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Aix-les-Bains : Patrick Liaudet, écrivain réenchanté

Par Jérôme Bois • Publié le 05/11/20

Le prolifique écrivain aixois Patrick Liaudet a, depuis vingt années, largement fait parler ses terres des Savoie dans ses divers manuscrits, mêlant le plus souvent et habilement fiction et réalité. Il nous revient avec un nouveau roman, « Neige de cendres », librement inspiré d’un fait divers local. Adoubé par un éditeur local également, la Fontaine de Siloé, le voici ravigoté après avoir songé poser le stylo une bonne fois.

Patrick Liaudet (3e en partant de la dr.) en 2017 au salon d’Hermillon entouré de Roger Moiroud, Mohamed Aouragh (décédés en 2019) et de Michel Etiévent.
Il faut parfois peu de choses pour faire rebattre le cœur d’un écrivain fatigué : un changement de tête à la Fontaine de Siloé, une nouvelle direction pour cet éditeur local et un coup de cœur immense pour l’œuvre de Patrick Liaudet, jusqu’ici lancé dans la grande et tumultueuse aventure de l’autoédition. C’est peu dire que nous ne conseillerons pas aux écrivains débutants de trop compter sur l’autoédition pour vivre, tant elle réclame du temps, de l’argent, de l’énergie au point de vous dévorer corps et biens. Patrick avait bien songé à tout stopper, usé par tant de kilomètres avalés pour faire exister chacun de ses nombreux ouvrages. Le manuscrit de « Djebel blues », son précédent, paru en 2019, avait été envoyé à 17 éditeurs en France, aucun n’ayant franchi le pas. « Je m’étais alors dit que ce serait le dernier à être autoédité. Depuis 20 ans, je me démonte la santé, j’ai 70 ans, il faut arrêter » , confie-t-il. Il avait même annoncé publiquement son intention d’arrêter l’écriture, trouvant à s’occuper par ailleurs, sur les berges du Sierroz. Et puis sa rencontre avec Thierry Daniel, directeur de la librairie Garin, à Chambéry, croisé sur le salon d’Hermillon, en Maurienne, en octobre 2019, a tout changé. « Il m’a mis en relation avec Olivier Perrier, le nouveau patron de la Fontaine de Siloé » , avec laquelle les relations avaient été plutôt fraîches jusqu’ici, la faute à une orientation exclusivement patrimoniale voulue par l’ancien taulier. « Il a lu » L’ombre sur le lac «, qui à l’époque s’était vendu à 3 000 exemplaires, ça lui a plu et l’a sorti en poche. Il m’a même proposé d’en faire paraître d’autres ». Le passage au petit format se trouvant être un gage de succès pour un écrivain, la proposition tombait à point nommé. Et forcément, germe aussitôt un nouveau projet dans l’esprit de notre auteur, jamais avare d’idées lorsqu’il parcourt les pages de la presse locale. 
Six mois de travail sur « Neige de cendres »
C’est ainsi que dès janvier 2020, il se met à écrire son nouvel ouvrage, qui lui demandera six mois de travail. Octobre 2020, « Neige de cendres » paraît, édité par son nouveau partenaire de jeu avec qui il signe un droit de préférence pour les trois prochains manuscrits (à savoir que ces derniers lui seront prioritairement proposés à l’édition). Fini le temps des galères, Patrick peut alors se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux, non sans tout de même apporter son écot à la publicité de son ouvrage en rameutant ses réseaux. Qu’un éditeur savoyard promeuve un auteur du cru semblait tellement évident… Voici donc notre écrivain animé d’un souffle tout virginal. « Le manuscrit a tout de suite été édité, ça m’a vraiment regonflé » , reconnaît-il. Tant pis si ce confinement épisode 2 a cassé la dynamique de promotion, il aura bien profité du premier pour accomplir son œuvre. « Neige de cendres », donc. Un polar mettant en scène un ancien agent de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure), les services secrets français, de retour sur ses terres baujues. Mais son passé, pesant, finit par le rattraper. Patrick Liaudet s’ingénie à ne pas figer son récit dans les montagnes savoyardes ; de la Sicile à la Suisse, de Vallorcine à l’Afrique du Sud, il le fait voyager au prix d’un gros travail liminaire : « J’en ai bavé, j’ai dû me documenter sur les armes, sur la façon de mener des opérations, sur le fonctionnement des services secrets » … Une habitude chez lui puisque sur « Djebel blues », qui raconte le départ d’un jeune rugbyman grenoblois pour la guerre d’Algérie, dont il ne reviendra pas sans séquelles, il avait interrogé des anciens de l’Algérie et s’est énormément documenté, là encore, sur les modalités d’un conflit dont la France ne peut s’honorer. « L’ombre sur le lac » n’évoquait-il pas cet avion allemand qui plongera dans les eaux du Bourget, durant la seconde guerre mondiale ? « Le sorcier aux main d’or » n’était-il pas un hommage minutieux au plus ambitieux des faussaires aixois ? Cette frontière ténue entre réalité et fiction… Ainsi vit Patrick, à l’affût. « Je guette toujours des histoires extraordinaires dans la presse ordinaire, je découpe des articles qui semblent anodins ». De ceux qui ne vont générer que trois lignes dans une page d’un journal mais qui révèlent des possibles exaltants, parfois. Ainsi va Patrick.

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