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Parking Ravet : la concertation avec les habitants est close

Par Jérôme Bois • Publié le 20/10/20

Lundi 19 octobre, l’ultime étape de la concertation autour du devenir du parking Ravet s’est tenue devant une assistance clairsemée, Covid oblige. Elle revêtait pourtant une importance capitale dans la poursuite des travaux de ce lieu ô combien symbolique. Les habitants se sont exprimés tant sur leurs interrogations que sur leurs souhaits, les chiffres financiers ont été (enfin) évoqués, ne restera plus qu’au conseil municipal à définir un projet précis, tenant compte des avis de chacun.
550 retours, 270 participants aux diverses réunions de concertation depuis le 21 septembre, Thierry Repentin a pu trouver ces chiffres encourageants « sur l’état de la démocratie » à Chambéry. « Le premier objectif » , celui qui consistait à faire réagir les masses, « a été atteint ». Nous pourrions ne pas être nécessairement d’accord avec lui tant ce chiffre laisse songeur : 550 âmes seulement ont daigné répondre à la problématique numéro 1 de la campagne des municipales, le sujet qui devait faire basculer l’élection. Était-ce une grenouille qui se voyait grosse comme un bœuf ? Nous nous étions interrogés sur ce point, en juin dernier, car Ravet demeurait un point de contestation pour une poignée d’habitants seulement, des riverains la plupart du temps, des militants écologistes pour le reste… Ces contributions ont-elles au moins le « mérite d’exister » , comme le soufflait le commissaire enquêteur, Michel Déronzié.

Finances, aménagements, sécurisation

Ce qui est ressorti de cette dernière réunion – de restitution – du 19 octobre était attendu : quand les uns réclamaient des chiffres, financiers, autant que possible, d’autres voulaient clarifier la politique de mobilité et de stationnement de la ville. Soin porté aux abords du parking, sécurisation du périmètre, garage à vélo, recharge à vélo, les aménagements piétons, la végétalisation des alentours et du toit, la pose, éventuelle, de panneaux photovoltaïques sur celui-ci… Les contributeurs ont ratissé large. Et de tout cela, le conseil municipal devra tirer la quintessence pour bâtir le projet le plus conforme aux demandes précitées. Selon Isabelle Dunod, adjointe aux mobilités durables, les solutions exprimées étaient « très riches ». Afin de diminuer « la place physique de la voiture » , avançait-elle, il fallait observer les capacités en matière de stationnement d’une ville comme Chambéry : 4 379 places dont 3 500 payantes, entre les parkings en enclos, en ouvrage et sur voirie. Ravet ne devra ainsi pas « générer de nouvelles voitures » sur la ville en son centre. C’est pourquoi le nombre d’emplacements de départ (480 places) a été abaissé (à 337 dans les deux cas de figure, à 4 ou 5 niveaux), de même que le nombre de niveaux (de 7 à 4 ou 5). Encore fallait-il que les Chambériens adhèrent à cette perspective. Le garant du processus de concertation, Michel Déronzié, s’est, après le détail des remontées, lancé dans un speech assez détonnant, haranguant ses collègues, se perdant en explications puis livrant son point de vue sur le projet d’origine, là où on ne l’attendait pas. « Il était viable, passé entre les mains de l’architecte des bâtiments de France. Les recours ont tous été purgés, le parking est passé à travers tous les cribles de la réglementation » , affirmait-il. Il rappelait que l’enquête publique réglementaire avait bien eu lieu. Alors ? « Alors les gens sont soudainement tombés des nues dès que les premiers étages ont commencé à sortir de terre. Il y a eu enquête, pourtant et nul n’est sensé ignorer ces démarches, cela revenant à dire qu’il faut booster le débat public ». Les mécontents en question ? « Des gens qui habitent dans des R+7, ce qui était la norme à Chambéry durant de nombreuses années ». Standard auquel s’est adapté le parking Ravet. Le projet initial était donc viable, dans les clous, seule aurait manqué une concertation claire avec les gens, pourrait-on dire… Pourtant, lorsqu’Aurélie Le Meur affirma que le projet avait « fortement mobilisé les foules » , on est en droit de s’interroger : selon quels critères ? Car sur les quelques sondages diffusés çà et là sur les réseaux, la majorité est systématiquement allée vers le maintien du chantier. Les commerçants se sont même massivement mobilisés en faveur et l’on fait savoir… Rien ne permet aujourd’hui de prouver le contraire, ni les « coups médiatiques » qui ont émaillé la vie du chantier ni même les chiffres de participation à cette concertation. 

Près de 10 millions d’euros de surcoût pour le projet sur 5 niveaux

Les travaux avaient été stoppés le 25 juillet sur décision du maire, datant de la veille. Cet arrêt a, semble-t-il, coûté 285 000 euros à la ville, « ce qui sur les 12 millions que coûte le chantier est acceptable » , jugea la première adjointe. C’est pour le surcoût financier total que les gens s’étaient déplacés. C’était même devenu « le » sujet de cette concertation, ainsi que le nœud. Comment dès lors faire un choix si ces éléments demeuraient ignorés de tous, osa quelqu’un du public ? Un mois après le lancement de la concertation, les voici entre les mains de tous, conformes aux craintes exprimées.

Michel Déronzié, commissaire-enquêteur.
Pour le projet sur 4 niveaux, le surcoût se situerait entre 5,3 et 5,5 millions d’euros (entre 1,6 et 1,8 million de surcoût de construction et 3,7 de surcoût de perte d’exploitation), celui sur 5 niveaux allant de 9,2 à 9,7 millions d’euros (4,5 à 6 millions de surcoût de construction et les 3,7 millions de perte d’exploitation). 
Le premier projet serait livré en mars 2022, le second en mai 2022, des délais qui s’expliquent par la nécessité de redéposer un permis de construire. Des chiffres à pondérer, donc, puisqu’ils ne tiennent pas compte des négociations en cours avec Q Park. Des sommes importantes, qui ont aussi eu le don de désarçonner l’équipe municipale : « Nous sommes aussi déstabilisés par ces informations financières », reconnut la première adjointe. Comme ces surcoûts ne devront pas avoir d’impact sur le budget d’investissement de la commune, il faudra les « ventiler », selon trois méthodes possibles : en baissant la redevance annuelle que verse Q Park à la ville, en augmentant le coût du stationnement qui devrait toutefois rester moins élevé que celui de l’Hôtel-de-Ville, confirma Aurélie Le Meur, et enfin en allongeant le contrat de concession à Q Park, celui-ci portant initialement sur 30 ans, 27 aujourd’hui. « Nous tirons de nombreux enseignements des contributions qui font émerger plusieurs points saillants. Elles vont permettre aux élus de faire un choix éclairé. Il sera annoncé lors du conseil municipal du 16 novembre » , conclut l’élue.Certains spectateurs s’étaient montrés bien dubitatifs sur le processus de concertation tel que présenté, d’autres avaient voulu savoir qui émergeait parmi les contributeurs, « des riverains ? Des habitants du centre-ville ? » Au moins le maire pouvait-il se féliciter d’avoir rétabli « un dialogue qui avait fait défaut ». Rendez-vous le 16 novembre pour savoir de quoi Ravet sera fait. Enfin.

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