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Désert après un été bien rempli, Chanaz retient son souffle jusqu’aux fêtes de fin d’année
Par Laura Campisano • Publié le 13/11/20
Chanaz est une cité de caractère, une « pépite cachée » de Savoie, dont les habitants de ce village au bord du canal de Savières sont particulièrement fiers. Après une année faite de hauts et de bas, et alors que la basse saison allait seulement débuter, le nouveau confinement a rendu Chanaz désert, bien plus qu’à l’accoutumée. Tous espèrent maintenant compter sur les fêtes de fin d’année, alors que les carnets de réservation de gîtes sont pleins.
En 40 ans, Yves Husson n’avait jamais vu son village aussi vide, comme endormi. Après la déferlante – inattendue – de cet été, l’édile concède que cette ambiance fantomatique l’attriste un peu. Même si l’arrière-saison n’amène pas autant de monde qu’au printemps, et encore moins que l’été, persiste en règle générale une clientèle de weekends. Actuellement, seuls la petite épicerie, le tabac et la boulangerie restent ouverts, les autres commerces étant fermés et fonctionnant en vente à distance ou à retirer sur place. Les trois bars et les cinq restaurants ont, eux aussi, le rideau baissé.
Une perte de chiffre d’affaires certes, mais un été flamboyant
Ce n’était pas une année ordinaire pour le village touristique savoyard, à tout point de vue. Le premier confinement, surprenant, est arrivé quasiment en même temps que la reprise d’activité annuelle. Si les gîtes, comme Le Doux Nid, et les restaurants restent ouverts une bonne partie de l’année, entre la toussaint et le printemps, c’est plus calme. Raté donc le printemps, les espoirs se sont donc reportés sur l’été. Et il a tenu ses promesses, voire plus que cela encore. « Dès le déconfinement, nous avons eu 30 000 personnes à Chanaz en deux semaines », se souvient Emeline Fleuret, chargée de communication à la maison de Chanaz, l’office du tourisme communal. « C’est l’équivalent du mois de mai en général. C’était impressionnant à voir, et ça n’a pas été évident, nous avons dû faire quelques mises au point, sur la logistique principalement. Nous avons dû adopter une communication de crise parce que l’idée est toujours un développement en éco-tourisme, pour préserver la beauté du lieu. En juin, nous avons eu autant de gens que les années précédentes, grâce à la règle des 100 km. Cela a permis de faire venir un public lyonnais, annécien, quelques Isérois. En général, ce sont nos fidèles qui viennent en premier lieu à ces périodes mais là, nous n’avons jamais eu autant de monde ! » En tout, ce sont près de 170 000 personnes qui sont venues visiter le village entre mai et fin août, inattendu, inespéré, même. « Nous avions loupé le printemps qui représente une partie importante de notre chiffre d’affaires, alors nous espérions sauver juillet août », explique Christophe Ougier, gérant du Doux Nid et du restaurant Le Relais Gourmand, « nous avons été plutôt préservés. A compter de la fête des pères, la progression de notre activité a été exponentielle. Nous avons eu la chance de travailler plus que d’habitude sur deux ou trois mois. On ne s’attendait pas à autant travailler et il a même fallu embaucher plusieurs personnes en juillet. Aujourd’hui, alors que d’habitude nous avons de bons week-ends d’automne, nous sommes beaucoup tributaires du temps à Chanaz, en ce moment, c’est très limité pour la chambre d’hôtes, à part quelques professionnels qui doivent rester sur place. Quant au restaurant et à l’activité de location de bateaux, nous avions prévu de fermer début novembre, pour la saison. » In extremis, donc. Yves Husson, lui, qui a choisi de mettre en valeur le côté éminemment touristique du village qui l’a réélu maire en mars dernier, est tout de même rassuré : 170 000 personnes de passage à Chanaz et sa commune n’a connu que trois ou quatre cas Covid, isolés, ces derniers jours, soit bien après le mois d’août. « Nous avions peur de la contamination, nous y pensions bien sûr », reconnaît-il, « mais au final, tout le monde a bien respecté les règles et tout s’est bien passé. Côté économique, nous avons été très présents sur les réseaux sociaux, tout le mois d’avril et de mai, les commerçants étaient très contents, ils avaient le sourire. Alors, ce n’était pas si catastrophique. Là, nous perdons les recettes du stationnement, vu qu’il n’y a personne et nous ne sommes pas habitués à ça. » En effet, les recettes des horodateurs, qui financent la création de nouveaux parkings sont au point mort, mais « c’est difficile pour tout le monde », relativise le maire, « les bateaux de croisière sont à l’arrêt, les locations de nos hébergements pour novembre sont annulés, en tout, la perte de chiffre d’affaires est de l’ordre de 65 000 euros. » Mais il y a tout de même encore des raisons d’espérer.
Pâques à la maison, Noël sur le ponton ?
D’abord, les gens présents sur Chanaz pendant les vacances de la toussaint ont pu terminer leur séjour sans précipitation, en dépit de l’annulation de dernière minute des animations prévues pour Halloween. Loin d’être un détail, l’accueil est une des qualités reconnues par les fidèles du village. Et pour cause, il reste encore une période « faste » à sauver : les fêtes de fin d’année. Chaque année, réveillon de Noël et nouvel an sont des moments privilégiés pour Chanaz. « Nous jouons le jeu, en décorant les pontons des logements sur pilotis, cela donne une ambiance particulière et les gens aiment beaucoup venir chez nous durant cette période. » En tout, 140 lits composent ce que les Chanaziens appellent « la cité lacustre », propriété de la commune. « Nous avons de bonnes réservations pour décembre », renchérit Yves Husson, « c’est complet pour Noël et Nouvel an. On pourrait penser qu’avec une levée de confinement au 1er décembre, on puisse remplir décembre et janvier. » Même espoir pour Christophe Ougier, « nous avons loué la maison entière en gîte, avant l’information du confinement, pour la période des fêtes, pour le moment nous n’avons pas eu d’annulation, on attend de savoir. »
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