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Aix-les-Bains : il faut sauver le petit commerce !

Par Jérôme Bois • Publié le 16/11/20

Face à la crise sanitaire et le reconfinement qui est entré sans frapper dans sa troisième semaine, les communes doivent rivaliser d’ingéniosité pour venir en aide aux petits commerçants, durement impactés. La cité thermale avait donné le la avec son Digitaix, portail numérique visant à mettre ses commerçants en commun et à leur permettre d’effectuer de la vente en ligne. Il lui a fallu faire plus encore. 

Le commerce aixois est en berne et aura bien besoin des aides, d’où qu’elles viennent.
On l’a vu, Aix-les-Bains fait partie des rares villes moyennes à avoir mis en place la gratuité de stationnement sur l’espace public, dès le début du reconfinement. Comme Renaud Beretti le fit en mars. En jeu, ici, la survie à court terme du petit commerce. Pourquoi à court terme ? « Parce que les voitures bougent de moins en moins à mesure que les semaines passent ». L’approche est objectivement « volontariste » , insiste le maire aixois, quitte à aboutir à « des pertes de recettes » , figure imposée dont la municipalité se passerait bien alors que même son principal pourvoyeur financier, le casino Grand-Cercle, affiche des portes fermées. Seulement, « il faut inciter les clients à venir consommer dans les commerces encore ouverts » , poursuit Renaud Beretti. C’était un premier pas, il a été suivi par de nombreux autres. Ainsi, dans un confinement « que nous vivons de manière différente du premier » , alors que les commerces dits essentiels ouvrent encore, des aides sont vite apparues comme indispensables. Le conseil avait en effet voté, en juin dernier, et pour l’ensemble de l’année en cours, l’exonération des redevances relatives aux autorisations temporaires d’occupation de l’espace public, représentant un montant global de 658 000 euros. De même qu’avait été approuvé l’abattement à 100% de la taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures (TLPE) (lire notre article du 30 juin). Et si au printemps la ville avait précipité la reprise des grands chantiers publics, les commandes ont été maintenues sur cette période, comme en témoigne la déconstruction de la maison Berdah, près de la gare SNCF. 
Sur les devantures, des messages d’urgence…

Solidarité et visibilité

Mais ce n’est pas tout. La ville a pris attache avec la Région afin de participer à hauteur de 2 euros par habitant au fonds de soutien aux TPE et PME. Ce plan de soutien avait été voté par la Région lors du premier confinement, il prévoit une enveloppe de 150 millions d’euros sous forme de prêts à taux 0 entre 3 et 20 000 euros (sur 5 ans) pour ces petites structures « sorties des radars des autres dispositifs d’aide » , explique la conseillère régionale et première adjointe Marie-Pierre Montoro. Saint-Ours et Grand Lac ont également mis au pot. Ces aides se déclinent comme suit : une aide à la création de sites internet individuels allant jusqu’à 1 500 euros, une aide (cumulable avec la précédente) au développement d’un service de livraison pouvant aller jusqu’à 5 000 euros et enfin, une aide aux sites internet collectifs (25 000 euros) de type Digitaix, le modèle aixois qui permet aujourd’hui à l’ensemble des commerçants locaux de disposer d’une vitrine sur le web et d’une possibilité de vendre ses produits en ligne. « 119 commerçants s’y sont mis, 4 154 produits sont en ligne à ce jour, ils n’étaient que 1 000 au 1er novembre » , se réjouit Christophe Moiroud, conseiller délégué en charge du commerce. Acheter aixois, c’est également développer la solidarité entre commerçants et c’est la fédération locale qui s’y colle. « Nous vivons une période compliquée » , souffle Florian Louveau, nouveau président de la Faac, « nous militons pour une réouverture partielle des commerces avec toutes les mesures sanitaires requises » , détaille-t-il. 

« Click & collect » et solidarité, deux moyens de sortir de la nasse.
En attendant une ouverture qui viendrait du palais présidentiel, c’est avec de l’huile de coude que vont devoir se fluidifier les liens entre commerces. « Nous affichons ainsi notre solidarité envers ceux qui sont fermés en exposant dans nos vitrines quelques-uns de leurs articles ». Sans faire de vente directe mais déjà pour promouvoir l’échoppe exposée. « Rappelez-vous que l’on existe », semblent-ils vouloir dire. Il n’est donc pas rare de voir certaines enseignes en promouvoir d’autres. « Ca ne change pas grand chose » , relativise une Aixoise, gérante d’une boutique de sous-vêtements, « c’est mieux que rien mais ça ne remplace pas le lien aux clients, nous sommes des commerçants de proximité. Internet ne pourra pas tout remplacer » , explique-t-elle. Malgré Digitaix, la vente en « click & collect », le transfert d’appel vers son domicile… « Personnellement je suis sous fermeture administrative. Je respecte ce qui m’a été demandé. Je travaille dans mon atelier mais je ne reçois pas de clientèle. Je souffre de cette situation. Mais je suis très disciplinée sur ce qui est demandé », souligne une autre, productrice de bijoux, contrainte de respecter les décisions du gouvernement. Fermée parce que non essentielle, elle voit d’un bon œil ces mesures de bon sens : « La solidarité entre les commerçants est toujours une bonne chose. Tout ce qui est positif est bienvenue » . De façon générale, c‘est peu dire que les chiffres du Digitaix étonne jusqu’aux élus, des 1 000 connexions par jour au temps moyen passé par les clients à rechercher des produits (environ 5 minutes en moyenne). Dans cette optique, un effort supplémentaire a été fait pour communiquer, la municipalité a fait appel à Jérôme Louveton, animateur de son état, qui propose, de fait, de petites vidéos promotionnelles de 4 minutes intitulées « Clic lac commerces ». Sous forme d’entretiens spontanés diffusés sur les réseaux sociaux, le commerçant peut « vendre » ses produits, ses promotions et les qualités de son enseigne. Solidarité et visibilité, donc, deux mamelles essentielles pour sauver un commerce en souffrance, ici comme partout ailleurs.


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