Vendredi 27 novembre, à l’initiative du mouvement citoyen de Grand Chambéry, s’est tenu un débat portant sur l’opportunité de réaliser un stade municipal flambant neuf sur l’emplacement de l’ancien, doublé d’un parking souterrain de 400 places. 250 personnes s’étaient inscrites, environ 150 ont participé durablement à ces trois heures rondement menées. Un débat utile, un format novateur mais pas tout à fait impartial.
L’architecte, Grand Chambéry et l’ancienne équipe municipale porteuse du projet manquaient à l’appel
Ce projet controversé aurait dû, dans des circonstances normales, s’implanter « sur trois hectares » et non « sur un seul » , rappelait le maire, ce choix avait été fait avant lui – « héritage de l’ancienne mandature » – et c’est bien là tout le problème. Car à ce débat, organisé par le mouvement citoyen de Grand Chambéry, d’où émane la moitié citoyenne de la majorité actuelle, manquaient à l’appel l’équipe porteuse du projet (dont certain membres, dans l’actuelle minorité, suivaient le débat en silence) et Grand Chambéry, non invité, une erreur que reconnaîtra Jérôme Petit en conclusion de ce débat virtuel tandis qu’Attac et Europe écologie les Verts bénéficièrent d’une tribune, forcément à contre-courant du chemin tracé jusqu’ici par Michel Dantin. Enfin, l’architecte Patey, convié au débat, se retirera faute d’avoir été une seule fois sollicité. Un stade, oui, mais pas à n’importe quel prix, dans le respect de l’environnement et surtout, pas sans une concertation globale avec l’ensemble des Chambériens.
« Je ne comprends pas que le stade puisse être remis en question »
Beaucoup d’interrogations demeurent autour du financement du stade, le coût de 18,8 millions d’euros n’allant pas « être supporté par la ville seule mais grâce à des subventions venant du Département (2 millions confirmés et 2 autres réclamés), du conseil régional (4 millions demandés), de l’Etat, si l’on y arrive, de l’agence de l’eau et de l’agglomération Grand Chambéry » , bien silencieuse jusqu’ici, avec qui la ville espère « partager le reste à charge à 50/50 ». « Nous avons un budget très contraint*** » , dira Pierre Brun, conseiller délégué aux finances, « on a hérité d’un plan pluriannuel d’investissement, d’un budget, d’un grand projet sur lequel nous n’avons pas eu notre mot à dire ». Donc, il convient d’étudier aujourd’hui la ventilation du coût du stade et « d’aller chercher des subventions ailleurs ». Frustrant pour de nombreux participants qui espéraient des réponses claires.
« Prenons le temps de construire »
Le débat par questions/réponses qui suivit montra tout de même un attachement des Chambériens pour le sport de haut niveau, « la démocratie a ses limites » confiait même un participant, « il faut cesser de palabrer, c’est très bien de discuter, mais à un moment on élit des gens pour qu’ils prennent des décisions, sinon ça bloque tout ». Un autre, « ça va être compliqué de bâtir un stade en paille » , en réponse aux propos d’un jeune représentant de Youth for Climate, désireux d’un ensemble respectueux de l’environnement. « Nous comprenons tout à fait le besoin légitime d’un stade mais la dimension écologique n’a pas du tout été prise en compte » avait souligné ce dernier. Sur la messagerie en live, les invectives commençaient à défiler entre militants purs de la cause environnementale et les autres, principalement proches des clubs impactés par l’absence d’un stade à Chambéry. « Prenons le temps de construire un projet social riche autour du stade » , exposait Marc Pascal (membre d’EELV), quand Lionel se désolait que « chaque décision » doive « entraîner une consultation alors que les élus l’ont été justement pour prendre ces décisions ». « Il y a des gens qui se fichent des grandes choses » , avançait un autre participant, « une enquête aurait donc du sens » afin de clarifier les points durs qui restent en suspens.C’était une bataille entre pragmatiques – qui veulent de ce stade coûte que coûte – et dogmatiques – qui s’interrogent sur l’impact environnemental, sur les coûts de fonctionnement, sur l’investissement général, sur les projets sociaux et éducatifs à bâtir autour, sur la nécessité d’une concertation -, un débat où chacun a eu la parole mais auquel il manquait trop d’intervenants déterminants pour pouvoir se prétendre parfaitement impartial. Mention bien pour cette première du genre, un exercice difficile à concevoir, à mettre en œuvre, et au final bien exécuté.
* Les organisateurs ont regretté en préambule d’avoir été à l’origine de ce débat, « faute de mieux, nous avions espéré que la ville le fasse ». Ce à quoi Thierry Repentin répondra que « d’autres sujets avaient empêché la ville de le faire » , tout en saluant cette initiative.
** Les postes d’économies portent sur l’éclairage abaissé à 1 200 lux, sur le report de la construction de la tribune secondaire de 2 000 places, sur l’adaptation d’équipements techniques et de dispositifs architecturaux et sur les aménagements extérieurs.
***La capacité d’investissement de la ville s’élève à 25 millions par an sur six ans.
**** Avec un stade de 5 000 places, Chambéry sera bon dernier en Pro D2 en termes de capacité.
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2 commentaires
gerard Blanc
28/11/2020 à 03:26
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Unknown
28/11/2020 à 05:43
Merci d'avoir noté la qualité du débat, mais domage d'avoir omis que le SOC et Patey avaient été trés efficace pour recruter à ce débat zoom !
Reposer la question des priorités climatiques et des capacités budgétaires pour y faire face, ce n'est pas que du dogmatisme !
Bravo pour cet article de compte-rendu que je trouve assez objectif et complet. L'architecte PATEY et ses collègues ont bien suivi jusqu'au bout ce débat, intervenant et échangeant assez longuement lors de la "3eme mi-temps", avec une proposition intéressante d'organiser une présentation détaillée de son projet. Et rappelons que chacun.e (minorité municipale comprise) pouvait s'exprimer, directement en plénière ou petits groupes, ou par écrits régulièrement rapportés. Débat pas parfait, mais le seul à ce jour, et qui a permis de partager des informations et soulever des questions pertinentes (pourquoi pas de chiffres sur les coûts annuels de fonctionnement et d'accompagnement des clubs ? pourquoi pas de portage par Grand Chambéry ? Pourquoi pas de plan global de soutien équitable à tous les sports ? Pourquoi pas de Plan Pluriannuel d'Investissement réactualisé suite aux conséquences de la crise Covid et des engagements pour l'urgente transition écologique ?, ...)