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Noiss : « Le spleen, s’il y en a un, va nourrir notre processus artistique »

Par Laura Campisano • Publié le 09/12/20

Privés de concerts, comme les autres musiciens et artistes qu’ils soient professionnels ou amateurs, les trois membres du groupe chambérien Noiss veillent sur leur flamme artistique, mettant à profit le temps du confinement pour parfaire leur communication « virtuelle ».  Pourtant ce ne sont pas les projets qui manquent, ni les envies, ni l’inspiration. Juste l’autorisation de se retrouver tous les trois pour composer… et refaire du bruit.
Nous les avions interrogés sur leur situation, à l’instar de leurs collègues intermittents du spectacle, grands oubliés des plans de sauvegarde et de soutiens. Noiss attend son tour, celui de retrouver un public libre de ses mouvements, celui de retrouver le temps des compositions, des enregistrements. En attendant, ils ont sorti le live sur leur chaîne Youtube leur ultime concert au Brin de zinc, à Chambéry, capté par nos confrères de la 8 Mont-Blanc en septembre dernier, pour ne pas perdre leur feu sacré, comme l’explique Thomas, chanteur et guitariste du groupe. 
Vous venez de sortir votre dernier concert live, qui a été enregistré le 23 septembre dernier au Brin de Zinc à Chambéry, quelle impression cela vous laisse aujourd’hui, après deux mois sans concerts ?
« Publier un live, c’est original dans le contexte actuel, les gens ont autre chose à penser en cette fin d’année. Après mécaniquement, ça fait grimper les vues, toujours moins que nous le souhaiterions… Il faut dire que nos rituels ne sont pas possibles, on se parle par téléphone mais nous ne nous sommes pas recroisés physiquement, ce qui gêne le processus créatif, forcément.
Comment envisagez-vous la suite des événements pour le groupe ? Avez-vous des projets en attente, ou en prévision ?
En mai, nous étions en train de préparer un nouvel album, pensant qu’on ne parlerait plus du confinement mi-mai. Là, pour le moment, c’est en suspens. Concernant les live, il nous en reste un sur la radio iséroise Grésivaudan, le 8 janvier et une date maintenue le 9 janvier à Alès sous réserve que cela évolue dans le bon sens et que le public soit au rendez-vous… A voir comment les choses évoluent d’ici là. Comment cela se passera-t-il ensuite ? Le public sera-t-il masqué et assis ou bien libre de ses mouvements ? Va-t-il interagir avec nous ? Dans la musique, c’est important, parce que ce que nous faisons c’est aussi pour les autres. Or je crois que le cœur n’y est plus non plus côté public, ce sont davantage des contraintes pour eux de venir aux concerts, que des opportunités.
Comment continuez-vous, en ce moment, à faire vivre l’esprit » Noiss «?
Il nous faut exister par les réseaux sociaux, peaufiner l’image de marque, c’est un peu du télétravail. Cela a autant d’importance en ce moment qu’en temps normal, où cela vient en plus de nos performances scéniques. Aujourd’hui, tout passe par cela, le partage de contenus pertinents. Alors peut-être que nous allons rattraper notre retard, nous ne le faisions pas chaque jour, c’est vrai. Nous ne sommes pas encore à fond dans la production de contenus, mais nous espérons que le travail que nous aurons fourni portera ses fruits, qu’en proposant des choses, cela aura pour effet de crédibiliser notre image. Il faut le faire maintenant, s’adapter pour préparer la sortie de toute cette situation, et canaliser notre énergie sur d’autres aspects.
N’y a-t-il pas quelque chose à sortir de cette situation, de ce » spleen « pour alimenter votre production artistique justement, pour laisser une trace ?
Bien sûr qu’il sortira quelque chose de tout cela. Après, le spleen, s’il y en a un, va forcément nourrir notre processus artistique. Honnêtement, tout cela me dépasse, j’ai hâte que ce soit fini, pour que l’on retrouve quelque chose de plus spontané, plus que quelque chose de réfléchi, ce n’est pas comme ça que je vois la vie d’un groupe, c’est davantage ce qui se passe dans l’instant. On a hâte tous les trois de pouvoir retourner répéter dans notre local, qui pour le moment tourne à vide. Quant à laisser une trace, nous n’avons pas attendu la Covid pour le faire, pour donner un sens à cette activité artistique.
Avez-vous des échos de la situation des programmateurs, pour 2021 ?
J’ai entendu dire que les tourneurs cherchaient déjà des dates pour l’an prochain en effet, mais pour les pro, quelle place y aura-t-il pour les groupes amateurs comme le nôtre ? Je ne sais pas. Quelles salles vont s’en sortir financièrement, ou auront toujours envie de faire quelque chose ? Le milieu indépendant est mouvant, fragile, nous ne savons pas s’il s’en remettra, après nous devrons nous adapter. Nous n’avons pas le même état d’esprit que ceux dont c’est le métier, pour qui la musique c’est tout. Nous avons la chance d’avoir un bon équilibre pro et perso, de n’avoir pas connu de drame particulier dans notre environnement personnel. Bien sûr, nous réfléchissons un peu, nous interrogeant sur le sens de tout cela. Il n’y a pas de remise en cause complète du projet en tous cas ». 
Teaser du concert live du 23.09.2020 au Brin de Zinc -Chambéry 

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