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Alexandre Prévert propose de réenchanter le monde avec des « contre-JT de 20h » joyeux et poétiques

Par Laura Campisano • Publié le 31/12/20

Chacun retiendra ce qu’il peut, de cette année si particulière qui s’achève, tous, elle nous aura changé : modifié nos façons de vivre, poussé à réorganiser nos vies, voire même à transmettre nos enseignements, sait-on jamais. C’est ce que propose justement Alexandre Prévert, Savoyard de cœur et d’adoption, qui a décidé que son expérience personnelle pouvait nécessairement servir au plus grand nombre. Après quelques jours passés à Tresserve, il s’apprête à enchanter la nouvelle année avec des live chaque soir à partir du 11 janvier à 20h, sur les réseaux sociaux, au lieu des informations anxiogènes du JT. 
Il pourrait continuer sa carrière de pianiste, attendre sagement de reprendre le chemin de la scène et poursuivre ses stand-up classiques. Mais Alexandre Prévert a cassé les codes et a cessé d’être ce que l’on attend de lui pour s’incarner, enfin. Son nom fleure la poésie, et ce n’est pas un hasard, mais c’est surtout ses projets qui donnent furieusement envie de tourner la page de 2020, pour la démarrer avec lui, et par là-même avec tout ce qui sommeille au fond de chacun de nous : la joie, la simplicité, le partage et sans doute l’amour-propre, loin de l’anxiété et de la folie qui s’est emparée du monde entier cette année.

Un artiste aux milles possibilités, à la recherche simple… du bonheur

C’est loin d’être fantaisiste, que de vouloir changer de chaîne à 20h, au lieu de s’abreuver de fil d’infos en continu qui ne ressassent que les nouvelles inquiétantes. C’est loin d’être utopiste que de parier sur la beauté du monde, plutôt que sur les bas instincts des hommes, et c’est exactement ce que porte au fond de lui, ce jeune homme de 24 ans qui n’avait jusqu’ici fait que « consentir à [mon] propre emprisonnement. » La souffrance, Alexandre Prévert l’a testée, en avançant sur un chemin tout tracé mais qui ne faisait clairement pas son bonheur. « C’est tout de même ce que nous recherchons tous non ? Être heureux », s’exclame-t-il, « j’ai mis du temps à comprendre que vouloir mon bonheur, parler de moi, ce n’était ni arrogant ni présomptueux, j’ai fait un gros travail sur ça. Parce que depuis que je suis petit, on m’a appris à être humble, à ma place, qu’il fallait écouter, ne pas trop l’ouvrir. On se tait et on écoute, » moi je « était renié péjorativement alors que j’avais envie et besoin de faire sortir des choses sans forcément être prétentieux. Alors qu’en fait, la seule chose dont on peut parler, c’est de soi-même ! J’ai compris qu’en me faisant du bien à moi, j’en faisais aux autres ! » Il aura fallu un déclic, pour le faire basculer dans son vrai-soi et lui donnant, naturellement, envie de le partager.Alexandre Prévert a pourtant déjà une vie fascinante, un aïeul illustre, (Jacques Prévert est le grand-oncle de son grand-père paternel, NDLR) deux grands-pères aux facettes artistiques assumées, l’un ayant peint toute sa vie, l’autre guitariste, pianiste… L’héritage est donc riche. Collégien de Lamartine à Aix-les-Bains, il débute le conservatoire à Chambéry, et en parallèle le judo à Montmélian, qui lui permettra de remporter le championnat de France minimes en 2010 ainsi que la médaille d’argent en demi-finale des championnats de France cadets en 2011. « La Savoie occupe une place importante dans ma vie, je me sens Savoyard » explique celui qui a grandi sur la colline du Poète, à Tresserve. 

Un projet altruiste né d’un double déclic

Il semble donc que rien ne résistait à Alexandre, dont les talents étaient reconnus sur scène ou tatami. Mais cela ne faisait pas son bonheur, la renommée, la gloire, et surtout, un chemin qu’il n’avait pas choisi. « J’ai toujours fait ce qu’on m’avait dit de faire », se souvient-t-il, « par défaut, je n’avais pas grand-chose à proposer. Forcément, il y a une sorte de contradiction. Alors pour me libérer, j’ai pris la plume, pour partager, témoigner. J’ai eu besoin de raconter la façon dont je vivais, heureux malgré tout et de confronter mon expérience, de montrer une voie. C’est une démarche personnelle et collective. » Tout s’est joué en deux dates-clés : le 13 novembre 2015, date des attentats à Paris, où il se trouvait ce jour-là, et le premier confinement, 17 mars 2020. Cela a donné lieu à « Où sont passés vos rêves », spectacle qu’il a souhaité jouer au Bataclan, quand cela a été de nouveau possible, puis de « Paroles confinées » sorti le 24 décembre dernier, mélangeant poésie, chant et musique classique, qu’il interprète seul, bien qu’il soit soutenu et accompagné d’un petit groupe inspiré et motivé par la fougue de cet artiste aux mille et une idées. « Je vivais encore sous le regard de mes parents, du Conservatoire, de l’Institution. J’avais tous ces masques pour me dissimuler. Et la Covid m’a permis de me retrouver à poil, tous les concerts étaient à l’arrêt, alors je me suis dit » c’est le moment ou jamais « pour poser les armes, sans tomber dans l’immense piège de les retourner contre » les maîtres «. La violence ne mène jamais à rien de bon. Comme le disait Boris Vian, » la guerre, c’est sans moi «. Nous avons tous envie d’aller bien, quand nous étions petits, nous étions bien. C’est d’une évidence telle ! Tout le monde le sait ! Le monde est inversé, la fin est arrivée avant le début, c’est ce qui explique le dopage par exemple. Alors il faut tout remettre dans le bon sens, repartir du point zéro. »

Renverser la vapeur et repartir dans un cercle vertueux : objet de live quotidiens 

Comment s’y prendre alors, une fois que le chemin a été parcouru, une fois qu’intérieurement on accepte de reprendre sa place et de se remettre au sens de sa vie, pour emmener les autres avec soi ? « Il y a plein de façons de s’y prendre », détaille Alexandre, « l’important c’est de dire qu’il y a une autre vie au fond de chacun de nous, qui ne passe pas nécessairement par la voiture, l’argent, le CDI, la télévision. Personne ne raconte que tout ça rend les gens heureux. Le monde du CAC 40 n’existe pas, en revanche, le soleil, la mer, le rire, ça, ça existe. Alors je vais débuter par désacraliser tout cela, démontrer que nous nous accordons au partage de ce constat, commun à tous. Accepter ça, c’est d’une grande violence symbolique, on s’est trahi depuis tellement de temps. Moi-même j’ai honte d’avoir mis autant de temps pour y arriver. Une fois qu’on repart de zéro, il faut se poser cette question : qu’est-ce que j’ai envie de faire ? Comment pourrais-je m’accomplir, créer ? Après cela, je poursuivrai avec Albert Camus, pour voir comment changer la vie, puis un abécédaire, en expliquant la définition d’un mot à chaque fois différent : l’amour par exemple, par le prisme de la religion, de la philosophie… Je parlerai aussi de la ville du Havre, comment s’est-elle construite, quelle est son histoire… » Un vaste programme durant 3 semaines, à 20 heures, avant une petite pause d’une semaine le 1er février, et de repartir pour trois semaines de live quotidien sur la page Facebook de l’artiste. « Bien sûr, cette démarche sera aussi dictée par l’actualité, avec un socle artistique, celui qui m’a aidé à changer, à évoluer », précise le jeune homme. « Il y aura aussi des surprises, quelques infos intéressantes, le tout sera repartagé sur Instagram depuis le Facebook live. » Côté audience, aucune inquiétude pour Alexandre Prévert, puisque son compte affiche près de 53 000 abonnés. Quant à ceux qui pourraient gloser sur le caractère utopiste de sa démarche, il sait déjà quoi répondre « On peut me dire que je suis idéaliste, ça ne change rien à ce que j’ai envie de faire. C’est une démarche altruiste. Moi aussi, avant, je disais comme beaucoup » ça craint «, » monde de merde «… Ok, mais concrètement, on fait quoi pour que cela change ? L’article 1er de la Constitution du 24 juin 1793 commençait tout de même par » le but de la société est le bonheur commun «, il serait bon de s’en souvenir. » C’est donc dans le but de faire sortir ses semblables du cercle vicieux et de leur faire découvrir la réalité d’un cercle vertueux, qu’Alexandre Prévert a décidé d’aller au bout de son projet. « Je le fais pour moi, et pour les autres, dans l’intérêt du collectif, s’enthousiasme-t-il, la meilleure preuve que le cercle vertueux peut fonctionner, c’est de constater le fonctionnement du cercle vicieux ! On ne peut pas douter du bien. Quand on se rapproche un peu plus de la vérité, on ne peut plus s’en passer. C’est très dur d’aller à contre-courant, de changer de réflexes. Mais on ne peut pas continuer à faire des choses qu’on n’a pas envie de faire, à ne pas s’autoriser les rêves que l’on a dans la vie. On ne nous apprend pas à le faire, la preuve qu’on a le choix. » Une bonne dose d’espoir pour finir une année que chacun s’impatiente à voir tirer sa révérence et d’ores et déjà, la perspective d’en apprendre davantage sur soi, et les autres, pour bien démarrer 2021.

A partir du 11 janvier, à 20h sur la page Facebook d’Alexandre Prévert et sur son compte Instagram 

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