Chambéry : derrière les cases du calendrier de l’avent, les associations culturelles font le show

A Chambéry, il n’était pas question de renoncer à créer une ambiance de fêtes pour cette fin d’année morose et complexe à plus d’un titre. Décorations de la ville, marché des créateurs et des artisans, si la municipalité a dû renoncer aux animations, les services ont toutefois instaurer un rendez-vous quotidien, à la façon d’un calendrier de l’avent culturel, mettant en lumière les associations culturelles de la ville, et insuffler aux Chambériens une sorte d’esprit de Noël.
Il aura fallu être persuasif et persévérant pour éviter de voir s’installer durablement la tristesse charriée par cette année 2020 qui n’en finit pas de s’étirer. Les unes derrière les autres, les communes ont dû renoncer le cœur lourd aux festivités habituelles, animations et mapping, parades et autres manifestations pouvant attirer trop de monde, précautions sanitaires obligent. A Chambéry, toutefois, les chalets en bois abritent un marché des créateurs et faute de pouvoir créer du spectacle dehors, les équipes des services municipaux ont rassemblé en ligne, 24 mini-spectacles provenant du monde associatif culturel local. Certains ont même été créés sur mesure pour l’événement. 

« Nous aurions trouvé cela dommage qu’il ne se passe rien du tout »

Cette idée a germé alors que les festivités de fin d’année devenaient un vrai casse-tête pour les équipes municipales, spécialement Raphaëlle Mouric, adjointe au commerce et à l’attractivité et Philippe Vuillermet, conseiller municipal délégué aux tiers lieux, au spectacle vivant et à la communication. « Notre réflexion a porté notamment sur le fait d’imaginer Noël autrement que sous l’angle du commerce », explique Philippe Vuillermet, « nous aurions trouvé cela dommage qu’il ne se passe rien du tout. Alors nous avons choisi, avec les services animation et communication de la ville, de mettre en lien les structures culturelles entre elles, vu que les animations en extérieur ne pourraient pas se tenir. » S’ensuivit une réunion avec l’ensemble des associations et structures, afin de leur demander lesquelles seraient en mesure de proposer des vidéos, mais pas uniquement. « Nous voulions vraiment créer un rendez-vous régulier, sous forme de capsules vidéos, de balades » renchérit l’élu, « ce qui a été compliqué, ça a été de choisir une ligne éditoriale qui soit en lien avec Noël, mais les associations ont été force de proposition et les services ont phosphoré pour que tout soit prêt à temps. »  Le résultat, une case par jour et derrière chacune d’entre elles, un petit spectacle d’une durée de 1 à 3 minutes, du cirque, de la musique, de la comédie, de la lecture, des contes… de quoi faire rêver ou tout au moins sourire, denrée rare ces derniers temps. Au rendez-vous, les bibliothèques municipales, le Centre d’interprétation d’architecture et du patrimoine (CIAP), les compagnies de théâtre chambériennes, comme la « Compagnie de la main qui parle », les choristes de « Coup’d’choeur » ou des artistes telles que Virginie Piotrowski, accompagnée des élèves des classes maternelles des écoles des Combes et de la Grenouillère. Toutes les cases déjà ouvertes sont toujours visibles et il n’est pas possible de tricher : il faut patienter, tel un réel calendrier de l’Avent, grandeur nature. Une première pour la commune, qui a valeur de test : « Le fait d’avoir pu réunir toutes ces structures culturelles autour d’un projet fédérateur, sobre certes, mais qui a démontré que les différentes compagnies et structures avaient une véritable envie, c’est un super test pour nous, » relève Philippe Vuillermet, « cela donne des idées pour l’année prochaine, sachant que nous avons eu très peu de temps pour le faire cette année. Cela permet de faire connaître les compagnies et associations Chambériennes, il faut féliciter les services qui ont été très réactifs. » 

Création originale de la Compagnie lez’Arts en poche 

Derrière l’une des cases du calendrier restant à découvrir, se cache une création originale de la Compagnie de théâtre lez’Arts en poche. Vu les délais impartis, certaines associations n’ont eu d’autre choix que de reprendre des créations antérieures. Pour Aurélie Laseur-Bavay et Magali Thiboud, cela a sonné comme un challenge. Et pour cause, la spécificité de cette compagnie est de proposer des spectacles sur n’importe quel terrain, ce qu’elles appellent « un théâtre de poche ».Ni une ni deux, elles ont donc réalisé une création (dont nous garderons le secret jusqu’au dernier jour puisqu’elles se cachent derrière la case… 23) « Ce calendrier est une bonne idée », s’enthousiasme Aurélie qui a lancé la compagnie professionnelle chambérienne, fin 2010 et dont les talents, conjugués à ceux de son acolyte artiste peintre, s’adressent souvent aux plus jeunes d’entre nous. « Avec Magali au dessin qui réalise toutes les illustrations, nos idées qui se complètent, nous avons posé nos voix sur le montage, et cela donne un court-métrage en style super 8 de 2.04 minutes, pour souhaiter un joyeux Noël à ceux qui le regarderont. » Les deux jeunes femmes ont travaillé d’arrache-pied, mais avaient vraiment envie de créer quelque chose d’unique pour cette occasion, celle également de se faire remarquer, alors que tous les projets sont en stand-by, en raison de la crise. « Nous mettons donc à profit cette période pour créer un maximum de choses, nous avons déjà écrit 3 pièces, la quatrième est en cours d’écriture et pourra être jouée sans doute d’ici Noël prochain. Nous n’avons pas de dates de prévues pour le moment, personne ne fait rien. Nous aurions pu reprendre avec les spectacles pour enfants à compter du 15 décembre, mais pour les adultes, il n’y aura rien avant le 20 janvier. Nos spectacles sont interactifs, pour que les gens nous racontent leurs rêves, on veut les renvoyer en enfance…parce que j’adore quand les gens racontent leurs rêves » explique Aurélie. En attendant, seul le statut d’intermittent lui permet de garder un peu patience, les spectacles ne pouvant se jouer autrement qu’en présence du public, puisqu’il se dessine à mesure que le spectacle se joue. Voilà donc de quoi patienter jusqu’au pied du sapin, preuve que les collectivités locales redoublent d’efforts pour adoucir l’ambiance de ces fêtes de fin d’année.