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Le gouvernement de Jean Castex fait bloc, mais ferme encore plus tôt les portes

Par Laura Campisano • Publié le 14/01/21

C’est une énième prise de parole du Premier Ministre ce 14 janvier à 18h après un non-moins énième conseil de défense, face à cette épidémie qui paralyse le pays, l’Europe et une grande partie du monde depuis près d’un an. Après deux confinements, deux couvre-feux, alors que la campagne de vaccination a débuté et que les secteurs des bars-restaurants, de la culture, de la montagne et des loisirs sont totalement à l’arrêt, l’hypothèse de nouvelles restrictions devient à présent réalité.
La crise sanitaire bat toujours son plein, talonnée par la crise économique bientôt devancée par la crise psychologique : s’il n’y a pas eu de flambée de l’épidémie pendant les fêtes de fin d’année en France, la situation qui reste stabilisée, le plateau des épidémies reste élevé, selon Jean Castex, avec une moyenne stable. Compte tenu de la circulation du variant anglais – dit « Voc 2020 » – atteint davantage les enfants mais reste sensible au vaccin et ne présente pas de formes plus graves que la Covid 19 actuelle. Ce sont ces nouvelles informations qui ont justifié un nouveau protocole dans les écoles. En outre, c’est surtout le moral qui ne repart pas à la hausse dans l’hexagone, principalement chez les plus jeunes, étudiants notamment, dont l’année scolaire est d’ores et déjà mal entamée. C’est donc en ce sens que Jean Castex a souhaité faire de nouvelles annonces, entre autres choses. 

Un couvre-feu durci et le spectre d’un confinement « en cas de flambée » des contaminations

Le couvre-feu, déjà à l’œuvre à compter de 20h, sera durci, pour débuter dès samedi 16 janvier à compter de 18h pour une durée de 15 jours. Cette mesure est justifiée par Jean Castex en raison de l’utilité prouvée du couvre-feu, depuis les fêtes de fin d’année, dans la lutte contre l’épidémie. Il s’agit « d’une logique de freinage préventive » qui a amené le gouvernement à « graduer [ses] mesures » sans écarter l’idée d’un confinement si jamais une flambée des contaminations devait se faire connaître dans les semaines à venir. Le confinement, mesure qui avait été à nouveau décidée alors que les contaminations atteignaient 50 000 par jour, « bien loin des 16 000 personnes par jour comme c’est le cas aujourd’hui » a rappelé le Premier ministre. Toutefois, « en cas de dégradation épidémique forte, nous serons contraints à prendre sans délai la décision d’un nouveau confinement et devons être prêts à toute éventualité. » 
Compte-tenu de ces nouvelles mesures, les horaires des commerces devront être adaptés, et fermer à 18h, avec les mêmes dérogations que celles possibles aujourd’hui. Avec cette mesure, le gouvernement espère maintenir l’activité économique, scolaire, « mais chacun devra donc être chez soi, et ne pourra pas sortir pour des raisons personnelles. » a tenu à rappeler Jean Castex. 

Un nouveau protocole à l’école et le début des tests pour le monde de l’enseignement 

Les écoles resteront néanmoins ouvertes, selon le vœu formulé par le chef de l’Etat et le Premier ministre, compte tenu du risque élevé de décrochage scolaire déjà observé lors du premier confinement. Toutefois, la circulation du virus, conduit à adopter de nouvelles mesures ainsi qu’un nouveau protocole. Les cours de sport en intérieur seront suspendus, les dépistages augmentés, dans les établissements scolaires à raison de 300 000 tests par semaine, pour arriver à 1 million de tests par mois. Le mode hybride d’enseignement, présentiel/distanciel sera maintenu dans les lycées, les élèves de terminale passant le baccalauréat devant être prioritaires pour les cours en présentiel, le plus possible, a déclaré le ministre. Pour les collèges, ces modalités pourront être adoptées au cas par cas. Concernant les repas, un roulement devra être adapté, étalant le temps de prise des repas et permettant donc un roulement, les paniers repas ne seront distribués aux élèves qu’en dernier recours.

De nouvelles mesures en faveur des étudiants

Les 2,7 millions d’étudiants, dont la souffrance a été ces derniers jours particulièrement mise en exergue, pourront reprendre progressivement, le chemin des cours en présentiel. C’est ce qu’a indiqué Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur en précisant qu’à compter du 25 janvier, les étudiants de première année pourront retrouver en petits groupes les travaux dirigés, avant que les autres niveaux y accèdent, si la situation sanitaire le permet. Des tests antigéniques seront distribués aux services de santé des universités, afin de procéder au dépistage massif des personnels et étudiants. Frédérique Vidal a par ailleurs insisté sur l’importance des liens humains pour les jeunes, « il faut que ces liens puissent se renouer dans les prochains jours, a-t-elle exprimé, il en va de l’avenir de notre jeunesse. » 

Toujours pas de visibilité pour les secteurs à l’arrêt mais de nouvelles aides économiques aides économiques annoncées

C’est une des rares conférences de presse où Ministres du travail, de l’économie et de la culture se sont exprimés, ce qui renforce le sentiment d’inquiétude pour les secteurs économiques, au plus haut sommet de l’Etat. De nouvelles aides ont en effet été annoncées par Bruno Le Maire, en faveur des entreprises, et notamment des secteurs les plus touchés dont les établissements sont désespérément fermés sans perspective à court terme de pouvoir rouvrir. « Je comprends la lassitude, la colère liées à l’absence de visibilité sur la sortie de cette crise sanitaire », a débuté le Ministre de l’économie et des finances, « mais je veux encore dire aux commerçants, aux entreprises et aux indépendants qui n’attendent que de pouvoir travailler le plus tôt possible dans des conditions normales, qu’ils peuvent compter depuis le premier jour sur le soutien massif et immédiat de l’Etat. » En ce sens, trois mesures majeures ont été prises par Bercy : les ventes à emporter et les livraisons à domicile ne seront pas comptabilisées dans les chiffres d’affaire de référence, leur bénéfice reviendra aux restaurateurs et ce à compter de décembre 2020, de droit. Ces ventes ne seront pas non plus déductibles du fonds de solidarité. Deuxième mesure, concernant les fournisseurs des secteurs de la restauration, ayant perdu 70% de leur chiffre d’affaires, ils pourront choisir d’être aidés en pourcentage de perte, pouvant aller jusqu’à 20% du chiffre d’affaires, dans la limite de 200 000 euros, à compter de décembre 2020 sans limite du nombre de salariés, contre 10 000 euros d’aides actuellement. Dernière mesure d’envergure, une aide d’un montant de 3 millions d’euros sera déployée pour venir en aide aux secteurs des loisirs Indoor, des salles de sports, des secteurs recevant du public actuellement fermés, et il en ira de même pour les viticulteurs. Enfin, concernant les prêts garantis par l’Etat déjà accordés en mars 2020, leur remboursement pourra être prorogé d’un an supplémentaire, de droit, pour toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. Les cotisations sociales seront également exonérées pour les entreprises fermées en janvier 2021, et toutes les demandes de moratoires, de prêts non garantis par l’Etat seront également examinés pour d’éventuels reports d’échéances, par les établissements bancaires. Enfin, Bruno Le Maire a souhaité rappeler que les 4 milliards d’aides financières débloquées par l’Etat pour aider les différents secteurs, ne se traduiront pas par une hausse des impôts, ni pour les contribuables, ni pour les entreprises françaises. « Au contraire, nous souhaitons poursuivre la baisse des impôts sur les années à venir et préparer le futur, c’est un choix stratégique » a conclu le ministre. Enfin, il nous faut indiquer que le dispositif de chômage partiel reprendra dans les jours à venir pour les salariés. 

Pas d’avancées pour la culture, malgré une ministre se voulant rassurante

Enfin, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a pris la parole pour l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. « C’est sans joie que nous devons encore vivre avec les lieux culturels fermés »,  a-t-elle indiqué en préambule, rappelant néanmoins que la plupart des pays européens subissaient le même sort. « L’Etat continuera à soutenir le secteur de la culture jusqu’à ce que les conditions économiques de fonctionnement puissent être rétablies. » a-t-elle plaidé. Souhaitant rassurer les artistes, auteurs et créateurs, la ministre a expliqué qu’un travail d’échange était conduit avec l’ensemble des responsables culturels, afin de maintenir des mesures, mais sans se prononcer sur une sortie de crise pour autant. « La situation sanitaire est trop dégradée pour donner une date ferme », a conclu Roselyne Bachelot, « mais je crois comme Pablo Neruda, que le printemps est inexorable »  Espérons qu’il s’agisse là d’un heureux présage pour l’ensemble des secteurs culturels, car si comme l’a rappelé Jean Castex, « le recours à la vaccination est essentiel, il faut encore faire preuve de patience et de responsabilité, car ce n’est pas avant plusieurs mois que la vaccination pourra nous protéger de manière suffisante.[…] une course de fond est engagée » a-t-il conclu. 

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