuvent l’être – pour une large majorité – par la municipalité ?
Oui, je pense qu’il y a un profond attachement des habitants au Département, qui a su résister à toutes les réformes. Bien sûr, ce n’est pas un échelon de proximité aussi connu que les conseillers municipaux, mais justement, nous devons les associer davantage. Depuis combien de temps le citoyen ne s’est-il pas senti associé à un grand débat d’idées du département ? Il faut ouvrir les travaux du département aux habitants, leur donner envie de rallumer leurs étoiles. Tout le monde est concerné par au minimum, l’accès au droit, les routes et les collèges, tôt ou tard. Nous devons faire plus de pédagogie, que les rapports soient plus accessibles. 
Y a-t-il des sujets dont vous souhaitez d’ores et déjà vous emparer, qui vous semblent incontournables ? 
Je pense particulièrement aux modes dont pourraient disposer les citoyens pour maîtriser leur destin, comme l’installation agricole de proximité, le projet alimentaire social, qui pourrait permettre le développement plus rapide des circuits courts. Mais il y a avant toute chose, le maintien de l’action contre la précarité, c’est le plus urgent. Les demandes de RSA ont explosé depuis le confinement mais il reste malgré tout encore 30 % de la population qui n’en fait pas la demande tout en y ayant droit. Pour donner un exemple d’action de conseils départementaux, 19 présidents de départements ont lancé un appel à la mise en place d’un revenu de base. pour faire face à la crise de la Covid-19. Cet appel proposait notamment d’ouvrir les demandes de RSA dès 18 ans, et de simplifier l’accès au droit. Ma question est la suivante : pourquoi la Savoie ne s’y associerait pas ? Il faut expérimenter, innover !
On vous sent passionné par ces questions, d’où vient un tel engagement ? 
Probablement du fait que je suis un enfant du canton. Même si je ne suis pas né à Chambéry, j’y vis, j’y ai grandi, j’ai fréquenté les associations, les établissements scolaires, depuis l’âge de 8 ans. Je connais tous les endroits du canton, que ce soit la Cassine, Sonnaz, Chambéry-le-Vieux. D’ailleurs, c’est à Sonnaz que j’ai effectué mon premier mandat en tant que conseiller municipal en 2014, j’ai beaucoup aimé les transformations qui ont été effectuées dans ce village de 1800 habitants, nous avons travaillé tous ensemble, au-delà des étiquettes. Et c’est comme ça que j’ai rencontré le conseiller départemental Thierry Repentin dont j’ai aimé la vision. Le canton que je représente est d’une grande richesse de par sa diversité, entre tradition rurale, quartier politique de la ville, tissu associatif… C’est ce qui est le ciment du dialogue social, la cohésion entre les gens et le territoire. En cela, le conseil départemental représente l’échelle de la solidarité par excellence. Je vais siéger au milieu de nombreux autres élus d’expérience, mais le revers de l’expérience c’est qu’un certain nombre de choses ne nous sautent plus aux yeux. Il y a vraiment une nécessité de nouveaux points de vue «. 

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