Le couvre-feu est généralisé dans 54 départements, dont les deux Savoie

Le premier ministre, Jean Castex, accompagné de quelques uns de ses ministres directement concernés par cette crise sanitaire, a annoncé, jeudi 22 octobre, durant le point d’informations sur la crise, le durcissement des mesures de protection contre l’épidémie de Covid-19. La semaine dernière, les principales métropoles hexagonales avaient été contraintes à un couvre-feu, cette fois-ci, ce sont 54 départements, dont les Savoie, qui vivront à couvert, le soir venu.Pendant six semaines à partir de vendredi 23 octobre à minuit, 38 départements de plus seront concernés par un couvre-feu, dès 21h jusqu’à 6h. Les deux Savoie sont directement concernées. Il faudra une attestation pour justifier de pouvoir surseoir à cette décision. Est-ce un pré-confinement ? Se dirige-t-on vers une situation que nous avons bien connue au printemps dernier ? Tout cela dépendra de l’évolution des données épidémiologiques, plusieurs scénarii sont à l’étude. « Le couvre-feu a fonctionné » a toutefois tenu à rappeler Olivier Véran, ministre de la Santé. Le ministre a préféré ne pas se mouiller sur cette épineuse question.

« Les semaines qui viennent seront dures, le nombre de morts va augmenter »

Au total, 54 départements et un territoire d’outremer, la Polynésie, seront soumis à la règle du couvre-feu, soit 46 millions de concitoyens. Dans les autres départements, des mesures de restrictions générales demeurent (rassemblements limités et protocole sévères dans les lieux publics). Le télétravail est recommandé. « Ces mesures sont lourdes, j’en ai conscience, je constate aussi qu’elles sont bien respectées. 32 033 contrôles ont été effectués, pour un total de 4 777 verbalisations pour non-respect du couvre-feu ! » , s’est-il félicité. Le dispositif pourrait néanmoins encore être durci, en fonction de l’évolution de l’épidémie, plutôt sinistre, aux dires du premier ministre. Le taux d’occupation des lits en réanimation a dépassé la barre des 40%, notamment en région Aura, où la barre des 50% a été franchie. Cette tendance va se poursuivre, a annoncé le premier ministre. « Les semaines qui viennent seront dures, le nombre de morts va augmenter. Novembre sera éprouvant ». Olivier Véran a poursuivi, chiffres à l’appui. 40 millions de contaminations dans le monde, l’accalmie estivale en Europe a vécu. Le seuil d’alerte a été franchi. « Le virus circule moins vite qu’au printemps » , a-t-il ajouté, mais sa diffusion reste alarmante. « En août, on comptait 10 malades pour 100 000 Français, plus de 250 aujourd’hui, 800 à Saint-Etienne. Les 25 000 malades par jour sont recensés ». Les fruits de ce couvre-feu seront, l’espère-t-il, perceptibles la semaine prochaine. En attendant, au-delà des lits en réanimation, il y aura un besoin de lits hospitaliers. 50% des patients admis en réanimation ont moins de 60 ans. 

« Tous anti Covid », la nouvelle appli

C’était là aussi l’un des messages à diffuser, tout le monde est susceptible d’être touché. Le mois d’août est passé, la virulence du virus est la même et touche toutes les couches de la population, a indiqué le professeur Gayat, directeur de crise à l’hôpital Lariboisière. «Si nous ne parvenons pas à endiguer l’épidémie, nous devrons prendre des mesures encore plus dures » , a repris le premier ministre. 

La nouvelle application « Tous anti Covid » est disponible au téléchargement dès le 22 octobre. Le secrétaire d’Etat à la transition numérique , Cédric O, a ainsi présenté cette appli destinée à remplacer « Stop Covid », flop majeur. « Il faut être clair avec » Stop Covid », elle n’a pas été suffisamment téléchargée pour être utile, nous en prenons la responsabilité. C’est une opportunité manquée«. « Tous anti Covid » est un geste barrière supplémentaire. « Si vous avez croisé quelqu’un dans un lieu public, vous serez prévenus lorsque l’autre personne sera avertie de son test. C’est un geste simple, il ne sera utile que si nous sommes nombreux à le faire ». Elle intègre également les éléments chiffrés, adaptés à la ville de chacun, dans les jours qui viennent. « Nous voulons en faire un couteau suisse numérique » a t-il conclu.Les mesures de soutien économique annoncées la semaine dernière seront étendues aux départements ajoutés. Pour les bars, les restaurants, l’événementiel, « nous comprenons votre désarroi, ces mesures ne sont pas des sanctions mais des mesures de prévention » , a martelé le premier ministre. « La solidarité doit se déployer en leur direction ». Pas question de laisser tomber ces secteurs, comme l’a rappelé Roselyne Bachelot, ministre de la culture. « L’essentiel du spectacle vivant et du cinéma se déroule en soirée. Nous avons besoin de culture, les mesures vont en préserver l’accès ». Elle sera éligible à l’activité partielle, aux prêts garantis par l’Etat, notamment. 85 millions d’aides vont être débloqués pour le spectacle vivant pour qui les ressources ont diminué. Les fonds de sauvegarde et de compensation seront dotés de 55 millions supplémentaires. La taxe sur les spectacles sera repoussée. Pour les cinémas, les séances de 20h et 22h étant annulées, les sorties de films doivent être maintenues. « Les mesures de soutien représentent 30 millions d’euros » a expliqué la ministre. 115 millions d’euros au total vont ainsi être injectés dans le spectacle vivant et la culture, un effort « exceptionnel ». «La situation est difficile mais l’Etat est prêt, comme toutes les collectivités et les services publics. Cette crise est appelée à durer plusieurs mois encore » a conclu Jean Castex. Nous n’en avons donc pas fini avec le coronavirus.