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Tour de France : comment Albertville s’est offert une place de choix au cœur du Tour

Par Laura Campisano • Publié le 03/11/20

Ville-étape régulière ces dernières années, tous les deux ans Albertville est sur le podium du Tour de France. Après une étape annulée entre la cité olympique et Aix-les-Bains en raison de la grève des coureurs en 1998, la commune était restée en retrait durant quatorze ans. Mais elle a fait un retour remarqué dans le tracé du tour depuis 2012, réputée pour son accueil et sa place stratégique dans la course mythique. Rebelote en 2021, où il faudra compter sur Albertville comme ville de départ de la dixième étape le 6 juillet 2021 jusqu’à Valence. Quel est le secret d’une telle constance ?
C’est une fierté revendiquée par les Albertvillois : leur ville est une terre de sport à ne pas en douter : étape du tour, tour de France, coupe Davis de tennis, jeux olympiques, ils sont de toutes les compétitions et en sont heureux. Bien sûr, cela réclame une organisation, des infrastructures, mais les années d’expérience ont permis à la commune de nouer une véritable et durable collaboration avec Amaury Sport Organisation, à la tête du Tour de France.

« Avant tout un savoir-faire »

Crédit photo : ville d’Albertville Tour de France 2018
« C’est avant tout un savoir-faire », précise Frédéric Burnier-Framboret, maire de la cité Olympique, « depuis les Jeux olympiques, le collectif 92 qui rassemble près de 100 bénévoles est très impliqué dans l’organisation du Tour sur le terrain. Cela motive les services également, il y a un véritable enthousiasme dans la commune. » C’est aussi ce que relève Amaury Sport  Organisation (ASO), en charge de l’organisation du Tour. Bien entendu, la ville se porte candidate pour accueillir le Tour de France, mais il faut aussi reconnaître que la commune savoyarde a plus d’un atout dans sa manche « Sa situation géographique est idéale », nous explique-t-on chez ASO, « elle ouvre la porte de la Tarentaise et de la Maurienne, elle correspond parfaitement à ce que nous recherchons comme villes- étapes de départ et d’arrivée. » Mais elle a aussi l’avantage d’avoir des hommes et des femmes passionnés de sport à sa tête. « C’est Martine Berthet, qui lorsqu’elle était maire d’Albertville, était très attachée au sport et a montré sa volonté à faire passer le Tour de France par sa commune. Le maire actuel y est tout aussi attaché », abonde ASO, « vu que tout se passe bien, que tout le monde sur place souhaite que cela se poursuive, c’est une volonté collective et c’est pratique pour tous. »  En effet, Martine Berthet se souvient d’avoir repris contact, dès son élection en 2014, avec l’équipe de Christian Prud’homme pour remettre Albertville dans la boucle du Tour.  « Mon équipe et moi étions convaincues que le Tour était un de ces derniers grands événements sportifs gratuit pour tous, accessible à tout âge, où l’on peut approcher les sportifs de haut niveau facilement, dans une ambiance festive, et qui apporte localement beaucoup à la population. En plus de cela, le Tour permet de générer de l’économie avant, pendant et après l’épreuve : les gens ont envie d’essayer ce parcours, il y a énormément d’activité économique autour du Tour. Et surtout, cela permet aux Savoyards, aux Français et au monde entier de redécouvrir les paysages magnifiques que nous avons en Savoie, c’est ultra-bénéfique pour le tourisme et les loisirs. Je n’y vois donc que des avantages, » s’est-elle réjouie.

Un partage du coût par l’Agglomération Arlysère pour le droit d’entrée

Tour de France 2018 – Crédit Photo Ville d’Albertille
Candidate depuis 1998 et plus fréquemment depuis 2012, Albertville peut se targuer de réunir les amoureux du vélo autant pour le Tour, que pour le Critérium du Dauphiné, le Tour de l’Avenir ou encore l’étape du Tour. « Et cela fait du bien à tout le monde, renchérit Martine Berthet, ce n’est pas qu’une course, c’est une culture générale autour du vélo, que nous avons ici. Le Tour de France, c’est un aboutissement, le bouquet final et je me réjouis qu’Albertville accueille de façon régulière le Tour et que mon successeur poursuive la collaboration avec ASO. » Bien entendu, l’organisation a un coût ; location de barrières, installation par les services techniques et les bénévoles etc.. Mais si pour l’installation du village et des infrastructures, la commune prévoit un budget spécifique d’un montant d’environ 100 000 euros au sein de la politique d’animation de la ville, les droits d’entrée pour accueillir le Tour de France sont pris en charge à moitié par la communauté d’agglo. Le coût total faisant partie des accords passés entre ASO et Albertville, le secret restera précieusement gardé.* « Notre participation au Tour participe au rayonnement du territoire, et c’est pour cela que la communauté de communes prend en charge une partie des droits d’entrée », souligne Frédéric Burnier Framboret, « notre ville coche toutes les cases, et quand a été dévoilé le tracé du tour, ce dimanche soir, les gens ont favorablement accueilli cette nouvelle. » Et ce d’autant plus, après la crise qui a frappé tous les secteurs dont le tourisme local. Pour Martine Berthet, il ne fait aucun doute que l’arrivée du Tour en juillet prochain, permettra de relancer l’économie du tourisme, mise à mal durant l’été 2020, crise sanitaire oblige « C’est un point très positif pour l’économie savoyarde », s’enthousiasme la sénatrice, « l’étape à Tignes, le jour de repos et le départ à Albertville vont permettre de relancer l’économie touristique de notre département. Comme en hiver nous pouvions compter sur le ski en station, mais que rien n’est sûr cette année, cette étape et tout ce qu’elle va engendrer va faire du bien à tout le monde. » Albertville, terre de sports depuis les jeux olympiques de 1992, n’a pas failli à sa réputation, et ce en dépit d’une grève des coureurs lors de l’étape la reliant à Aix-les-Bains en 1998. Pour preuve, 2012, 2014, 2016, 2018 ont été des années vélo pour les albertvillois, et 2021 promet d’être un bon cru pour ce qu’on espère tous être « l’année d’après Covid ». Plus encore, la ville a non seulement été choisie par le comité olympique de Paris 2024** comme centre de préparation potentiel mais a également accueilli la Coupe Davis, en 2019, ce qui a été sans doute contribué à parfaire sa réputation de terre de sports en séduisant Bernard Giudicelli, président de la Fédération Française de tennis (FFT), reparti avec la victoire des Bleues dans ses bagages et une très belle surprise quant à l’accueil réservé aux équipes. « C’est un des plus beaux témoignages que nous ayons reçus », se souvient le maire, « ils venaient à Albertville en traînant un peu des pieds, puisque la faiblesse de notre commune selon eux, était l’hébergement. A la fin de la compétition, ils étaient non seulement heureux de la victoire de la France, mais sont revenus sur leurs a priori de départ, avec Chambéry et Brides-les-Bains à proximité. L’hébergement n’est même pas un sujet et notre façon de les accueillir, l’engouement de tous les a ravis. » Voilà un argument supplémentaire qui peut expliquer pourquoi, sans atteindre le record de Pau, ville incontournable du Tour depuis 1947, Albertville reste une ville fétiche voire favorite des organisateurs, coureurs et aficionados de la petite reine. 
* Le montant réclamé serait de l’ordre de 80 000 euros pour une ville de départ et de 120 000 euros pour une ville d’arrivée.
** Le 8 octobre dernier, le Préfet de la Savoie a annoncé les sites retenus pour les entraînements des équipes olympiques des jeux de Paris 2024. Cinq sites sur 620 ont été choisis en Savoie par le Comité d’organisation des Jeux dont la Ville d’Aix-les-Bains, le club d’Aviron du Lac d’Aiguebelette, la Ville d’Albertville, les Saisies et Tignespace. Ces sites pourront potentiellement accueillir des délégations sportives internationales dans le cadre de leur préparation aux jeux olympiques et paralympiques, choisis au terme d’une procédure menée sur des critères techniques mais aussi liés à l’environnement.

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