Chambéry : un numéro d’écoute pour les Italiens des deux Savoie pendant les fêtes

Avec la crise sanitaire, nombre de ressortissants ne pourront rentrer dans leurs familles pour les fêtes de fin d’année, crise sanitaire oblige, vu les restrictions prévues à leur entrée sur le territoire transalpin : quatorzaine à l’arrivée, tests et autres obligations qui ne leur permettraient pas, quoi qu’il en soit, de rejoindre leurs proches. Pour les quelque 14 000 italiens vivant sur les deux Savoie, toutes générations confondues, ce sera donc sans doute l’une des premières fois où les fêtes de fin d’année, réunion traditionnelle familiale par excellence, se feront à l’étranger. C’est ce qui a poussé le Comité des italiens à l’étranger (COMITES) de Chambéry, à mettre en place avec le Ministère des affaires étrangères italien, un numéro d’écoute pour contrer le « blues » de fin d’année. 
« Premier Noël sans les grands-parents » titrait le 12 décembre dernier le quotidien national La Reppublica, s’adressant naturellement à ses lecteurs nationaux, en réaction aux mesures prises par le pays, plus touché d’Europe depuis le début de la crise sanitaire mondiale. Pour les Italiens de l’étranger, ce n’est guère mieux puisque face au protocole mis en place, nombre d’entre eux resteront dans leur pays d’accueil. Etudiants en Erasmus, jeunes actifs, familles, retraités, ceux qui d’habitude bouclent leurs bagages pour quinze jours fin décembre, pourraient bien se retrouver seuls. C’est en ce sens que le groupe des jeunes du COMITES Chambéry, mené par Sara Fonsato, a organisé une permanence téléphonique ou en visio, pour apporter du soutien et du réconfort aux italiens restés en Savoie. 
Vous avez mis en place un numéro gratuit d’écoute pour les italiens des Savoie, en quoi cela consiste-t-il ? 
« Nous avons pensé que pour beaucoup d’entre eux, ils ne pourront pas rentrer chez eux pour les fêtes, et qu’ils auraient peut-être besoin de discuter, de se confier. Ce numéro est gratuit, ouvert à tous, l’idée de départ est vraiment qu’ils se sentent chez eux, qu’ils ne soient pas seuls. C’est le sens du nom que nous lui avons donné » soyons ensemble à nouveau « pour que personne ne reste avec ses peurs, ou ses angoisses pendant ce moment où ils voudraient être avec leurs proches en Italie. Ce sera une permanence téléphonique ou en visio, assurée par une thérapeute. Il sera mis en service du 22 décembre au 6 janvier 2021, deux jours par semaine, les mardis et mercredis.

Avez-vous également pensé à l’organiser en « présentiel » dès que cela sera possible ? 
Oui nous y avons pensé, mais nous verrons comment la situation évolue. Dans un premier temps, il me semblait important de permettre aux gens d’avoir un lien, une écoute, un soutien. Beaucoup n’oseraient pas en temps normal pousser la porte d’un professionnel pour se confier, par gêne sans doute, on ne sait pas. La ligne et l’adresse Skype sont faites pour cela, et le tout est financé par le COMITES de Chambéry, grâce au soutien du président, Graziano Del Treppo.
La communauté italienne est-elle forte sur les deux Savoie ? 
En quoi consiste le COMITES, quelle est son action à Chambéry ?
C’est un comité qui est un organisme ministériel, dépendant du Ministère des affaires étrangères italien, créé dans les années 80 pour aider, dans un premier temps, les italiens de l’étranger sur un plan administratif. Puis depuis une dizaine d’années, il y a eu une accélération dans les départs de population italienne vers l’étranger, pour atteindre environ 700 000 départs par an. On a vu arriver une multitude de nouveaux immigrés italiens, provenant de diverses catégories de la population: des jeunes en programme d’études Erasmus, des familles, des retraités venus rejoindre leurs enfants aussi, cela arrive, des actifs. Le problème, c’est que ces populations ne connaissent pas forcément les COMITES, il y en a pourtant 107 dans le monde, dont 7 en France. 
Comment font-ils pour se repérer dans ce cas,  faute de consulat à Chambéry, selon vous ?
Les Italiens, il faut aller les chercher, ils ne viennent pas demander des aides. La plupart du temps, ils se débrouillent par eux-mêmes, sur des groupes créés sur les réseaux sociaux, qui sont des flux d’informations en continu. Le problème de ces groupes est que parfois les informations ne sont pas tout à fait exactes ou bien que les mêmes questions peuvent être posées plusieurs fois, par des personnes différentes.Comment est né le groupe jeunes du COMITES dont vous êtes responsable ? 
Il y a un an et demi, un séminaire organisé par le Ministère des Affaires étrangères italien, le Conseil général des italiens à l’étranger (dont découle les COMITES, NDLR) a réuni près de 115 jeunes à Palerme. L’objectif était de faire connaître le COMITES et de donner aux jeunes envie de participer. C’était mon cas et en juin 2019, j’ai lancé ce groupe des jeunes. Ce qui est bien c’est que nous pouvons faire des propositions d’activités et qu’il est possible de débloquer des budgets pour cela. En novembre 2019, nous avons organisé une fête des italiens à Chambéry, et c’était un beau moment de partage, il y avait toutes les générations réunies… Cette année, nous avions encore de nombreuses idées mais avec la crise, rien n’a été possible. Alors en réfléchissant, nous avons pensé lancer ce portail d’écoute, pour aider les italiens en Savoie à affronter cette période «. 
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