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Chambéry : le futur stade avance, la majorité se divise, les « citoyens » cèdent du terrain
Par Jérôme Bois • Publié le 17/12/20
Un vote à bulletin secret, à la demande d’une partie du conseil municipal, mercredi 16 décembre, a acté la décision de signer les marchés de travaux du futur stade. Il a aussi validé la volonté des élus de Chambéry citoyenne de ne pas être de simples suiveurs sur cet épineux dossier, quelques semaines après le revers du parking Ravet. Ils auront ainsi été 14 à vouloir prendre le temps de reconstruire un projet différent et concerté tandis que la précédente mandature a été vertement tancée pour « sa légèreté », selon les propos du maire, dans le traitement de ce dossier.
27 voix en faveur de la signature des marchés de travaux, marchés qui arrivaient à échéance le 28 décembre, il n’y aura donc pas de reculade. Le risque était fort de devoir se lancer dans un nouvel appel d’offre et de générer du ras-le-bol chez les clubs sportifs dans l’attente de cette enceinte. Du ras-le-bol aussi chez ceux qui espèrent un stade digne de ce nom à Chambéry. 27 voix, donc, au cours de ce vote à bulletin secret, réclamé par une partie de la majorité – la liste Chambéry citoyenne en l’occurrence – divisée sur ce stade qui devenait le nouveau Ravet, le nouveau symbole sur lequel il ne faut désormais rien lâcher. En face, seules 14 voix se sont élevées contre cette signature (quatre abstentions).
Difficile de dire si la majorité incarnée par les membres de l’ex-Demain Chambéry a bénéficié des voix de la droite chambérienne pour faire avancer ce dossier – « ça laisserait des traces » , commentait avant la séance Frédéric Bourgeois, du mouvement citoyen – ce vote actait néanmoins l’avancée de ce sujet qui avait engendré moult sueurs froides chez cette nouvelle équipe aux deux colorations dès sa prise de fonctions en juillet. A l’issue de ce scrutin, toutefois, même si la liste Chambéry citoyenne pouvait se dire déçue, elle se félicitait en coulisses d’avoir obtenu le droit d’émettre une opinion divergente sans avoir à passer par un vote contre, marque de fracture au sein de toute majorité. Ce point adopté n’empêchera pas le stade de revenir sur le devant de la scène puisque des formations politiques et associatives sont d’ores et déjà montées au créneau.
La majorité dénonce un « mauvais héritage »
« Extinction rebellion » appelait ainsi la majorité à « réfléchir à l’utilité d’un tel projet et de revoir ses priorités de telle façon qu’elles soient en phase avec le monde d’après que nous appelons de nos vœux. Nous suivrons attentivement l’évolution de ce projet et XR se tient d’ores et déjà prêt à mener la lutte si nous l’estimons nécessaire » , exposait-il dans un communiqué. Europe écologie les Verts, suivant le même procédé, se disait « persuadé qu’un tel projet nécessite un débat entre tous : associations sportives, sportifs, éducateurs et formateurs, organisateurs de spectacles, habitants et ceux qui gèrent la ville. Or, ce projet a été préparé sans concertation publique par la précédente municipalité. Il est repris sans concertation par l’actuelle municipalité ». Nous voici revenus quelques mois plus tôt, lorsqu’un parking déchaînait les passions jusqu’à l’excès.En interne, on sait que les discussions ont été âpres, lors de la réunion de majorité préalable à toute séance du conseil. Une agitation qui trahissait deux visions quasi opposées sur le stade, les « citoyens » appelant de leurs vœux un projet plus durable, plus sobre, plus vertueux, plus concerté. Pour eux, il était urgent d’attendre. Aurélie Le Meur se fit leur porte-parole, en séance, ce mercredi 16 décembre, en dégainant un texte collégial engagé. Au menu de ces 7 pages, l’absence d’un consensus au sein de la majorité, le rappel du pacte de gouvernance, le respect des valeurs « citoyennes » : « Notre majorité s’est construite sur un projet commun, le stade percute cette organisation. Nous pensons qu’il est nécessaire de le construire mais nous n’avons pas trouvé de voix de rassemblement. Ce stade est un mauvais héritage, des convictions nous séparent ». Le coût, évidemment, illustre l’urgence à vouloir attendre : « Il a régulièrement dérapé pour atteindre 18,5 millions d’euros en juin 2020, en ajoutant celui du parking souterrain (5,7 millions d’euros), soit 25,7 millions d’argent public. Notre responsabilité consiste à être raisonnable, autour d’un projet plus épuré pour un budget maximum de 14 millions d’euros hors taxes ». La tribune optionnelle de 2 000 places aurait été incorporée plus tard selon la progression sportive du SOC Rugby. La première adjointe précisait que le parking « n’avait pas fait consensus » , loin s’en faut, quelques voix ayant révélé par ailleurs que « concéder deux parkings lors des premiers mois de mandat » aurait été un message catastrophique envoyé aux partisans du mouvement citoyen. Ravet est encore dans les mémoires. « Reporter ce projet d’un an demande de la responsabilité et du courage » , concluait la première adjointe.
« La conférence en visio était un message, le vote à bulletin secret en est un autre »
En amont de la séance, des élus « citoyens » expliquaient être « sur le dossier » et que ce dernier conseil municipal de l’année allait le prouver. Ils révélaient en outre « la difficulté d’avoir les vrais chiffres » , des chiffres* détaillés par un Thierry Repentin remonté, dans sa présentation de la délibération. Seulement, si le maire se montra, dans sa prise de parole inaugurale, en phase avec la diversité d’opinion au sein de sa majorité, il ne fait pas pour autant l’unanimité au sein du mouvement citoyen. « Lui » , tempérait une figure du mouvement, « veut la tribune optionnelle de 2 000 places, il veut le parking, les » citoyens » ne le voient pas comme ça. Le pacte de gouvernance (entre eux et la liste Demain Chambéry, NDLR) est clair, s’il n’y a pas de consensus, il n’y a pas de vote«. C’est donc une décision « faute de mieux » qui a été prise à travers ce scrutin à bulletin secret demandé avant le conseil, faute d’un consensus plus large. Au sein du mouvement, on craignait ce stade « à cause de la spirale de dépenses qu’il implique ». Un mauvais héritage, en somme, qui ne devait en aucun cas devenir une « compensation » après le traumatisme Ravet. « Ravet, c’était un chantier en cours » , rappelait Frédéric Bourgeois, « alors que le stade n’est pas encore sorti de terre ». Il évoquait à son propos « un projet d’envergure impactant durablement la vie des Chambériens » , un projet devant ainsi « respecter les engagements électoraux » , ceux-là même qui forment le pacte de gouvernance. « Il doit passer par une commission participative » , assénait-il, « car nous voulons respecter ce pacte passé avec l’autre équipe ». Cette équipe aux sensibilités divergentes, avec laquelle le courant ne passe pas totalement, c’est un euphémisme, une équipe qui a « la culture du chef » , menée par « un homme politique expérimenté, qui s’est entouré de l’UDI, d’anciens élus et de cumulards ». Aurélie Le Meur concédait en fin de séance que « certains ne manqueront pas de mettre le doigt sur une alliance fragile et artificielle » , elle soutint « qu’on ne les empêchera pas de le penser ».Au mouvement, on affirme désormais vouloir « prendre le temps du recul et ne pas oublier que les grands fautifs sont la majorité précédente ». La conférence en visio du 27 novembre** « était un premier message », porté par l’équipe conduite au premier tour des municipales par la première adjointe, « ce vote à bulletin secret en est un deuxième ». A défaut d’avoir obtenu un délai de concertation, les « citoyens » ont au moins pu taper du poing sur la table. Quant au stade, il devra maintenant s’élever sur un sol solide, celui d’une majorité soudée car les plus petites failles en son sein sont et seront observées avec attention.
* Le plan de financement du stade seul est le suivant (les montants sont hors taxes): – l’Etat dans le cadre de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) : 800 000 euros
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4 commentaires
gerard Blanc
17/12/2020 à 14:00
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Marc PASCAL
17/12/2020 à 14:18
Le titre de l'article n'est pas conforme avec le contenu! dommage! Est ce un défaut de déontologie journalistique...et/ou juste une galipette pour vendre du papier?? L'article expose très bien que les élus de Chambéry citoyenne ont tapé du point sur la table. (après avoir négocier milles fois avec le Maire). Puis ils ont voté contre. Vote clair non? C'est cela "céder du terrain"?? Ils n'étaient pas assez nombreux, oui. Du fait que Le Maire a préféré aller chercher l'opposition pour faire passer un projet qui est le sien (quoiqu'il en dise). La de démarche de T. Repentin est osée, la responsabilité de la fracture de la majorité lui incombe totalement. Si un jour il est nécessaire que les élus de Chambé citoyenne s'allient avec l'opposition (qui n'a pas que des mauvaises idées, comme les autres listes...) pour lancer un nouveau projet ou contrer un projet du vieux monde que T. Repentin continue de câliner.... il ne pourra s'en prendre qu'à lui: il a montré le chemin!.
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LC
17/12/2020 à 14:55
Nous vous précisons que nous ne savons pas (même si nous pouvons l'imaginer) qui a voté contre, puisque le vote était à bulletin secret. La totalité des élus citoyens n'a en tout cas pas voté contre. Par ailleurs, l'article explique la position du mouvement citoyen et ce titre rappelle bien qu'après Ravet, la liste citoyenne a de nouveau dû céder sur le stade. Tout cela étant bien entendu largement explicité dans le corps de l'article, de même que nous avons pris soin de mentionner le satisfecit malgré tout ressenti par quelques élus citoyens. Il n'y a donc aucun défaut de déontologie... Enfin, notre média étant gratuit, l'idée selon laquelle nous chercherions à "vendre du papier" est grotesque. Vous dites que le maire "est allé chercher les voix de l'opposition", c'est votre interprétation, pas la vérité absolue. Cet article fait état de faits concrets et aussi de suggestions que nous ne prétendons pas tenir pour vérité. Nous pouvons donc, à la lumière de tout cela penser que la liste citoyenne a bien dû céder face à la majorité.
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paul
17/12/2020 à 20:55
Votre réponse, comme votre article est plus "journalistiquement plus déontologique " que la version de MR PASCAL...
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Unknown
17/12/2020 à 19:20
Ce qui est grave et consternant, c'est que fin 2020, le maire soutienne encore un projet aussi peu indispensable et autant en décalage avec les exigences de la transition ! A t il entendu parlé des choix que doit faire une ville des Alpes pour faire face à l'urgence climatique ? On est bien retourné dans "le monde d'avant" et et on ne peut pas en être fier ! Même en 92, les JO ont mieux traité les impératifs environnementaux !!
Au delà-des discours, à ce stade, la voie vers le "monde d'après", la bifurcation écologique et sociale, la sobriété, le soutien au sport amateur, le recul de la voiture en ville pour un air non toxique,... n'est pas un chemin de roses sincèrement partagé par tous mais une sévè re pente hein ! Ce n'est qu'un début, continuons le....