Voilà, c’est fini… Le projet de départ a gagné, la vision de la précédente mandature était la bonne. Certes, on trouvera tout un tas de raisons pour justifier ce revirement, cette équipe municipale, elle, en a vu deux : le surcoût financier qu’engagerait la refonte du projet et le contrat en béton armé signé par la ville avec Q Park, en 2017, une DSP sur 30 ans dont il semble difficile de s’extirper. En définitive, pourrait-on dire, tout ce tintamarre n’aura abouti qu’à un statu quo.
Et pourtant, il y ont vu une victoire. Celle du dialogue et de la concertation. Celle d’une nouvelle forme de pratique de la politique telle qu’elle sera à présent lorsqu’un dossier se présentera à l’horizon. « Ce n’est pas un échec » , dira Thierry Repentin. Le sujet « emblématique » par excellence relégué derrière l’avènement de la « nouvelle politique », car c’est elle la grande victorieuse.
Âpres négociations
« C’est durant un mandat que la concertation doit se faire » , a précisé le maire. « Notre concertation a bénéficié d’une belle participation, nous avons rencontré tous les acteurs, les pro comme les anti, nous en avons tiré deux grands enseignements : notre politique de mobilités et de stationnement doit être durable, et nous devons maîtriser les coûts ». C’est pourquoi il a été décidé de « terminer le parking selon le permis de construire initial » , a indiqué la première adjointe Aurélie Le Meur. Parce que les coûts occasionnés par un changement de direction ne pouvaient être supportés et parce que le contrat de délégation signé entre la mairie et Q Park en 2017 était trop contraignant. « On l’a fait sous contrainte » , a repris Thierry Repentin, « on a beaucoup parlé d’emprunts structurés, autrement dits toxiques, il y a aussi des DSP structurées que l’on peut qualifier de toxiques. Cette délégation qui engage la ville pendant 30 ans dans un contrat structuré verrouille toute possibilité d’évolution ». Il s’est néanmoins montré ferme à l’égard de Q Park, « il ne devra pas s’enrichir d’un euro supplémentaire sur le dos des Chambériens ».Ainsi, ce sont 2,4 millions de compensation* qu’il faudra supporter « mais il n’y aura pas de paiement de compensation lié aux recours déposés ou à l’occupation du chantier. Le coût du parking réaménagé ne sera ni supporté par les impôts ni par le budget de la ville mais par l’évolution du contrat d’exploitation d’un an et du lissage de la redevance sur les 3 ou 4 premières années ». Il ajoute que dans le contrat de DSP, « il était prévu une réévaluation des tarifs sur l’ensemble des parkings que gère Q Park, la hausse que l’on peut atteindre pourrait aller de 10 à 30 cents sur 2 heures » , une réévaluation qui aurait déjà dû être actée par la mandature précédente, selon Thierry Repentin. Il conclut ainsi, « les négociations ont été menées avec rudesse et beaucoup de frictions ».
« Le prix de l’irresponsabilité »
Le parking sera donc réalisé tel que prévu en 2017, avec quelques aménagements (plus de places de vélo, places pour l’autopartage, le local commercial évoluerait vers un projet en lien avec les mobilités actives…) alors que d’autres modifications, place de la Libération, avenue Charles-de-Gaulle, quai Ravet et boulevard du Théâtre pourraient apparaître. Deux ans de retard, donc (il devait être livré pour Noël 2018), une compensation à absorber, « c’est le prix d’une absence de dialogue, le prix de la responsabilité des élus » , selon Aurélie Le Meur, un prix que n’est pas disposé à assumer Aloïs Chassot, de la minorité. « Faire porter la raison de ce choix sur la DSP est un mensonge, Michel Dantin a suffisamment rappelé le coût que représenterait l’arrêt des travaux ou celui d’une diminution du projet. Cette équipe a lancé une concertation en connaissant ces éléments mais en ne les divulguant pas ou au tout dernier moment ». Pour lui, pas de doute, « cet équipement est nécessaire pour supprimer des places en surface ». S’il peut évoquer sa pleine satisfaction, l’élu réclame néanmoins le détail, « la ventilation » de ces 2,4 millions d’euros « et quelles négociations il y a eu avec Q Park pour aboutir à ce montant ». Il rappelle que la précédente DSP signée avec Vinci était autrement plus « toxique » , les Chambériens « ayant payé le parking du Palais de justice deux fois ».Autre voix, autre indignation, celle émanant de Christian Saint-André, dont les mots sont plutôt durs à l’égard de l’actuelle majorité : « J’annonçais ces derniers mois ce projet comme le premier fiasco de la municipalité actuelle c’est dorénavant confirmé. Mais ce fiasco n’est pas que politique il est financier et va coûter 2,4 millions à la collectivité. Le prix de l’irresponsabilité. Thierry Repentin tente de nous faire croire que cette décision est prise sous la contrainte financière : je lui rappelle que nous sommes dans un état de droit, les contrats doivent se respecter. Il fait semblant de le découvrir pour se justifier ». Il ajoute, dans son communiqué du 26 novembre qu' «Aurelie Le Meur nous explique que cela fera des déçus dans ses soutiens. C’est surtout une vaste tromperie car une grande partie de sa campagne électorale reposait sur cet engagement à modifier ce parking ; tout son électorat doit se sentir bien abandonné. Entre farce et tromperie, tout cela est de très mauvais augure pour l’avenir ».On peut attendre patiemment la prochaine séance du conseil municipal, le 16 décembre, où chaque partie ne manquera pas de revenir une nouvelle fois sur le plus controversé des parkings chambériens.
* Un chiffre atteint du fait de l’arrêt du chantier dû à la Covid, de l’arrêt dû à la concertation, des retards occasionnés par les recours successifs et des quelques aménagements négociés.
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